chapitre I

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CERCUEIL ET CHEVILLE FOULÉE

BETH
Je me redresse doucement en m'étirant pour détendre mes muscles endoloris. J'étouffe un bâillement, j'ai dormi sur le petit canapé qui m'a fait un mal de dos indescriptible. Le pire c'est que je ne me suis même pas rendu compte d'avoir sombré dans les bras de Morphée.

Je jette un coup d'œil au cercueil ouvert devant moi, Daryl n'est plus dedans. Oui un cercueil rien que ça, on fait avec ce qu'on a dans ce nouveau monde. Il a dû bien dormir cet abruti !

J'ai passé la soirée d'hier à chanter au piano pour lui. Je pensais vraiment que mes chants l'agaçaient, du moins c'est les propos qu'il avait tenus quand il s'est énervé contre moi l'autre jour.

Je me lève tant bien que mal, même si j'arrive à peine à marcher à cause de la cheville que je me suis tordue hier et de mon mal de dos. Daryl rentre après avoir sécurisé une énième fois le périmètre même si je lui ai dit une quinzaine de fois que nous ne risquions rien ici.

Je l'aperçois fermer la porte d'entrée, je boîte dans le couloir en essayant d'atteindre la salle à manger. Il me tend la main comprenant que j'ai toujours autant de mal à avancer.

Je m'agrippe à son bras, exaspéré par la lenteur de ma cadence il met sa main dans mon dos et me soulève avec son autre main sous mes genoux.
- Viens-là marmonne t-il en me portant. Je souris et le remercie du coup de main.

Il me dépose sur la chaise, et s'assied en face de moi puis ouvre un bocal de pieds de porc en guise de petit déjeuner. Je me contente de beurre de cacahuète et de gelée au fruits rouges déniché sur place la veille.
- bon app' lâche t-il en se suçant les doigts un par un pour se les nettoyer.

Après avoir fini le petit déjeuner et débarrassé grossièrement ce qu'il y avait sur la table je m'assieds sur le plan de travail et dis à l'intention de Daryl :
- et si on restait ici ? juste un peu...
Il me fixe avec ses yeux bleus électriques et me dévisage en râlant :
- De toute façon tu t'attendais à courir un marathon ? Tu peux à peine marcher sans moi. Râle t'il. J'évite de lui répondre et lève les yeux au ciel, agacée par ses attitudes de bougon.

La situation a l'air de l'énerver, je sais qu'il n'aime pas rester longtemps au même endroit. Il dit qu'on s'affaiblît. Il aime encore moins les maisons, il passe son temps dehors à chasser tout ce qu'on peut se mettre sous la dent.

Je descends de mon perchoir et l'ignore, il n'est pas du matin. Il y a à peine quelques jours, quand il m'ignorait et qu'il bouffait son serpent grillé, j'aurais juré sur serment que sa mauvaise humeur était permanente. Mais il était dans ses mauvais jours, il commence à s'ouvrir un petit plus à moi, à sa cadence du moins.

Ce n'est pas quelqu'un de démonstratif, de tactile ou de sociable mais il est horriblement attachant à sa manière...

Voilà quatre jours déjà qu'on a fui la prison prise d'assaut par les hommes du gouverneur, tous les deux. Quatre longs jours qui me paraissent être une éternité sans ma sœur et ma famille de cœur. Par moment c'est comme si Daryl et moi avions toujours été tous les deux sur la route.

Quatre jours que le gouverneur, cet abominable être humain a décapité mon père avec un sabre en détruisant toutes les sortes d'espoir que j'avais pu bâtir dans cette prison. Notamment l'espoir de revivre dans un semblant de normalité. On aurait pu être heureux.

Quatre jours que je n'ai pas vu ma sœur Maggie, son époux Glenn, ma petite protégée Judith qui à mon plus grand désespoir n'a pas dû survivre à ce cruel monde... Carl le petit frère que je n'ai jamais eu, Rick mon deuxième père, et j'en passe...
J'ose espérer que tous les membres de mon groupe maintenant éparpillé en miettes vont bien.

moonshine || twd bethylOù les histoires vivent. Découvrez maintenant