Depuis le matin, Thomas n'avait pas adressé la parole à ses amis. Il ressassait sans cesse les mêmes pensées, trop perturbé pour s'occuper à autre chose. Il passait son temps à tourner en rond dans le salon, à regarder la rivière couler, une cigarette à la main, ou allongé sur le toit de chaume.
- Qu'est ce qu'il a ? Ne cessait de demander Dario, ce à quoi Jefferson répondait pas un silence. Si Thomas voulait en parler, il le ferait lui même.
Quand il eu des vertiges à force de voir son ami aller et venir sans raisons, l'américain finit par l'attraper par les épaules. Les mains assez serrées pour que l'autre les sente mais n'ait pas mal, il le secoua légèrement.
- Hé ! Lâche-moi, qu'est ce qui te prend ?
- Il me prend que c'est à mon tour de te crier dessus ! Bien sûr que tu es triste de la mort de Lizzie. Je te connais mec, tu... tu dois juste être perdu. Je ne te reconnais plus. Tu dis que ça ne t'atteint pas ? Alors pourquoi est ce que tu passes ton temps tout seul ? Attends, je n'ai pas fini, dit-il en levant la main lorsque l'autre fit mine de parler. Oui, tu es triste. C'est normal. Sauf qu'il faut que tu te reprennes. Tu ne peux pas passer ta vie à te lamenter sur le sort d'une personne, même si c'était ta soeur. On a la possibilité de comprendre pourquoi tout ces gens sont morts. Nos parents, nos amis, que l'on deuil depuis le début. Lizzie s'est rajoutée à cette liste, d'accord. Alors allons défoncer la porte des responsables de cette folie.
Jefferson se recula, lui même surpris par le discours de remotivation qu'il venait de déclamer en improvisation. Il sortit du salon sur ces mots :
- Je te donne deux jours. Après-demain, je veux te voir ici avec Dario et moi, pour préparer notre départ.
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Le soir, Thomas pleurait dans son lit. Il avait honte de lui.
Honteux de s'être convaincu qu'il n'était pas touché par la disparition de Lizzie, simplement parce que c'était plus facile. Il avait préféré se pleurer lui-même.
Honteux d'avoir crié sur son ami le jour précédant et, honteux d'avoir honte pour ça, honteux parce que c'est Jefferson qui lui avait permis de s'en rendre compte.
Depuis le début de leur voyage, Thomas avait pris la place de meneur. C'est lui qui avait décodé le message, qui avait décidé de partir pour Paris, il avait porté Lizzie sur plusieurs kilomètres, consolé l'américain quand il en avait eu besoin, c'était grâce à lui qu'ils avaient noué le lien qui les avait sauvé avec Isa, c'était lui qui avait accueilli Dario... Et maintenant, c'était lui qui craquait ? Il ne pouvait pas se le permettre.
Il mordit dans son oreiller à s'en faire mal à la mâchoire, en laissant ses larmes couler et tremper ses draps. Il passa plus d'une heure ainsi, à gémir et serrer tout ce qu'il pouvait, immobile sur son lit, jusqu'à ce que ses larmes se tarissent complètement. Il essuya ce qui restait du liquide salé sur ses joues, puis il se tourna vers le plafond. Il passa à la nuit à ne penser à rien, si ce n'est au sourire de Lizzie.
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Le lendemain matin, peu après le lever du soleil, Thomas fit irruption dans la chambre de Jefferson.
- Lève-toi, lui lança-t-il, on a un départ à organiser !
- Qu'est ce qui t'a fait changé d'avis ? Demanda l'autre en baillant et en souriant en même temps.
- J'ai mal dormi, répondit Thomas en riant.
Il pensait très fort à Lizzie, mais il était redevenu lui-même.
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Némésis
AdventureThomas a 17 ans. Il a un meilleur ami, une petite soeur et même une petite amie. On pourrait le considérer comme un adolescent banal. Mais un événement va changer sa vie. Un événement qui va tuer 95% de la population mondiale. Un virus. Il n'est p...