Némésis

Chapitre 10-1

Les jours avaient passé sans qu'ils ne voient Isa. La première fois qu'on leur avait apporté leur repas, Thomas avait bondi pour lui demander si elle avait quelque chose à leur dire de plus que la dernière fois. Il fut surpris de tomber sur un adolescent boutonneux au regard imbécile. Depuis, ce n'était jamais la même personne qui leur apportait de quoi manger. 

Avec Jefferson, ils avaient discuté de la possibilité d'avoir été écouté lors de leurs dernières discussions, ce qui aurait attiré des ennuis à Isa. Seulement, ils ne pouvaient demander des ses nouvelles sans risquer de lui attirer des ennuis. 

Alors ils attendaient, depuis une semaine, à ne rien faire dans leur tente vide. Dario avait réussi à créer une sorte de jeu d'osselets avec des cailloux colorés à la terre, mais ils avaient fini par se lasser par la répétition du jeu. 

Une fois, un jeune adulte qui se disait médecin était venu examiner Lizzie. Il avait pris son pouls et sa tension, puis s'était relevé en grognant. Lorsque Thomas l'avait questionné à propos de son état, il s'était contenté de faire les gros yeux. Depuis, chaque nuit, la voix lui faisait des reproches par dizaines. C'était sa faute. Il n'aurait pas du l'emmener. Il aurait pu la soigner. Il lui mentait. Il aurait du insister auprès du médecin. Il lui était de plus en plus dur de fermer l'oeil.

Ce midi, pourtant, la jeune fille qui apportait les lentilles trop cuites parut très étrange à Thomas. Ses mouvements étaient tremblants, et elle ne cessait de regarder derrière elle. Elle faillit même pousser un cri de peur quand ses mains frôlèrent celles de Jefferson. Elle attisa tellement sa curiosité qu'il l'a rattrapa avant qu'elle ne sorte. 

   - Qu'est ce qui t'arrive, lui demanda-t-il en chuchotant. Tu sembles apeurée, tu as quelque chose à nous dire ? 

Elle regarda une dernière fois dans son dos avant de sortir furtivement un morceau de papier de sa veste. Elle lui tendit et, au moment où il l'attrapait, elle partit en courant vers la sortie. Elle n'avait pas desserré les lèvres de leur court échange. 

Il fit signe à Dario et à l'américain d'approcher, puis il déplia le papier. Cinq mots y étaient griffonnés, indiquant une heure et un lieu : 

Ce soir, minuit.

Mur nord

I.

   - C'est Isa ? Demanda Dario. Elle nous donne un rendez vous ! Elle vient nous sortir de là ! 

Il se mit à courir en rond dans la tente en imitant un avion, trop heureux de la nouvelle. Si Jefferson s'amusait de voir le petit se réjouir ainsi, Thomas semblait plus réservé. 

   - Pourquoi nous fait-elle passer le message par le billais de cette autre fille, dit-il, c'est étrange. Elle ne pouvait pas simplement venir nous voir, comme avant ? 

   - Je t'avais dit qu'il était délicat de lui faire confiance, lança Jefferson pour toute réponse. 

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