Chapitre 10-2

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   - Comment on va savoir qu'il est minuit ? Demanda-Dario. On a pas de montres et on ne peut pas se repérer par rapport à la Lune. 

   - On ne saura pas, répondit Thomas après avoir réfléchi un moment. Il était étonné de la sagacité du gosse. On sait juste que Isa sera là à cette heure, elle devrait nous faire un signe ou je ne sais pas quoi. 

   - Thomas ? retentit justement une voix derrière le pan de tissu, vous êtes là ? 

   - Isa ? vérifia-t-il avant de continuer : Oui, on t'écoute. Pourquoi tu n'es pas revenue plus tôt ? 

   - Parce que Lucas est carrément parano, et qu'il voit toujours le mal partout. Il aurait trouvé ça louche si je vous voyais plus d'une fois par mois. Cette nuit, il a insisté pour partir en patrouille avec ses plus fidèles larbins. Si tu les voyais, toujours à lui lécher les bottes... 

   - Si tu en venais au fait ? La coupa Jefferson, qu'est ce que tu as à nous dire de si important pour nous faire tenir éveillés jusqu'à cette heure ? 

   - J'y viens, répliqua-t-elle agacée par l'attitude de l'américain. Hier, Lucas a reçu un message. Apparemment, il vient d'un autre groupe, nomade, qui passe dans le coin. Ils seraient très lourdement armés et Lucas a peur d'eux. Ils lui demandent quelque chose et il veut accepter. 

   - Quel rapport avec nous ? S'enquit Thomas, pourquoi venir nous dire ça ? 

   - Ce qu'il veut c'est deux hommes robustes. Et devinez qui il veut lui passer ? 

   - Qu'est ce que tu proposes ? Demanda Thomas. Lui n'avait aucune idée des possibilités qui s'offraient à eux. 

   - Qu'est ce qui te fait croire que j'ai quelque chose à te proposer ? répondit-elle. Je pourrai être venue pour vous amener à l'autre camp. 

   - Parce que si c'était le cas, tu ne nous aurait pas exposé tous les aspects de la situations ainsi. Alors, on fait quoi ? 

Il aurait presque pu l'entendre sourire derrière la tente lorsqu'elle reprit : 

   - Le transfert a lieu dans après demain. Donc, logiquement, Lucas devrait doubler votre garde demain, vers midi, car il va forcément envisagé l'éventualité d'une fuite. Vous devrez partir avant. La nuit est exclue, les sentinelles ont des lunettes infrarouges, on vous repérerait bien plus qu'en plein jour. Vous aurez donc une planche horaire d'environ trois heures, le matin. Je ne sais pas ce qui est le mieux entre vous laisser marcher dans le camp comme si de rien n'était jusqu'à la sortie. Peu de personnes sont en capacité de vous reconnaître, mais c'est un risque à prendre. Le problème, c'est la chienne.

   - Newton, s'exclama Jefferson, surpris, pourquoi serait-elle un problème ? 

   - Parce qu'il n'y a aucun animal dans le camp depuis un moment, se rappela Thomas. Ils ont fini dans les assiettes. On ne la laisse pas là, quel est l'autre possibilité ? 

   - Il y a la rivière... Mais on remarquera immédiatement si une embarcation y navigue. 

   - On prend cette option, on a pas le choix, trancha Thomas. 

   - Je pourrai essayer de créer une diversion pour occuper les gardes, mais je ne vois pas ce qui pourrait faire l'affaire, hésita-t-elle. 

   - Tu pourrais créer un incendie, intervint Dario. A ma maison, il y avait eu le feu dans le four et tous les voisins regardaient vers chez nous. 

   - Dario ! S'exclama Isa, qu'est ce que tu fais là ? Thomas, souffla-t-elle à son adresse, je pensais qu'il dormait ! 

   - Il vient avec nous, l'avertit-il, si on le laisse là, Lucas pourrait imaginer qu'il nous a aidés. 

Elle réfléchit un moment avant d'acquiescer. 

   - Très bien... Alors vous attendez mon signe avant de sortir de la tente. Passez par ce côté, il donne sur l'arrière du camp. La rivière se situe à environ cinq cent mètres d'ici. Vous y trouverez des barques, je me débrouillerai pour vous placer des rames dans l'une d'entre elles. 

   - Merci beaucoup Isa, dit Thomas. Il sentait que l'entrevue touchait à sa fin, aussi glissa-t-il sa main sous la toile, en signe d'adieu. 

   - Ce n'est pas un adieu, lui dit elle en retour. Si vous parvenez à découvrir ce qui s'est passé à l'origine de ce fléau, redescendez vers Lyon pour nous prévenir. Sinon... on se retrouva bientôt tous là-haut j'imagine, conclut-elle en rigolant à moitié. 

Thomas l'entendit se lever et, juste avant qu'elle ne parte, elle leur dit : 

   - Thomas, tu sais que Lizzie ne pourra pas vous accompagner. 

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant