Chapitre 9-3

8 2 0
                                    

   - Thomas ! Thomas réveille-toi ! Mec, tu nous fais quoi là ? 

Il se réveilla dans un sursaut puissant. Il avait le front plein de sueur et les yeux agrandis par la terreur. 

   - Lizzie...Lizzie... se mit-il à répéter suffisamment bas pour que personne d'autre que lui n'entende. 

   - Qu'est ce qu'il a ? Demanda une voix féminine qui essayait vainement de cacher son inquiétude. 

   - Je ne sais pas, il se débattait dans son sommeil, puis il s'est mis à crier et... Jefferson le pointa d'un large mouvement de la main, comme pour dire que c'est à ce moment qu'il est intervenu. 

   - C'est à cause de Lizzie, ajouta Dario. 

Les deux autres se tournèrent vers lui, étonnés qu'il intervienne. 

   - Il la regardait avant de s'endormir, et puis il arrêtait pas de répéter son nom, expliqua-t-il.

C'est ce moment que choisit l'intéressé pour annoncer : 

   - Je vais bien. C'était juste un cauchemar. Son regard glissa sur sa soeur. Un affreux cauchemar. 

   - Et bien tu nous as fait sacrément peur, lança l'américain, heureux de voir qu'il sentait mieux. 

   - Pas autant qu'à moi, grogna Thomas. Isa, tu es venue me parler d'elle ? 

  - Oui, mais si tu veux, ça peut attendre, répondit elle bien que ses yeux disaient le contraire : C'était urgent mais elle ne voulait pas le surprendre dans un moment de détresse. 

Le regard de Thomas l'invita à parler, alors elle s'assit. Elle avait beaucoup à dire. 

   - Vous pouvez rester, commença-t-elle par dire à l'intention de Jefferson et Dario. Ce dont je vais vous parler vous concerne tous. Quand le virus s'est répandu, la plupart des adultes sont morts. Lucas à fait comprendre à ceux qui étaient encore là qu'il était dans leur intérêt de chercher refuge ailleurs. Pourtant, il en a gardé un avec lui. Un virologue qui travaillait à la mairie depuis quelques mois. Il nous a dit qu'il allait étudier le virus pour nous dire comment nous en protéger -à ce moment, on pensait qu'il pouvait encore faire des victimes- et il nous a fourni des éléments importants à son propos. Après avoir tué toutes les victimes possibles et qu'il ne restait plus que les immunes - c'est comme ça qu'il nous appelait- le virus aurait du mourir. Seulement ce ne fut pas le cas. Il a muté. Et il a continué à tuer... plus lentement. Il lui faut maintenant de cinq à dix huit jours pour envoyer une personne six pieds sous terre. Le chercheur a été l'une des premières victimes.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus, ils avaient tous compris ce qu'elle voulait dire. Mais ils ne purent s'empêcher de baisser la tête lorsqu'elle conclut : 

   - Thomas... je connais les symptômes. Il ne lui reste plus longtemps. Je suis désolée. 

Il s'essuya les yeux avec les pouces, puis il demanda : 

   - Est ce que cette saloperie a un nom ? 

   - Eh bien, répondit Isa après un temps, surprise par la question, le chercheur l'appelait...

   - Némésis ? Le coupa-t-il. Quand elle eut acquiescé, il continua : Maintenant laisse moi te dire ce que je sais sur ce virus. 

Il ne saurait dire pourquoi exactement, mais cette fille lui inspirait confiance. Alors, il lui expliqua tout depuis le début, ce qui se passait à Montpellier, le message codé, la responsabilité du gouvernement, leur décision d'aller à Paris, leurs problèmes de voiture, les loups... Une heure était passée lorsqu'il eut fini. 

Isa, qui n'avait pas parlé depuis le début de son explication, poussa un sifflement d'étonnement. 

  - Alors... qu'est ce que vous allez faire ? Leur demanda-t-elle. 

   - Il faudrait qu'on commence par sortir d'ici, s'exclama Jefferson sur un ton légèrement accusateur. 

   - Impossible, répondit-elle immédiatement, tous les recoins sont gardés. Vous vous feriez tirer comme des lapins si vous posiez ne serait-ce qu'un pied en dehors de cette tente.

Thomas la crut. Sachant à quel point l'arrivée du virus a pu changée certaines personnes, il n'était pas étonnant que des adolescents aient le courage, ou la folie, de tirer sur d'autres. 

   - On attend pour l'instant, dit-il, on avisera plus tard. 

   - Tenez-moi au courant, je verrai comment je pourrai vous aider. Ah, et je vous ai apporté à manger, c'est pour ça que j'étais venu à la base, se rappela-t-elle avant de les quitter. 

   - Pourquoi tu lui fais confiance ?  Lui demanda Jefferson quand elle fut partie. Tu lui parles de tout alors que tu ne la connais pas. Tu n'as pas peur qu'elle aille tout balancer ? 

  - Je ne lui fais pas confiance, je me fie simplement à l'instinct. Et si cet instinct nous souffle qu'elle est fiable, alors oui, je lui fais confiance. 

   - Sérieusement ? Et d'où te vient cet instinct ? 

   - Pas le mien, celui de Newton, expliqua Thomas. Elle ne se méfie pas d'Isa, donc tout va bien. 

Il jeta un regard à Lizzie, puis il répéta : 

   - Tout va bien. 


******

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant