Chapitre 14-2

5 2 0
                                    

Pendant que les deux autres s'occupaient des sacs, Thomas s'avança vers la lumière blanche. Il était obnubilé par la lueur, comme l'est un papillon de nuit autour d'un lampadaire. Sans savoir pourquoi, elle le fascinait et le terrifiait. Il lui trouvait quelque chose d'irréel. 

Pour se reconcentrer et oublier ses étranges pensées, il sortit une cigarette de sa poche. Il craqua une allumette, l'alluma et souffla vite le flammèche. Il tira une longue taffe et profita en sentant la fumée descendre dans ses poumons. Lorsqu'il expira, un long ruban s'étira dans l'air devant lui. Il le regarda s'évanouir avant de reprendre son chemin. 

La lumière provenait d'une grande bâtisse en pierre, le genre qu'on ne croise que dans les villages de campagne française. Le toit de chaume était recouvert de mousse et du lierre épais rampait le long des murs, si bien que Thomas n'eut aucun mal à se dissimuler dedans. Si quelqu'un sortait, il ne serait pas repéré. Il écouta les éclats de voix qui provenaient de l'intérieur. 

   - Nous ne pouvons continuer comme ça ! S'écriait un homme à la voix âgée. Ils nous ont pris tous nos jeunes, nous devons riposter ! 

   - Et que comptes-tu faire ? Tempéra une autre personne, plus jeune. Nous sommes trop vieux et trop peu nombreux pour nous engager dans un conflit. Le président s'occupera de ces kidnappeurs !

Thomas ne comprenait rien à ce qu'ils disaient, et il cessa d'y prêter attention pendant un instant. Il recommença à écouter en entendant un mot familier : 

   - Ils l'ont appelé Némésis, disait une vieille dame à la voix rauque, ça veut dire qu'ils savaient de quoi ils parlaient. Ils ont du être envoyés par le gouvernement. Notre président doit connaître notre situation, il renverra bientôt d'autres hommes pour nous récupérer. Je retrouverai mes petits enfants, conclut-elle en parlant pour elle même.  

La situation à l'intérieur semblait tendue, mais ils paraissaient d'accord sur un point : Le gouvernement les aiderait. Thomas doutait qu'ils puissent résonner les deux hommes, mais si la femme s'était fait prendre ses petits-enfants, il restait de l'espoir de son côté.

La porte s'ouvrit à côté de lui, le faisant sursauter. Discrètement, il s'enfonça un peu plus dans les plantes et cacha de sa main droite la lueur rougeâtre de sa cigarette. Il regarda passer les trois adultes et, quand il se fut assuré qu'ils ne pouvaient plus le voir, il écrasa son mégot et rejoignit ses amis. 

La lumière de le Lune les éclairait et il n'eut aucun mal à les reconnaître. Il leur répéta ce qu'il avait entendu en insistant sur les mots de la femme. 

   - Il faut absolument qu'on aille lui parler, termina-t-il fier de sa nouvelle. Elle semble bien informée !

   - Euh... Tu crois qu'elle va vraiment nous aider ? Demanda Jefferson, sceptique. Je veux dire, elle pense que le gouvernement est bienveillant et qu'il va venir la chercher. Pourquoi nous croirait-elle ? 

   - Parce qu'ils ont ces petits-enfants. Il leva la main quand l'autre allait l'interrompre. Il suffira qu'on parle d'eux et elle acceptera tout ce qu'on dira. 

   - Si tu le dis... Je n'y crois pas trop, mais ça vaut le coup d'essayer. 

   - Ecoute, insista Thomas sur le ton de la confidence, ils ont tué Lizzie. Alors même si elle ne nous croit pas, elle nous aidera. Je suis prêt à tout pour la venger. 

   - Les gars ? S'immisça Dario

   - Thomas, renchérit l'américain en l'ignorant complètement, tu sembles oublier que moi aussi, j'ai perdu des proches, et Dario a perdu ses parents et son frère. Alors nous aussi on veut se venger, mais ce n'est pas pour autant qu'on est prêt à brutaliser une vieille dame ! 

   - Les gars, insista le plus jeune en secouant la manche de Thomas. Celui-ci se dégagea en se relevant. 

   - On dirait que tu n'es plus très motivé ! S'exclama-t-il en haussant le ton. C'est le confort de la ville qui te manque ? 

   - Hé ! Les gars ! S'époumona Dario. 

   - Quoi ?! Répondirent-ils en chœur en se tournant vers lui. 

   - Elle est là, votre vieille dame, leur dit-il calmement en la montrant du doigt. 

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant