Chapitre 11-1

9 3 1
                                    

Thomas regardait sa petite soeur dormir. Pour la première fois depuis deux semaines qu'elle était malade, elle semblait en paix. Elle était pâle, les cheveux sales et la respiration sifflante, pourtant... Il n'aurait pas su dire pourquoi, il savait qu'elle était tranquille. 

    - C'est ta dernière nuit c'est ça ? Lui demanda-t-il d'une voix blanche. On va s'en aller chacun de notre côté. Finalement, notre grand départ ne sera pas celui de Montpellier, mais celui qu'on entreprendra seul. 

Je vais rejoindre Maman et Papa, lui répondit la voix comme une prière. Je suis fatiguée, Thomas. Je vais enfin me reposer.

Il comprit qu'à ce moment c'était Lizzie qui lui parlait. Pas la Lizzie malade et cruelle de ses cauchemars. Non, il entendait la joie, le sourire de sa soeur d'avant la virus. 

De chaudes larmes vinrent couler sur ses joues quand il l'attrapa pour la placer sur ses genoux. Il ne voulait pas qu'elle parte seule. 

   - Tu me pardonnes ? articula-t-il entre deux sanglots. 

Oui. Au revoir mon frère.

Thomas resta de longues minutes à serrer le corps refroidissant de Lizzie dans ses bras. Quand il la relâcha et l'installa par terre, ses membres étaient trop rigides pour qu'il puisse la mettre dans une position décente. 

Il se releva et épousseta ses vêtements pleins de terre. 

   - Je n'aime pas les adieux, conclut-il en s'essuyant les yeux vainement, les larmes continuant de couler à flots.


******

   - Jefferson, Dario, réveillez vous ! leur dit Thomas en les secouant, le soleil vient de se lever, le signe d'Isa peut arriver n'importe quand. 

Le jeune garçon bondit hors de sa couverture et courut réveiller Newton à son tour. L'américain prit le temps de s'étirer, puis ses yeux se posèrent sur le corps blanc de Lizzie. 

    - Elle est... 

   - Elle n'aurait pas pu partir, répondit Thomas avant qu'il ne finisse. Il ne voulait pas que quelqu'un prononce le mot définitif, celui qui signifie qu'il n'y a pas de retour en arrière.

   - Je suis désolé, reprit Jefferson. Thomas voyait bien qu'il ne savait pas quoi dire, et comme lui même ne savait pas quoi lui répondre, il se contenta d'hocher la tête avec un sourire contrit. 

   - Préparons-nous, lança l'autre pour changer de sujet. 


******

Le petit déjeuner leur fut amené par un jeune enfant, d'une dizaine d'années. Thomas tenta de lui faire un signe pour voir s'il avait un message d'Isa, mais l'autre ne vit rien. Il ressortit aussi vite qu'il était arrivé. 

   - Qu'est ce qu'elle attend, s'enquit Jefferson environ deux heures plus tard. On aura bientôt plus le temps. 

   - Elle sait ce qu'elle fait, contra Thomas. Le signe arrivera au bon moment. 

Ils étaient tous à l'affût du signe de leur amie, mais il ne venait pas. Même Newton semblait anxieuse, passant de l'un à l'autre à la recherche d'affection, seulement personne n'avait coeur à jouer. 

Lorsqu'il eut repoussé la chienne pour la vingtième fois au moins, Jefferson allait annoncer que si le signe n'arrivait pas d'ici une dizaine de minutes, c'est qu'il ne viendrait jamais, lorsque une énorme explosion les secoua tous, faisant trembler le sol. Dario poussa un cri de terreur et Newton se mit à aboyer de toutes ses forces.

Un quart de seconde plus tard, un souffle chaud et puissant faillit soulever la tente. Jefferson était tombé par terre, et Thomas du s'appuyer les mains sur les oreilles de plus fort qu'il pouvait pour en faire disparaître la douleur. 

   - Qu'est ce que c'était que ça ? S'écria Jefferson qui avait perdu une partie de son audition. 

   - C'était le signe, s'exclama Thomas amusé de l'audace d'Isa. 


NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant