Chapitre 3-2

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Il commença par toquer à la porte, attendit quelques secondes une réponse, puis se dirigea vers la fenêtre à proximité. Il allait frapper lorsqu'un bruit se fit entendre à l'intérieur.

- Il y a quelqu'un ? Cria-t-il, on ne veut pas te faire de mal. On est juste là pour récupérer les... Il s'arrêta, se rendant compte que ce n'est pas en annonçant ce qu'ils faisaient qu'ils rassureraient l'habitant de cette maison. On est juste là pour aider.

- Vous ne pouvez pas aider ! S'écria un jeune garçon à l'intérieur. Personne ne peut nous aider !

- Ecoute, je pense que... Thomas tenta de raisonner l'enfant, mais Maria lui coupa la parole.

- Sors de là immédiatement ! Cria-t-elle avec plus de forces qu'il l'en aurait cru capable, vu son état à peine cinq minutes plus tôt. Ça fait deux jours qu'on passe dans toutes les maisons pour ramasser des cadavres ! A l'instant, c'est un ... Un bébé mort de faim qu'on a récupéré. Alors crois moi que si, on peut aider ! Et c'est ce qu'on va faire d'accord, on va aller toquer à toutes les maisons de la ville, et on va rameuter les gens. On va se retrouver, on va s'organiser, et on va survivre !

Thomas et le garçon restèrent muets de surprise. Le plus jeune car il ne s'attendait bien sûr pas à se faire crier dessus de la sorte, le second de voir Maria revenir à elle, avec une envie de vivre encore plus forte. Une rage brûlait en elle, et il espérait ne jamais devoir s'opposer à cette colère.

La porte s'ouvrit sur un enfant d'une dizaine d'années. Il était sale et avait les joues creusées. Il s'avança un peu et leur demanda, les larmes aux yeux :

- Vous avez vu mon papa ? Il n'est pas rentré.

Maria le prit dans ses bras où il fondit en larmes pendant que Thomas se glissa par la porte ouverte pour vérifier que la maison était bien vide. Elle l'était, et Thomas allait sortir quand il vit un transmetteur radio. Il l'attrapa et le glissa sous sa veste. Lizzie pourrait s'amuser avec. L'appareil était assez large, et il prit un temps pour l'installer de manière confortable.

Il ressortit et, après avoir fait le tour de la charrette, il s'aperçut que les deux autres n'étaient plus là. Maria avait laissé un mot, écrit au rouge à lèvre sur un bout de tissu, qui le prévenait qu'elle avait ramené le petit vers la place centrale. Thomas pouvait rentrer chez lui, elle ferait envoyer une équipe pour récupérer le chargement.

Sur le chemin, Thomas décida de courir pour se libérer l'esprit. Il faisait ça souvent, et dès qu'il commençait à accélérer, ses pensées s'envolaient. Il n'avait plus qu'à se concentrer sur sa foulée et sur son souffle. Au vent dans ses cheveux et à son manteau qui claquait dans son dos. Il se sentait libéré.

Lorsqu'il bifurqua sur le boulevard de Strasbourg et qu'il ralentit en approchant de l'hôtel où lui et sa soeur s'étaient installés, tous les souvenirs qu'il fuyait se précipitèrent à nouveau en lui. Il n'arrivait pas à oublier Alix, son parfum, son visage. Leurs baisers lui manquaient, leurs regards lui manquaient... Tout lui manquait. C'était pareil pour Jeff, qu'il n'avait pas eu au téléphone depuis que les lignes avaient cessées de fonctionner, environ une semaine après l'arrivée du virus. Sa mère aussi lui manquait terriblement mais il n'avait pas le temps d'y penser. Il ne voulait pas avoir le temps d'y penser.

Il gravit les escaliers (il ne voulait pas utiliser l'ascenseur car il craignait que l'électricité ne soit plus inépuisable) et entra dans la chambre où Lizzie l'attendait assise sur le lit, dans la même position que lors de son départ. Elle n'avait pas touchée au déjeuner qu'il lui avait laissé, ni changer la télé de chaîne. Thomas s'inquiétait beaucoup de son état. Elle n'avait pas parlé depuis la mort de leurs parents, et elle mangeait très peu. Elle passait son temps à dormir où à fixer un point pendant des heures.

- Je t'ai apporté un cadeau, annonça-t-il en lui passant le transmetteur radio.

Elle leva les yeux vers lui, puis les redirigea vers la télé. Elle n'avait pas pris l'objet.

Le talkie-walkie de Thomas, posé sur la table de nuit, se mit à crépiter. On voyait un bateau au loin, qui devrait être au port d'ici trois heures s'il se dirigeait droit vers la ville. Alors, Thomas s'allongea sur son lit, les mains croisées derrière la tête. Il fit sa première sieste depuis le début de ce long cauchemar.




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NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant