Thomas et ses amis se précipitèrent vers le pan de toile derrière lequel ils avaient discuté avec Isa. Jefferson le souleva, en le déchirant à moitié, pour que les autres puissent passer en dessous.
- Allez-y, les poussa-t-il à avancer. Dario, occupe toi de Newton, il ne faut pas qu'elle aboie.
Au moment de passer, Thomas changea d'avis et retourna à l'intérieur. Il fit signe à l'américain de l'attendre dehors, il ne serait pas long. Il se pencha sur le corps frêle de Lizzie, qui paraissait si fragile dans cette position. Au cours de la nuit, il s'était relevé pour la nettoyer. Il l'avait déshabillée et frottée avec ses vêtements déjà souillés. II l'avait ensuite recouverte de sa couverture. Il n'arrivait pas à poser ses yeux sur le visage blafard, aussi ferma-t-il les paupières.
- Désolé Lizzie. Je... Il allait dire quelque chose mais se ravisa. Repose-en paix, finit-il par annoncer, la voix étouffée par une boule de sanglots coincée dans sa gorge.
Il se releva et passa à son tour en dehors de la tente. Le soleil l'éblouit, mais il avait déjà mis la main devant ses yeux pour cacher ses larmes. Jefferson le prit par les épaules et l'étreignit le temps qu'il se remette, puis il le fit passer devant lui.
- Il faut qu'on se dépêche, annonça-t-il. Thomas, tu es capable de courir ?
Ils accélérèrent dès qu'il eut acquiescé.
Ils furent impressionnés par l'efficacité de la diversion de leur complice : les seuls personnes qu'ils croisaient étaient trop occupés à courir vers le lieu de l'explosion pour faire attention à eux, tous armés de seau d'eau, de couvertures imbibées ou de sacs de sable. En cinq minutes, ils étaient arrivés à la rivière. Il n'avaient eu aucun problème sur le chemin.
L'embarcadère était vide et silencieux. Thomas se précipita vers la seule barque dont la bâche avait été ôtée. Il commença à vouloir la pousser dans l'eau seulement...
- Il n'y a pas de rames ! S'écria-t-il. Isa avait dit qu'elle en préparerait, qu'est ce qu'on fait ?
- Je ne sais pas, mais faisons le vite, répondit Jefferson, ils vont bientôt se rendre compte qu'on a disparu.
- Là ! intervient Dario. Isa arrive, elle est sur le chemin, expliqua-t-il devant le regard interrogateur des deux autres.
- Sous les buissons, se mit-elle d'ailleurs à crier tout en courant, les rames sont sous le buisson là-bas !
Jefferson se précipita pour les prendre. Il tira en effet deux morceaux de bois flotté dissimulés sous un houx à proximité.
- Isa, Dario, aidez-moi, les appela Thomas pour pousser leur embarcation dans le courant.
Le bateau avança lentement en frottant le fond, puis de plus en plus facilement, jusqu'à ce qu'il devienne difficile de le tenir.
- Dans quel direction se trouve Paris ? Demanda-t-il alors.
- Il faudra que vous remontiez le courant, répondit Isa en leur indiquant le sens qu'il devrait prendre, si vous restez sur les bords de la rivière ça ne devrait pas être trop difficile, ils sont en contre-courants.
Elle tenait la barque droite le temps qu'ils montent et lorsqu'elle allait lâcher pour les laisser partir, Thomas se tourna vers elle.
- Viens avec nous, lui proposa-t-il spontanément. Tu n'es pas en sécurité ici si quelqu'un apprend que tu nous as aidé.
- Je suis touchée que tu t'en soucies Thomas, répondit-elle en souriant, mais j'ai une vie ici. Elle n'est pas parfaite, loin de là, sauf que je me suis battue pour la trouver. Et je ne compte pas la quitter comme ça, sur un coup de tête.
- Je comprends, dit-il. Alors au revoir, Isa de Lyon.
- Thomas, je vais devoir sonner l'alerte, l'avertit-elle. Vous avez cinq minutes pour aller le plus loin possible. Quand vous aurez passé le tournant là-bas, on ne pourra plus vous attendre. Bonne chance, leur souhaita-t-elle en guise d'adieu.
Jefferson et son ami s'installèrent chacun d'un côté du banc central pour ramer ensemble tandis que Dario était assis à l'avant. S'ils voulaient rester dans le couloir de contre courant, il leur fallait manoeuvrer avec beaucoup de soin. Ils étaient encore à une centaine de mètres du point indiqué par Isa lorsque les premiers cris se firent entendre.
- Ils sont partis par la rivière, entendirent-ils au loin, rattrapez les !
- Dario, baisse toi ! intima Thomas pendant qu'il faisait de même.
Son réflexe fut le bon car, une minute plus tard, les premières balles commencèrent à siffler à leurs oreilles. Les tireurs n'étaient manifestement pas les mêmes que sur l'autoroute, aucune balle n'atteignit leur embarcation.
Les tirs cessèrent rapidement, ils avaient du s'éloigner suffisamment. Thomas se risqua à jeter un coup d'oeil au dessus du la maigre sécurité que leur offraient les bords en bois de la barque.
- Je ne vois personne et nous sommes bientôt arrivés au tournant, dit il à ses deux amis. On a réussi !
- Vous êtes sûrs ? Demanda Dario, livide.
- Affirmatif.
Jefferson poussa un véritable hurlement de joie et Newton se mit à aboyer allègrement. Dario avait été secoué par les balles qui passaient à proximité, il se contentait donc de faire des signes de victoire de la main.
Pour la première fois depuis longtemps, leur petit groupe reprenait espoir. Ils étaient de nouveau sur la route de Paris.
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Némésis
AdventureThomas a 17 ans. Il a un meilleur ami, une petite soeur et même une petite amie. On pourrait le considérer comme un adolescent banal. Mais un événement va changer sa vie. Un événement qui va tuer 95% de la population mondiale. Un virus. Il n'est p...