Chapitre 8-2

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Ils durent avancer lentement au début pour éviter d'écraser un loup au passage, mais ils purent rapidement accélérer et semer les animaux. Ce fut un soulagement pour Thomas lorsqu'il vit l'aiguille du compteur frôler les cinquante kilomètres heures. 

Dix minutes après qu'ils aient vus le dernier loup disparaître au loin, ils firent une pause pour se désaltérer et remplir à nouveau leurs gourdes dans un petit ruisseau à proximité de l'autoroute. L'eau était n'était pas très claire mais, comme l'a fait remarquer Jefferson, après avoir survécu à un virus terriblement létal, ils n'auraient pas peur d'un petit mal de ventre. 

Ils repartirent avec l'impression d'avoir la poitrine emplie de joie, heureux d'être de retour sur la route et rieurs de leur mésaventure lupine. 

Le coeur de Thomas était si léger qu'il aurait pu s'envoler, si la vitre n'avait pas subitement volée en éclats côté passager, projetant des morceaux de verres partout dans l'habitacle.  

Un courant électrique au niveau de la moelle épinière lui fit tendre tous les muscles. Debout sur les pédales, la voiture pila, faisant rouler Lizzie sur la banquette arrière et japper Newton dans le coffre. 

Jefferson voulut ouvrir sa portière pour aller voire ce qui avait pu causer cet incident, mais son bras ne répondait pas. Son visage passa du rouge au blanc en un quart de seconde lorsqu'il vit les filets du sang qui coulaient en grande quantité le long de son épaule et coloraient son tee-shirt. 

Thomas sortit de son côté pour aider son ami et ce qu'il vit ne lui fit pas plaisir. Ce n'était pas un morceau de verre plus gros que les autres qui avait perforé son bras. La forme de la blessure laissait bien voir le sillon creuser dans son bras. Elle l'avait frôlé pour ensuite s'enfoncer dans le dossier de son fauteuil, déchirant au passage plusieurs épaisseurs de peau et de muscle.

Il se dépêcha de déchirer une large bande de son propre tee-shirt et l'appliqua sur le point d'hémorragie. Il intima à Jefferson de tenir sa compresse de fortune pendant que lui même se retournait vivement pour scruter la lisière de la forêt. Qui que soit l'individu qui leur a tiré dessus ainsi, il pouvait recommencer à tout moment. Peut-être que cette personne pensait qu'ils étaient un danger. 

   - Hé ! cria Thomas, on ne fait que passer, on vous veut pas de mal ! S'il vous plaît aidez nous, mon ami est gravement blessé. 

Une nouvelle salve de coups de feu retentit et Thomas se jeta sur l'asphalte pour offrir une plus petite cible, se râpant les mains et les coudes au passage, mais aucune balle ne vint rebondir sur la bande d'autoroute.. 

Quelques minutes plus tard, une silhouette sortit en courant de la forêt, un nouveau tir et l'ombre s'écroule et commence à ramper dans la terre. Encore un et la silhouette s'immobilise. Thomas fit le tour de la voiture et se cacha derrière. 

   - Sortez du véhicule, les mains en évidence ! Lança une voix puissante depuis quelque part dans les arbres. 

Il se releva lentement, les bras levés et répéta

   - Mon ami est blessé et ma soeur est malade ! S'il vous plaît, aidez-nous. 

Un groupe d'une vingtaine de personnes sortit de la forêt. Thomas reconnut sept femmes à leurs tresses épaisses qui tombaient dans leur dos. Quand ils se furent suffisamment approchés, il vit qu'il y avait en vérité exactement autant de filles que de garçons, et que tous devaient avoir entre quinze et vingt ans.

   - D'où venez vous ? Lança celui qui semblait être le plus âgé. 

   - De Saint Barthélémy de Vals, répondit Thomas sans hésiter, en se rappelant les panneaux croisés plus tôt sur l'autoroute. Si ses interlocuteurs se révélaient hostiles, il faisait bien de ne pas leur indiquer l'état de Montpellier, s'ils étaient en réalité bienfaisants... alors il leur avouerait ses craintes plus tard. 

    - Il dit peut-être la vérité, intervint une fille aux cheveux courts, on ne s'est pas encore occupé des villes du sud. Ils pourraient nous être utiles si on décide d'y aller, avec une connaissance des quartiers on irait beaucoup plus vite. 

   - Tais toi Isa ! C'est moi qui décide, répondit-il. Si on les garde, il va falloir les nourrir, les loger et soigner l'infirme... T'es sûre que ça vaille le coup ? 

   - Oui, je pense bien. De toute façon on a trop de réserves périssables, entre les jeter ou leur donner, je ne vois pas la différence. 

   - Ok, on vous garde, dit-il en s'adressant à Thomas. Les gars, occupez vous de la petite, je prends le blessé. 

Thomas poussa un soupir de soulagement. Si le groupe ne lui inspirait aucune sympathie, au moins seraient-ils protégés et nourri le temps que Jefferson aille mieux. Et Lizzie, si elle va mieux un jour, pensa-t-il sombrement.


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NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant