Chapitre 4 : La source de la folie

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- Quoi ?! cria Gordon en ouvrant des yeux ronds. Tu deviens fou !
Le jeune homme s'attendait à cette réaction mais répondit avec plus de véhémence qu'il le désirait :
- Vous croyez que je vais m'amuser à inventer une histoire pareille ?! Il faut que je sorte sinon je vais finir exactement comme Sandor !
Cette prise de conscience l'effraya. Si un dragon de terre énervé était redoutable, un fils de Praeslia hors de contrôle représentait le chaos. S'il attaquait ses amis, il ne resterait aucun survivant. Au lieu de la calmer ou de l'attrister, cette éventualité l'enflamma d'autant plus et il suffoqua de rage.
Mais ce n'était pas contre les autres qu'elle était dirigée mais contre lui-même et le danger qu'il représentait. Soudain, il comprit qu'il haïssait secrètement cette part de lui violente qui le rendait hors de contrôle et menaçait ses proches.
- Nous allons quitter cette mine, d'accord ? proposa Gordon en adoptant un ton calme. Tout va bien se passer.
Aymeric soupira, brusquement démoralisé. A quoi bon ? C'était inutile : il était un danger ambulant prêt à se déchaîner à tout moment. Il n'avait encore jamais blessé personne ou ressentit une colère si vive au point de perdre la tête et tuer autrui. Mais ce n'était qu'une question de temps. Car il le sentait tapi au fond de lui, son potentiel destructeur. Et à chaque fois qu'il engageait le combat, c'est comme si une bête féroce se réveillait et se mettait à tourner en rond, prête à jaillir.
- Aymeric ? Parle-moi, dis-moi ce qui se passe, ordonna gentiment Gordon.
Le jeune homme essaya de s'exprimer mais aucun son ne sortit de sa gorge nouée. Il se haïssait et cette colère, cette peur, cette tristesse qu'il n'avait jamais décelé auparavant enflaient dans sa poitrine au point de lui faire mal.
Il sentit que sa raison s'égarait et dans un éclat de lucidité, il comprit ce que la mine avait comme effet sur ceux dont le sang de dragon coulait dans les veines : elle réveillait leur soi profond, ce qu'ils pensaient réellement sans oser le dire, ce qu'ils étaient réellement sans oser le montrer.
Et elle démultipliait ces impressions secrètes au point de rendre fous ceux qui cachaient un trop lourd fardeau dans leur cœur. Les victimes ne pouvaient que subir, incapable de se soustraire à son emprise. La réflexion d'Aymeric se retrouva noyée sous une avalanche de sentiments qui balaya sa volonté et s'abattit sur lui avec tant de force qu'il en tomba à genoux. Gordon se précipita vers lui pour l'aider à se remettre sur pieds mais Aymeric s'écarta en hurlant :
- Non ! Ne me touchez pas ! Que personne ne me touche ! Je ne suis pas ce que vous croyez, je suis dangereux !
- Ce que tu racontes n'a aucun sens Aymeric ! Reprends-toi !
Le jeune homme savait que son mentor disait vrai mais il ne parvenait pas à se raisonner. Il fallait qu'il s'exprime et de sa bouche sortaient des vérités qu'il tentait d'ignorer depuis des années et qu'il s'était soigneusement dissimulé.
- Tout fait sens ! répondit-il alors que des larmes ruisselaient sur ses joues. Je suis né pour la guerre, j'ai ça dans le sang ! Tuer est l'héritage de ma mère ! En tant que fils de Praeslia, je ne suis bon qu'à ça.
Gordon eut un mouvement de recul et balbutia :
- F...Fils de Praeslia ?
La réaction du chevalier dragon confirma ce qu'Aymeric craignait : il était différent même des autres demi-dieux, il inspirait la crainte. Il était une calamité, presque une abomination. Gordon se ressaisit et dit :
- Ce n'est pas grave. Viens, nous allons regagner l'extérieur, retrouver les autres.
- Je ne veux pas sortir d'ici ! Je vais les mettre en danger, un jour ou l'autre...
- Tu préfères rester dans ce tunnel sombre et mourir de faim et de soif ? l'interrogea son ancien maître. On dirait un enfant capricieux Aymeric. Tu es un homme maintenant, un chevalier dragon. Ne te laisse pas terrasser aussi misérablement !
Les paroles de Gordon glissèrent sur lui.
- Je m'en fiche. Je ne veux voir personne, c'est mieux comme ça. Laissez-moi s'il vous plaît. Laissez-moi seul...
Gordon s'apprêtait à protester quand des voix féminines résonnèrent non loin d'eux. Aymeric reconnu le timbre de Lysange et Ourania. Elle criaient tandis qu'une lueur tremblotante se rapprochait des deux chevaliers dragons.
- Gordon ?
- Aymeric ?
- Nous sommes ici ! cria Gordon. Aymeric ne va pas bien, il refuse de partir.
La lueur se précisa et bientôt deux silhouettes émergèrent des ténèbres de la mine. Lysange tendit sa bougie à sa jumelle et se précipita vers Aymeric qui, malgré son envie, n'eut pas la force de la repousser.
- Qu'est-ce qui lui arrive ? demanda sa compagne à Gordon.
- La mine a un effet sur lui. Il a dit...Il a dit qu'il était un fils de Praeslia.
- Il n'a pas menti, confirma Ourania. Lys, je n'aime pas cet endroit. Partons.
- Un instant Ourania. Aymeric a besoin d'aide. Tu m'entends ? interrogea t-elle le jeune homme en passant une main dans ses cheveux noir de jais.
Ce tout petit geste fit fondre les mauvais sentiments qui tourbillonnaient dans la poitrine d'Aymeric. Pour un temps. Une inspiration plus tard, ce tumulte néfaste qui l'empêchait de se comporter normalement revint à la charge. Ses yeux s'embuèrent et il murmura :
- Je ne peux pas sortir. Pour votre bien.
- Mais nous avons besoin de toi dehors, insista la sylphe. Ta place est avec nous. Hydronoé va t'attendre.
Même son dernier argument ne fit pas ployer le jeune homme. Sa compagne soupira, remonta la manche de son manteau et chuchota :
- C'est pour ton bien.
Elle le gifla de toutes ces forces. Gordon poussa un cri de surprise et Ourania grimaça, compatissante. La douleur sortit Aymeric de son état second. Il se redressa vivement en faisant sursauter Lysange, sécha ses larmes et déclara :
- Il faut partir. Maintenant.
Il se concentra sur la sensation de sa joue qui pulsait et chauffait. La souffrance l'aidait à conserver sa lucidité, qu'il savourait avec délice. La honte le brûlait après avoir exposé à Gordon cet aspect pitoyable et pleurnichard. Depuis quand gémissait-il sur son sort dans le secret de son cœur ?
- Je crois que cet endroit fait ressortir chez nous nos sentiments les plus enfouis. J'ignore ce qui cause cela mais il est difficile des'en défaire, expliqua t-il. Comment avez-vous réussi à passer Sandor ?
- Nous l'avons maîtrisé, annonça Ourania avec une certaine fierté. Nous avons profité d'un moment de confusion de sa part pour l'assaillir et l'assommer. Les autres sont en train de le tirer hors d'ici. Est-ce qu'on peut sortir ? J'ai envie d'air frais et de manger.
Elle agrippa la main de sa jumelle en fredonnant doucement. Les effets de la mine sur elle semblaient moindres, sauf si elle n'était pas encore très affectée. Ils effectuèrent le chemin retour et se perdirent à deux reprises dans le dédale de galeries.
Chaque fois que la colère et son cortège néfastes de sentiments revenaient, Aymeric se pinçait le bras jusqu'au sang pour conserver l'esprit clair et tranquille. En revanche, plus le temps passait et plus Ourania se collait à Lysange et soupirait avec un air déprimé sur le visage.
- Je suis tellement faible...finit-elle par avouer.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? s'enquit sa sœur en la surveillant de près.
- Je parle de mon enveloppe humaine. Les autres sont grands, forts, ils font adultes. Et moi je ressemble encore à une enfant. Je fais une tête et demie de moins qu'eux et je suis toujours dernière lors des entraînements physiques. Je me trouve pathétique, pas toi ?
Lysange lui passa un bras autour des épaules et la tira contre elle pour la réconforter.
- Tu n'as rien de pathétique. Si tu es comme ça c'est parce que tu m'as sauvé en te transformant trop tôt. C'est plutôt de ma faute. Toi tu as consenti à un grand sacrifice en te métamorphosant pour m'éviter la mort. Et si ton apparence humaine te fait honte, sache que tu es la plus impressionnante sous ta apparence de dragon. Personne n'égale ta taille et encore moins ta vitesse. Tu traverses les cieux comme une comète, c'est magnifique à regarder. Moi je suis très fière de t'avoir pour sœur.
La sylphe ébouriffa la tignasse de sa jumelle et un rare sourire éclaira le visage d'Ourania. Aymeric se demanda si l'emprise de la mine pouvait être défaite par les mots car les paroles de sa compagne calmèrent la dragonne d'air jusqu'à ce qu'ils retournent à l'air libre.
Comme les deux chevalières l'avaient expliqué Sandor était neutralisé et solidement attaché par des cordes et des chaînes.
- Vous aviez besoin de le transformer en poisson piégé dans un filet de pêche ? demanda Gordon.
Le groupe se retourna vers eux d'un bloc et un large sourire de soulagement s'afficha sur le visage des plus vieux. Venerika se précipita vers Gordon et lui sauta au cou, à la grande surprise de ce dernier.
Aymeric prit un grand bol d'air frais et son calme revint presque instantanément. Après une petite minute, il avait retrouvé toute sa lucidité et resta éloigné de l'entrée de la mine.
Il compta les effectifs et remarqua qu'Alaman et Firenza manquaient à l'appel. Son regard glacé s'arrêta sur un corps allongé recouvert d'une cape à côté d'un petit tas de cendres où des flammèches brûlaient encore. Il serra les dents en comprenant très bien ce qui s'était produit.
Quatre des siens étaient morts lors de cette mission. Au moins ce n'était pas en vain : Sandor était sous contrôle et ne risquait pas de s'échapper. Le dragon de terre commença d'ailleurs à remuer et ne tarda pas à ouvrir les yeux. Ils s'éloignèrent instinctivement d'un pas en portant la main à la garde de leur épée.
Sandor grimaça et essaya de se lever. Les entraves autour de son corps l'en empêchèrent et il retomba lourdement avec une exclamation de surprise. Totalement réveillé, il demanda sans parvenir à cacher sa stupeur :
- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que je suis attaché ? Nous ne sommes plus dans la mine ?
Gordon fut le seul à oser se poster près de son frère et l'interrogea d'un ton doux :
- Comment est-ce que tu te sens ?
La question étonna le dragon de terre qui répondit néanmoins :
- Confus. Je me souviens que nous sommes arrivés au fond de la grotte et après...plus rien. Quelqu'un peut m'expliquer ce qui s'est passé ?
- Tu n'as rien ressenti de spécial en étant dans la mine ? Quelque chose dont tu devrais nous faire part ? insista Gordon sans lui répondre.
Sandor sembla un peu perplexe et constata qu'il était dévisagé de manière appuyée et que de l'hostilité planait dans l'air. Il hésita puis se ravisa en secouant la tête.
- C'est important, dit Gordon. Il faut que tu en parles.
Son jumeau soupira de résignation et déclara presque en chuchotant:
- J'ai commencé à être en colère. Au début ce n'était rien, juste un fond de contrariété. Puis elle s'est mise à enfler de plus en plus. C'était difficile de me contenir mais je me suis concentré pour la faire taire et je n'ai rien dit. Mais elle montait. Ensuite nous avons atteint le fond de la mine et là je...
Il s'interrompit et un cri d'horreur lui échappa. Il s'agita nerveusement et murmura :
- Par les dieux, qu'est-ce que j'ai fait ? Gordon, qu'est-ce que j'ai fait ?
- Ce n'est rien mon frère. C'est fini, ce n'était pas de ta faute.
Aymeric se retint d'intervenir, tout comme les autres. Dire «ce n'est rien» était exagéré. Plus d'une semaine et quatre morts avaient été nécessaire pour maîtriser le dragon et l'extirper de la mine. Mais par respect pour Sandor qui n'y était pour rien et aurait sans doute bien assez de remords par la suite, il s'abstint et ses compagnons demeurèrent gravement silencieux.
- Pourquoi vous ne dites rien ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Dites-le moi ! paniqua Sandor en se contorsionnant pour se soustraire à ses liens, la respiration courte.
Tous commencèrent à sortir leur épée et Gordon leva les mains en signe d'apaisement. Il ordonna à son frère :
- Calme-toi ! Je t'en prie Sandor, calme-toi !
Son jumeau obéit mais ses yeux débordaient de questions et d'angoisses. L'ancien maître d'Aymeric fit face à ses compagnons d'armes et déclara :
- Nous pouvons le libérer : il est à nouveau lui-même.
- Un instant, intervint Thaha. Il y a encore une chose que je dois vérifier et Sandor va me servir de cobaye.
Elle tira une bourse de sa ceinture et le dragon de terre demanda avec inquiétude :
- De quoi s'agit-il ? Qu'est-ce que tu veux me faire ?
- Vérifier une hypothèse. C'est purement scientifique.
Elle fixa longuement Gordon qui hésitait à s'écarter. Finalement le chevalier dragon fit deux pas sur le côté, lui laissant le champ libre pour aller vers son frère. Elle fit couler une poignée de poussière sombre dans sa main et s'arrêta devant Sandor qui ne quittait pas la poudre presque noire des yeux, incertain. Alors qu'ils'apprêtait à poser une question, Thaha souffla la poussière dans sa direction. Sandor inspira et éternua à plusieurs reprises et s'exclama en secouant la tête :
- Ça pique le nez ! Tu en as d'autres des idées comme ça ? Tu espérais quel résultat ?
- C'est pour vérifier une hypothèse, répéta la dragonne du savoir sans cesser de l'observer.
- Quelle hypothèse ? l'interrogea son cobaye. Parce que pour le moment je...
Le dragon de terre s'arrêta au beau milieu de sa phrase sans raison apparente et tous retinrent leur souffle. Soudain il courba le cou et grogna :
- Ça...Elle revient. C'est si fort et elle...Je ne...Pourquoi ?!
Son rugissement de rage les fit sursauter et les yeux dorés de Sandor se braquèrent sur Gordon qui puisa dans son courage pour ne pas reculer. Les épées quittèrent les fourreaux et se pointèrent vers lui mais le dragon ne remarqua rien et continua de crier à l'intention de son frère d'âme :
- Pourquoi tu m'as abandonné ?!
La surprise rendit la parole à Gordon qui s'écria :
- Mais c'était il y a des années !
- Tu crois que ça change quelque chose ?! J'y pense chaque jour en me demandant quand est-ce que tu recommenceras !
- Nous en avons déjà parlé ! se fâcha à son tour Gordon. J'ai juré sur ma vie de ne plus jamais te laisser derrière moi !
- Mensonge ! rugit Sandor. Le seul moyen pour que tu ne t'en ailles pas une seconde fois, c'est de te garder à mes côtés par tous les moyens, même la force s'il le faut !
- Tu es complètement fou...
- Fou ? ricana son jumeau. Tu oses m'insulter après tout ce que j'ai fait pour toi ? Qui t'a tiré de ta vie de misère et de brigandage en te montrant la voie à suivre et en te présentant au roi d'Alembras ? Qui t'a soutenu alors que les autres te tournaient le dos lors de la mort de ta femme et ton fils ? Qui venait chaque fois te chercher dans un bar sordide alors que tu dormais à même le sol dans ton vomi et sans plus te souvenir de ton prénom ? Qui a subi ton caractère exécrable à cause de l'alcool ? Moi. Toujours moi et seulement moi. Je suis resté à tes côtés et même quand tu me traitais comme un moins que rien, je n'ai pas songé à te tourner le dos une seule fois !
Gordon garda le silence et Aymeric ne put s'empêcher d'être surpris par les révélations de Sandor. Il savait déjà que son maître avait été alcoolique et que son passé était assez trouble et parsemé de deuils. Mais il ignorait qu'il avait été un criminel et que sa famille était morte.
Ses amis aussi s'étonnèrent en écarquillant les yeux, contrairement aux plus âgés qui connaissaient Gordon. Le dragon de terre continua de tempêter mais l'attention du groupe se retrouva détournée par Thaha qui déclara :
- Mon hypothèse est confirmée. Comme je le pensais, nos réactions ont été provoquées par ceci.
Elle brandit son petit sac et l'agita. Kardia demanda :
- Et qu'est-ce que c'est ?
- De la poussière que j'ai ramassé dans la mine. Mais pas n'importe laquelle : celle de cette nouvelle roche que Notterey extrait depuis peu.
- Nous parlons bien de ce caillou noir avec des cristaux blancs que le roi veut exporter sur tout le continent dans peu de temps ? s'enquit Mirzal.
- Celle-là même. Nous devons immédiatement descendre et regagner la capitale pour les prévenir. Il faut condamner les mines et empêcher Notterey de vendre ces pierres. Sinon les accidents impliquant des dragons vont se multiplier aux quatre coins d'Amaris et la situation va échapper à notre contrôle.
- Aerine, Lysange, Ourania et moi allons nous charger de prévenir le roi, déclara Venerika. Quand à vous soignez les blessés, laissez Sandor se calmer et prenez soin des morts.
Les chevaliers dragons obéirent et Aymeric se chargea des corps avec l'aide d'Hermas, Hydronoé, Lisbeth et Brazidas. Ils prirent les effets personnels des morts en ne laissant que les vêtements. Le jeune homme évita à tout prix de lever le regard vers les visages cireux aux traits figés de ses amis. Il effleura par mégarde la peau d'Alaman, déjà froide. Cela lui rappela la fois où il était descendu dans la morgue du palais d'Ondre pour voir les ossements de sa famille. Son cœur se serra douloureusement et Hydronoé dit avec douceur :
- Ils vont revenir. Ce n'est pas une fin, juste un repos.
Aymeric acquiesça fermement et se concentra sur sa tâche. Ils déposèrent Alaman et Zacharie côté à côté et, comme le sol était trop dur pour y creuser une tombe, Brazidas se transforma et incinéra les corps.
Il cracha des flammes ardentes jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de ceux qui étaient leurs amis. Aymeric avait la nausée. Ils ramassèrent les cendres encore brûlantes et laissèrent le vent de la montagne les disperser en les déversant dans le vide. C'était étrangement solennel mais c'était le moins qu'ils pouvaient faire.

Chevalier dragon : Tome 3 : Le crépuscule du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant