Chapitre 13-1

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Les deux garçons levèrent Dario de force en lui jetant un bol d'eau de la rivière à la tête. C'était plutôt puéril, mais ils avaient besoin d'un retour à l'âge de l'insouciance. Le gamin se leva en sursaut, rouge de colère. Il comptait profiter de leur repos pour faire une grasse matinée. 

   - On a pas le temps, l'avertit Thomas après l'avoir empêché de leur sauter dessus en riant, on doit se préparer à partir. 

   - Alors tu vas mieux ! S'écria l'autre. Je savais que ça passerait ! Bon, j'avais un peu peur quand même, parce que mon cousin il avait eu une dépression et il s'était suicidé, mais... 

    - Il est où le bouton pause ? Demanda Jefferson en attrapant Dario. Il le souleva et l'emmena dans le salon en ignorant les cris de rire et d'indignation du plus jeune. Thomas les regarda s'éloigner en se disant que, si son ami ne l'avait pas secoué le soir précédent, il n'aurait pas pu assister à cette scène de joie pure. 

   - Tu viens Thomas ? Retentit une voix à l'étage en dessous. 

   - J'arrive ! Répondit-il joyeusement. Il était heureux d'avoir retrouvé ses amis. 


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   - Couvertures ? Vérifia Jefferson. 

   - Check ! Répondit Dario en pointant du doigt les plaids pliés sur le canapé. 

   - Trousses de toilette ? 

   - Check ! Dit Thomas en les apportant justement dans le salon. Il y avait mis plusieurs bouteilles de déodorant, deux tubes de bain de bouche et quelques rasoirs jetables pour Jefferson et lui. Il avait également trouvé de la lessive à sec dans les tiroirs de la salle de bain. 

   - Boites de conserve, pâtes, casseroles, réchaud et gourdes ? 

   - Check, check, check et check ! Il y a aussi du riz, précisa Dario. 

   - Je crois qu'on est bons, finit par dire Jefferson après avoir relu sa liste. Il nous reste plus qu'à remplir les sacs et on pourra profiter de notre dernière soirée dans ce paradis en bord d'Allier. 

Ils mirent donc au travail, et une heure plus tard ils avaient fini. Ils avaient réussi à empaqueter toutes leurs affaires dans deux sacs de randonnée et un plus petit pour Dario. Quand les autres ne regardaient pas, Thomas avait glissé quelques cartouches de cigarette dans le sien. Depuis qu'il avait testé deux jours plus tôt, il n'arrivait plus à s'en passer. 


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   - Moi aussi j'en veux ! râlait Dario depuis le début de la veillée. Ils avaient mangé des raviolis froids et lorsque Jefferson était allé chercher des fruits au sirop pour le dessert, il avait trouvé une bouteille de vodka. Ils n'avaient pas hésité à l'entamer. 

   - Arrête un peu, tu es trop jeune, répondit Thomas en lui soufflant sa fumée au visage. Il rigola lorsque le petit se mit à tousser. 

   - Tu devrais aller te coucher, de toute façon, intervint Jefferson en regardant la cigarette incandescente avec des yeux noirs. Il n'aimait pas que son ami en prenne si fréquemment, mais il préférait ça que de le voir se morfondre dans son coin. 

   - J'ai pas envie ! Répliqua l'autre, boudeur. 

   - Dario, ce n'est pas toi qui décide. Va-te coucher maintenant, le gronda-t-il sans méchanceté, mais suffisamment durement pour que le message passe

   - Tu n'aurais pas du le forcer, le tempéra Thomas quand il eut disparu en haut des marches de l'escalier. 

   - Tu ne devrais pas fumer, chacun ses péchés. 

Ils restèrent silencieux un moment, puis Thomas lui demanda en lui remplissant son verre : 

   - Si tu pouvais faire quelque chose, n'importe quoi, ce que tu veux, ce serait quoi ? 

   - Je sais pas trop... Je crois que ressusciter mes parents seraient très égoïste, et puis... ça fait drôle de dire ça mais je me suis habitué à les savoir là-haut. 

Thomas comprenait, il ressentait la même chose. Dans leurs vies, il y avait un avant et un après. Et leurs parents appartenaient à l'avant, ils n'avaient plus leur place dans leur temps. Tout avait été trop vite pour qu'ils en soient vraiment affligés, finalement Jefferson but une gorgée en grimaçant avant de continuer : 

   - Je ferai en sorte qu'on puisse recréer une nouvelle vie, sur cette nouvelle terre. une société plus juste et plus belle. On pourrait contourner toutes nos erreurs passées, le réchauffement climatique, tout ça...  Et toi ? 

Thomas tira une longue taffe avant de répondre : 

   - Je crois que je ferais venir Alix. Je suis sûr qu'elle est toujours vivante, quelque part... Et je ne supporte plus d'être loin d'elle. Je pense que si j'apprends qu'elle est morte aussi, je deviendrai fou. Ce n'est sûrement pas aussi utile et grandiose que ce que tu veux mais j'en ai marre de jouer au héros. C'est vrai, regarde nous. On est deux pauvres adolescents, partis en quête de savoir et de justice... On croirait un vieux feuilleton pour enfants. Alors on fait ça, et après je me trouve une maison comme celle-ci et je m'y installe avec Alix. On vivra heureux et nous aurons beaucoup d'enfants, conclut-il en finissant son verre. 

    - C'est beau aussi, je savais pas que t'étais romantique, pouffa l'américain. 

   - Tais toi ! Ressers nous au lieu de dire des âneries répliqua Thomas en éclatant de rire. 

Ils vidèrent la quasi-totalité de la bouteille et ils eurent du mal à monter les escaliers pour aller s'installer dans leurs chambres. 

Leurs mères respectives auraient ri, si elles étaient toujours là, devant ce qui était la première cuite de leurs fils. 




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Je sais ce que vous pensez 😂😂 ça fume, ça boit, c'est la décadence !!! Dites vous aussi que avant tout ça, c'était des ados et que avec l'apocalypse et tout ce qui l'accompagne, c'est normal de se lâcher.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant