- Bien sur que je connais le morse, j'étais scout, leur apprit Maria. Je trouve juste bizarre qu'on ait pas reçu ce message sur les lignes de la mairie...
- Tu vas nous aider ou pas ? La pressa Thomas.
- Oui, dit elle après avoir pris un temps pour réfléchir.
- Alors c'est parti, s'écria Jefferson en sortant le transmetteur. Je sais comment marche cet engin, faut juste que tu me dises quoi taper.
- Commence par deux longs, un court, trois courts, trois courts...
Pendant qu'elle dictait son message, Thomas se demanda d'où il pouvait provenir. S'agissait-il d'un appel depuis l'étranger, d'un pays qui était encore plus touché que la France ou les Etats Unis ? Ou peut-être d'un bateau coincé en pleine mer, dont l'équipage est trop peu nombreux à présent pour se secourir lui même. Ou bien...
- Il nous répond ! S'exclama Maria. Taisez-vous, leur intima-t-elle ensuite, bien qu'ils n'aient pas parlé.
Après une minute qui parut une éternité à chacun, la jeune femme releva la tête de son calepin. Elle hésita un moment, fronçant les sourcils, puis annonça.
- Je n'ai pas tout compris en notant les lettres une à une, mais... j'espère me tromper. En rajoutant les sujets et les ponctuations qu'il ne m'a pas donné, ça dit :
SOS. Némésis a touché la cible, mais une des corde a manqué l'encoche. On dirait que l'arc a cassé, une flèche est rompue. Je répète, une flèche est rompue. Nous demandons au tireur d'agir en conséquence. SOS.
- Ça ne veut rien dire, lança Jeff, énonçant tout haut ce que tous pensaient tout bas.
- Je ne me suis pas trompée, se défendit Maria. Je sais que c'est très étrange, mais c'est exactement ce que disait le message.
- Ce que disait le message ? S'énerva l'américain. Il ne disait rien du tout ce putain de message ! Il conclut sa phrase en donnant un grand coup de poing dans le canapé.
- Tu as dit un gros mot, intervint Lizzie, ce qui eut pour effet de faire redescendre la tension d'un cran.
Au cours de leur courte dispute, Thomas n'était pas intervenu. Il semblait réfléchir. Il réfléchit encore un moment, puis il dit :
- Ou bien le message veut dire beaucoup plus de choses qu'on ne le pense.
Devant le regard étonné de ses amis, il s'expliqua :
- C'est un code ! C'est évident, personne n'envoie un message de détresse s'il n'est pas réellement en détresse. Et si le message en question est codé, c'est parce que l'activité qui a mis l'émetteur en position de détresse est... Illégale.
- Tu veux dire qu'on est potentiellement en train de parler à un agent secret russe ? Demanda Jefferson, fou de joie à cette idée.
- Un agent secret français. Corrigea Maria.
- Et comment tu pourrais le savoir ? S'énerva l'autre.
- Tout simplement car le texte est écrit en français !
Jefferson resta silencieux face à l'argument de son amie.
- Thomas, comment on fait pour craquer ce code ? L'interrogea-t-elle.
- Si c'est un code, il a une logique. Il suffit de découvrir ce que c'est. Je ne pense pas que ce soit quelque chose du style une lettre veut signifie une autre. Si c'était le cas, ça ne donnerait pas des phrases aussi précises. A mon avis, ce sont les noms de la phrase qui désignent des objets ou des personnes.
- Némésis est la déesse de la vengeance, dit Maria en notant sur un bout de papier, on peut supposer que ça ait une référence a cela... La guerre ?
- Ou une arme.
- Nucléaire ?
- Ou bien chimique.
Maria et Thomas avait complètement oublié Jefferson, excités par l'envie de savoir. L'américain, lui, broyait du noir dans un coin de la pièce.
- Tu penses à... Demanda-t-elle en levant vers Thomas des yeux effrayés.
- Au virus, oui. Au début, j'essayai de faire des hypothèses sur ce qui aurait pu se passer. Le fait que le virus soit une arme... Disons que j'y avais déjà pensé.
- Partons de ça. Il reste à découvrir ce que signifient les autres mots.
- Je pense que c'est assez simple. Ils font tous référence au tir à l'arc, on peut donc déduire qu'ils parlent tous du même sujet. L'arc est le plan, le tireur celui qui l'a conçu, la corde, ce qui donne de la vitesse. La flèche est ce que l'arc envoie, et la cible ce qui la réceptionne.
- Dans le cas d'une arme, on aurait celui qui prévoit son utilisation, le tireur, continua Maria, la corde pourrait être un lance missile, ou un avion. La flèche serait le virus, l'encoche le départ des avions, et la cible la population visée. Mais pourquoi est ce que le monde entier a-t-il été touché ?
- Parce qu'une flèche a cassé ! L'un des projectiles a du avoir un problème, et le virus s'est répandu !
- Ce n'est pas le plus important, dit-elle à la grande surprise de Thomas. Le virus est là, il est trop tard pour comprendre comment il est arrivé jusqu'à nous. Il faut savoir à cause de qui.
- Le tireur ? Il doit avoir un certain pouvoir d'action. "Nous demandons au tireur d'agir en conséquence". Et si on parle d'une guerre, il pourrait s'agir d'un laboratoire spécialisé ou alors d'un gouvernement.
- Tu crois que le premier ministre est derrière tout ça ? C'est impossible, nous ne sommes pas en guerre.
- C'était peut être simplement un test de l'arme chimique qui a mal tourné. On a pas besoin d'être en guerre pour produire des défenses. Mais ce n'est pas ça qui me fait proposer notre gouvernement. Tu te souviens à la télé, le premier jour ?
- Notre gouvernement est à l'abri, personne n'a été touché... Maria semblait voir où il voulait en venir, mais elle avait trop peur de le dire à voix haute.
- S'ils ont pu se protéger, c'est qu'ils étaient au courant.
- Mais... Pourquoi n'ont ils rien dit ?
Thomas garda le silence car Maria connaissait déjà la réponse. La politique. Un gouvernement ne peut pas avouer qu'il a tué plus de 80% de la population sans en assumer les conséquences.
Et le gouvernement français n'a pas voulu assumer ses conséquences.
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Némésis
AventureThomas a 17 ans. Il a un meilleur ami, une petite soeur et même une petite amie. On pourrait le considérer comme un adolescent banal. Mais un événement va changer sa vie. Un événement qui va tuer 95% de la population mondiale. Un virus. Il n'est p...