Chapitre 9-1

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   - Ecoute, je n'avais pas le choix. Si on était pas parti avec eux tu serais mort sur l'autoroute, répéta Thomas pour la vingtième fois au moins. 

Quand ils étaient arrivés au campement de leurs sauveurs, qui n'en étaient pas vraiment, ils avaient été immédiatement placés dans ce qu'ils appelaient ironiquement l'hôtel. C'était un mot bien doux pour désigner la tente vide de tout mobilier, dont le sol terreux se retrouvait trempé après chaque pluie. 

   - Tu n'en sais rien, répondit Jefferson, ils m'ont remis sur pied bien vite, ce ne devait pas être si grave. 

   - Tu te serais vidé de ton sang... Ce n'est pas la taille de la blessure qui compte. 

Il était adossé contre le pilier central pendant que l'américain faisait les cent pas à côté. Il avait placé Lizzie, qui ne disait toujours rien, le plus loin possible de l'entrée et Newton s'était installée à ses pieds. Il y avait un autre garçon dans la tente, d'une dizaine d'années, à qui ils n'avaient pas encore adressé la parole.

Jefferson allait à nouveau donné son avis sur ce qu'il aurait fait à sa place lorsque l'adolescente qui avait eu l'idée de les garder en vie entra. 

   - Arrêtez de vous énerver, il y a des gens qui veulent se reposer dans les tentes à côté, les mit elle en garde. 

   - Je te trouve bien gonflée ! S'exclama l'autre, d'abord vous nous enfermez ici, ensuite on a plus le droit de parler, et après ce sera quoi ? Vous nous laisserez crever ici ? 

Elle s'avança d'un pas et, malgré sa carrure largement inférieure, elle lui dit d'un ton qui suggérait une grande autorité : 

    - Entends bien ça, toi : On t'a sauvé la vie, on te nourrit, et on te  garde en vie. Tu devrais être reconnaissant de ne pas finir au menu des distractions. 

Elle n'avait pas haussé le ton, mais ses mots étaient si puissants que Jefferson sembla se recroqueviller sur lui même. 

Elle soupira, comme de pitié, puis dit en chuchotant : 

   - Je ne suis pas censé vous dire ça mais... Elle hésita un instant avant de reprendre. Vous savez pourquoi le groupe se fait appeler les Malgosses ? Parce que c'est ce que nous sommes, répondit elle à sa propre question, des gosses qui faisons du mal. Evidemment, on est pas tous méchants, mais on a pas vraiment le choix... Lucas, notre chef, a fait main basse sur toutes les réserves de la ville dès le début de l'épidémie. Il y avait une caserne, alors il a aussi pris des armes. Si on voulait survivre, on avait pas le choix que de s'allier à lui. Vous avez de la chance que j'ai été là pour vous sauver, sinon le chef de patrouille vous aurait descendus avant que vous ayez eu le temps de nous voir. 

   - Et toi ? Demanda Thomas qui avait écouté son récit avec la plus grande attention, tu te places du côté des gentils ? 

   - Je survis, répondit elle simplement en levant un sourcil. 

Jefferson souffla, un sourire mauvais sur les lèvres. 

   - Comme c'est pratique pour s'acheter une conscience. 

   - Tu as quelque chose à dire ? Vas-y te gêne pas, mais je te préviens que tu parviendras pas à me tenir tête longtemps. Je n'ai qu'un mot à dire pour que tu te retrouves sur l'autoroute le ventre criblé de balles. 

Il eut la sagesse de se taire, au grand plaisir de Thomas. Elle ne paraissait pas si méchante... s'ils avaient le moyen d'en faire une alliée, il ne fallait surtout la gâcher. 

   - Thomas c'est ça ? Vérifia-t-elle, c'est bien ta soeur là bas ? Il faudra que je te parle d'elle. Pas maintenant, l'arrêta-t-elle comme il se levait. La prochaine fois. 

Il se redressa tout de même et lui demanda quand elle allait sortir : 

  - Isa ? Où est ce que je t'ai déjà vu ? 

Elle leva les yeux dans les siens puis sortit. 


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NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant