Chapitre 5-2

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Il entendit des bruits de pas dans l'escalier et essuya ses pleurs. Il n'avait jamais pleuré devant Jeff, même lorsqu'il avait sonné à sa porte, ensanglanté après les coups de son père.

Si son ami vit les yeux rougis de Thomas, il n'en dit rien. Il avait un sourire annonciateur de bonne nouvelle. En effet, dévalant les escaliers au même rythme que lui, arrivait derrière l'américain...

- Newton ! S'exclama Thomas.

Newton était la chienne d'un vieil habitant de l'immeuble qui vivait au dernier étage. L'homme ayant été blessé à la jambe lors d'un accident de la route, il ne pouvait pas aller promener la chienne. Thomas et Jefferson s'en occupaient à tour de rôle pour se faire de l'argent de poche. Les deux amis s'étaient beaucoup attachés à l'animal canin. Ce sont eux qui ont découverts que Newton était une femelle, mais le propriétaire a refusé de changer son nom, bien qu'il soit masculin. Thomas n'avait même pas pensé à aller vérifier si le vieil homme et sa chienne allait bien. En la voyant arriver, il fut pris d'un terrible sentiment de honte.

- Je l'ai entendu gratter contre sa porte, expliqua Jefferson. C'est une chienne très intelligente. Lorsque son maître est mort, elle a réussi à faire tomber ses paquets de croquette depuis le placard et à les ouvrir avec ses crocs.

Thomas la félicita en la grattant un peu derrière les oreilles et le cou, puis il sortit dans la rue. La chienne serait leur quatrième compagnon.

Lizzie lui prit la main et, consciente de leur départ imminent, elle lui demanda :

- Si on part, on ne pourra pas voir si Papa et Maman reviennent.

Sa petite voix résonna dans le boulevard vide et, n'ayant pas le courage de lui dire la vérité, Thomas se contenta de la prendre contre lui et de poser un baiser contre son front.

- Ne t'inquiète pas, s'ils reviennent Maria leur dira qu'on est parti.

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Ils marchèrent pendant près d'une heure avant d'arriver sur l'autoroute qui part vers le nord. Là-bas, ils s'arrêtèrent pour se reposer et profiter une dernière fois de la vue sur la ville. Le soleil était à la fin de son ascension dans le ciel lorsqu'ils repartirent.

Thomas menait le groupe, tenant la main de Lizzie, et l'aidant à traverser la barrière séparant les voies lorsque l'une était obstruée par un arbre renversé. Il était étrange de voir les grands troncs au milieu de la chaussée, mais ils avaient été placé là par des groupes de jeunes qui croyaient que ces barricades de fortune pourraient bloquer d'éventuels envahisseurs. Aux yeux de Thomas, les arbres empêcheraient surtout les secours de passer s'ils arrivaient un jour.

Lorsque le soleil commença à disparaître à l'horizon et que leurs ombres se furent allongées de plusieurs mètres sur la route, le groupe s'arrêta, exténué. Jefferson s'adossa contre la portière d'une voiture, dont les vites teintées empêchaient de voir le chauffeur mort en conduisant et Newton s'allongea à ses pieds. Lizzie attendit que Thomas ait tendu un sac de couchage pour s'asseoir dessus.

Pendant que l'américain tentait vainement de frotter deux morceaux de bitume pour allumer un feu, Thomas s'occupa d'ouvrir une boite de haricots pour eux trois, ainsi qu'un peu de pâtée pour chien. Il versa celle ci dans le bol que Jefferson avait prévu à cet usage. Après avoir abandonné ses projets pyromanes, ce dernier se rassit pour manger avec ses amis.

- C'est beau le ciel sans pollution, lança-t-il à la cantonade. On pourrait croire qu'on est juste parti camper tranquillement en forêt.

- Sauf que si on est parti, c'est pour tenter de découvrir pourquoi notre gouvernement a balancé au monde un virus mortel, efficace et contagieux, sans prévenir personne, lui rappela brutalement Thomas.

- Laisse moi rêver, Thomas ! C'était hyper poétique ce que je disais, t'as tout gâché.

Le jeune homme allait amicalement lui jeter la boîte de conserve dessus pour se venger, mais il fut stoppé net par un bruit gutturale, très sec.

Lizzie, très pâle, venait de tousser comme si on lui arrachait les poumons.

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NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant