Chapitre 21 : Un problème nommé Alaman

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Ils se posèrent sur la gigantesque place devant le palais. La princesse se rendit compte de la faiblesse dans ses membres affaiblis par l'angoisse quand elle mit pied à terre. Elle vacilla et se rattrapa à Brazidas.
- Tout va bien ? s'inquiéta son jumeau.
- Oui. J'ai juste besoin de me dégourdir les jambes.
Elle fit mine de les étirer pour occuper son esprit.
Son père descendit et poussa un soupir d'aise.
- J'adore voler mais regagner la terre ferme a du bon aussi !
- Tu te fais vieux Alaric ! lança une voix claire depuis l'autre bout de la place.
Le roi Médéril avançait vers eux avec son éternel sourire bienveillant et ses yeux bleus brillants de gentillesse. Malgré tous ses efforts pour le détester, Lisbeth n'y parvenait pas. Elle appréciait celui qui allait bientôt être son beau-père. Elle le trouvait encore plus sympathique depuis qu'elle savait qu'il était le père d'Aymeric.
Ce n'était pas étonnant qu'une déesse se soit entichée d'un tel homme. En plus d'avoir un physique agréable et un caractère doux, il faisait un excellent roi, lui qui n'était pourtant pas destiné au trône. Derrière lui venait Ezimaël. Il ressemblait énormément à sa mère autant qu'à son père mais Lisbeth ne put s'empêcher de grimacer.
Heureusement le prince ne lui prêta aucune attention. Il n'était pas désagréable à regarder, tout comme ses parents. Mais le problème, c'était qu'il n'était pas son type d'homme. Elle compara brièvement le frêle jeune homme brun avec Alaman. Si l'un était fragile et maigre, l'autre était tout en muscles quoique plus trapu. Ils avaient la même peau pâle mais là où celle d'Ezimaël paraissait maladive, celle du chevalier dragon était blanche comme la neige des contrées du Nord et tranchait avec sa chevelure de feu et l'abîme de son regard où brillait perpétuellement une étincelle moqueuse.
Elle détourna les yeux avant qu'il s'aperçoive qu'elle l'observait avec trop d'insistance.
Pourtant elle aurait continué de le détailler toute la journée si elle en avait eu le loisir. Elle n'aimait pas se l'avouer mais il la rendait folle. Pas uniquement à cause de son physique, aussi splendide soit-il, mais aussi par son caractère. L'assurance qu'il dégageait, son côté taquin et nonchalant, sa pointe de sauvagerie et son comportement libéré. C'était sans doute ce qui la fascinait le plus : Alaman n'avait aucune limite autre que celle qu'il se fixait.
Il vivait comme il l'entendait, sans se soucier de l'avis des autres. Elle enrageait de le voir en permanence séduire des femmes autant qu'elle l'enviait. Il allait d'une conquête à une autre, libre comme l'air. Les codes sociaux étaient sans prises sur lui et il était très heureux de la vie qu'il menait. Il profitait de sa jeunesse et de ses charmes comme Lisbeth ne pourrait jamais le faire. Elle avait néanmoins essayé par le passé, avec Alaman justement.
C'était arrivé par hasard, le soir de l'adoubement des chevaliers. Elle avait accompagné son père jusqu'au château des gardes en compagnie de Brazidas, pour être introduite au groupe des jeunes chevaliers dragons le lendemain. Son paternel lui avait conseillé de profiter de la soirée et elle s'était mêlée à la foule avec une idée précise en tête.
À cette époque elle savait déjà que son mariage avec Ezimaël approchait à grands pas. Avant de se retrouver avec la bague au doigt, et la corde au cou, elle avait tenu à faire un dernier coup d'éclat. Un ultime acte de rébellion. Et pour ça, elle avait besoin d'un homme. Un homme charmant de préférence. Et ce soir là, elle avait croisé la route d'Alaman. Elle avait jeté son dévolu sur le rouquin parce qu'elle le trouvait à son goût et aussi parce qu'il semblait totalement ivre et batifolait avec chaque jeune femme de passage. Le pigeon parfait.
Elle n'avait eu qu'à s'approcher avec un sourire séducteur et un balancement de hanches exagéré pour qu'il la remarque. La suite s'était faite naturellement, pour son plus grand étonnement. Alaman était sans aucune hésitation un beau parleur mais il avait aussi beaucoup d'humour. Il l'avait mise à l'aise en quelques heures. Les verres devin qu'elle avait bu avait sans doute aidé à cela aussi.
Après une heure de conversation et quelques danses, elle s'était sentit prête pour le grand saut. Et, saoul, Alaman ne s'était pas fait prier. Il l'avait conduite jusqu'à sa chambre. Et quelle chambre ! Lisbeth n'avait jamais vu un tel capharnaüm ! C'était un miracle qu'elle ne soit pas tombée en s'empêtrant dans tout ce bazar.
Ce qu'elle n'avait pas prévu à ce moment-là, c'était de tomber amoureuse d'Alaman au cours de la nuit. Ses sentiments n'étaient pas nés à cause de l'acte en lui-même. Elle n'était pas assez folle pour s'enticher du premier venu juste parce qu'elle avait fait l'amour avec lui. C'était le comportement d'Alaman à son égard qui l'avait fait succomber.
Là où un autre homme, surtout un homme ivre, aurait d'abord songé à son plaisir personnel sans se soucier de sa partenaire, il avait fait tout le contraire. Il s'était entièrement offert à elle. Elle aurait pu faire ce qu'elle voulait de lui. Ce qu'elle avait désiré, il le lui avait accordé. Et ça n'avait rien à voir avec le semblant de gentillesse et la fausse obéissance des serviteurs qui l'avaient côtoyé au palais d'Ondre. Il ne jouait pas un rôle. Il était sincère, dévoué, soucieux de son bien-être.
Elle qui s'était attendue à des heures difficilement supportables, elle en conservait un bon souvenir. Un trop bon souvenir. Quitter le lit d'Alaman s'était avéré plus compliqué qu'elle l'avait imaginé. Non seulement parce qu'Alaman la gardait serrée contre lui mais aussi parce que son visage si paisible l'avait encouragé à demeurer à ses côtés. Mais elle n'avait pas cédé. Elle avait songé qu'ils se reverraient bientôt. Après tout, il portait l'uniforme de la garde des chevaliers dragons.
Et effectivement, leurs routes s'étaient croisées dès le lendemain. Elle ne s'était pas attendue à être aussi heureuse de le revoir. Mais sa joie avait été de courte durée quand elle avait constaté qu'Alaman ne se souvenait plus du tout de leur nuit ensemble. Ou du moins elle le soupçonnait de faire semblant.
Et cela l'avait vexé. Alors qu'elle n'aurait pas dû. Après tout ce n'était qu'une nuit et lui un parfait inconnu. C'est à ce moment-là qu'elle avait compris qu'elle était tombé amoureuse d'Alaman Sparx. Quelle erreur ! La seule qu'elle ne devait jamais commettre : s'attacher. Mais c'était trop tard.
Elle avait tenté de combattre son attachement. De trouver des défauts à Alaman, de le critiquer, de le rabaisser pour qu'il devienne odieux avec elle en retour. Mais rien n'avait fonctionné. Il se contentait uniquement de l'ignorer et ne communiquait avec elle que dans le cadre des missions. Elle le vivait mal mais c'était mieux ainsi.
De toute façon tout ce qu'elle entreprenait finissait par mal tourner, d'une manière ou d'une autre. Elle avait essayé de garder le secret sur sa nuit avec Alaman mais sans réussir à s'y tenir jusqu'au bout. Dans le nord, elle avait tout avoué et de manière très...directe. Elle ne le regrettait pas. Son seul remord était d'avoir profité de la faiblesse du jeune homme pour son bonheur à elle. Dormir à ses côtés, le soigner, vivre en sa compagnie...Ça aurait été un moment heureux de son existence si Alaman n'avait pas été aussi mal en point.
Grâce à ce voyage elle avait au moins compris pourquoi il jouait les séducteurs. S'attacher à une femme pour le restant de ses jours équivalait à mourir. À se soumettre pour la vie à une figure d'autorité féminine. Et Alaman ne pouvait pas le supporter. Il voulait décider et diriger sa vie. Dans le fond, ils se ressemblaient. Même si le rouquin aurait préféré mourir que de l'admettre.
Lisbeth soupira et repoussa son côté sentimental. Inutile de trop rêver à l'impossible. Alaman aurait toujours une place de choix dans son cœur mais il valait mieux pour elle de le retrancher dans les confins de son esprit. Bientôt elle ne le verrait plus. Il poursuivrait sa vie loin d'ici, libre comme l'air. Et elle serait cloîtrée ici, prisonnière de cette montagne à jamais. Son visage s'assombrit à cette pensée mais elle se composa une allure digne quand le roi Médéril approcha pour la saluer.
- Bonjour Lisbeth. Tu as fait bon voyage ?
- Il est passé très rapidement mon roi. Et vous, comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ?
- À merveille. J'ai demandé à ce qu'on te prépare ta chambre habituelle. Ça te va ?
Elle osa répondre :
- J'aurais préféré une chambre au côté de mes camarades. Je suis encore dans la garde des chevaliers dragons pour quelques temps après tout.
Le roi Médéril acquiesça et elle jura avoir vu une lueur triste traverser son regard. Est-ce que son commentaire l'avait attristé ? Elle en doutait. Le roi Médéril possédait un côté sensible mais il n'était pas poussé au point de larmoyer pour un rien ! Ezimaël vint la saluer à son tour. Elle trouva qu'il avait changé, dans le bon sens du terme.
Il paraissait un peu plus large d'épaule et moins maigre, en meilleur forme qu'auparavant. Comme toujours, il demeura distant et se contenta d'une révérence polie qu'elle lui rendit. Il s'éloigna ensuite immédiatement, ce qui était plus surprenant. D'ordinaire il essayait d'échanger quelques mots avec elle. Le mariage devait le rendre nerveux. Son fiancé déclara :
- Père, je vais conduire les invités jusqu'à leurs appartements.
- Fais donc. Souviens-toi juste de ne pas être retard pour ton dîner avec ta mère.
Le jeune homme acquiesça et guida les chevaliers dragons dans les couloirs du palais. Il conversa joyeusement avec Aymeric et Zacharie, pour la plus grande surprise de Lisbeth.
Elle ignorait qu'il savait se montrer si jovial et ouvert. D'ordinaire il faisait timide et hésitant. Le voir rire à gorge déployée la surprenait. Elle se dit qu'il était heureux de revoir son demi-frère. Ils avaient l'air de bien s'entendre tout les deux. La princesse glissa un regard en direction de son jumeau. Elle avait toujours rêvé d'avoir des frères et sœurs et depuis que son vœu était réalisé, elle ne pouvait même pas en profiter.
Une fois seule dans sa chambre, située en face de celle de Brazidas, elle jeta son sac de voyage sur le lit puis se laissa tomber à côté de lui. Cette nuit une réception aurait lieu dans la salle de bal, pour commencer à fêter l'union du lendemain. Elle mourrait d'envie de ne pas y participer, de tout envoyer promener. Elle ne voulait pas voir le gratin de la société danser et s'empiffrer en prévision de son futur malheur.
Mais ainsi allait les choses. Elle devait se plier à cette cérémonie odieuse sans broncher, du fait de son titre de princesse. Est-ce qu'elle aurait été plus heureuse si elle avait vu le jour dans une famille modeste ? Seuls les dieux le savaient.
Elle retira sa tenue de vol et enfila l'uniforme de la garde. Dès qu'elle se glissait dedans elle, se sentait instantanément plus forte, plus courageuse. Elle aurait aimé se rendre à l'autel dans cette tenue. En portant ce rouge feu, l'épée au côté et les bottes de cuir claquant sur le marbre. Elle aurait plus d'allure qu'avec sa grosse robe meringue ridicule et encombrante.
Quand tout serait fini, elle la brûlerait. Dans un coin sombre de la montagne, elle allumerait un brasier gigantesque et la plongerait dedans. Elle prendrait plaisir à voir les flammes ramper sur le tissu et le dévorer. Elle en ferrait l'offrande à Ignaïré pour la remercier de la débarrasser de cette horreur.
Mais avant ça, elle devrait l'enfiler et se marier. Au fond ce n'était pas si compliqué : elle n'avait qu'à faire semblant, jouer un rôle et sourire. Se forcer pour quelques heures, juste le temps de dire oui et d'enfiler cette stupide bague. Puis vivre sa nuit de noces et rester coincée dans le rôle de la pondeuse d'héritiers jusqu'à ce que son horloge biologique lui retire cette capacité une fois bouffie par ses multiples grossesses.
Comme elle se sentait oppressée dans sa chambre, elle décida de prendre l'air en se promenant sur les rives du lac. En sortant du palais elle vit Aymeric et Lysange main dans la main. Ils marchaient en direction des jardins en se regardant amoureusement. Lisbeth aurait été jalouse si elle ne les trouvait pas déjà absolument adorables. Bien entendu, elle affichait une expression neutre à l'extérieur mais à l'intérieur elle soupirait d'aise devant tant de complicité. Ces deux là étaient faits pour être ensemble. Ils se complétaient et s'entendaient à merveille, c'était appréciable à voir. Leur couple redonnait un peu d'espoir à Lisbeth. Il existait encore en ce bas monde des gens qui pouvaient s'aimer librement.
Elle se rendit bien compte qu'elle vivait l'amour à travers eux, par procuration. Mais elle se fichait d'être pathétique ou fleur bleue. Après tout personne ne se trouvait dans sa tête pour découvrir sa façon de penser. Et c'était très bien comme ça !
Elle reprit sa route quand Aymeric et Lysange eurent disparus de son champ de vision. Elle déambula dans les rues propres et bien entretenues de la capitale, jusqu'au lac. Elle se déplaça le long de la rive bordée de sable grisâtre. L'air était doux en dépit de l'altitude et le soleil pâle lui réchauffait la peau. Il finit par lui donner chaud. Vraiment chaud. Elle transpirait dans ses vêtements et avisa l'eau claire qui clapotait contre le rivage. Lisbeth tourna sur elle-même pour s'assurer que personne ne se trouvait dans les environs. Elle était loin de la ville et proche d'une forêt.
Ni une ni deux, elle se dévêtit. Elle retira même ses sous-vêtements et plongea dans l'eau fraîche. Elle fit des brasses sans trop s'éloigner de la rive et s'amusa à plonger pour toucher le fond. Elle jouait la sérieuse face aux autres mais en réalité, elle aimait jouer. Elle en avait eu si peu l'occasion quand elle était petite qu'elle se profitant maintenant, loin de sa mère et de son armée de nourrices aux allures sévères.
Elle attrapa presque un poisson mais il lui fila entre les doigts au dernier moment. L'eau défit sa coiffure et elle laissa ses longs cheveux flotter à la surface. D'ordinaire elle les maintenait attaché pour des raisons pratiques mais, pour une fois elle, s'autorisa à se laisser aller. Elle chantonna tout en nageant et, après une longue heure de baignade, elle regagna le rivage où elle s'étendit, offrant son corps nu à la chaleur du soleil. Elle fredonna toujours tandis qu'elle séchait, étendue en étoile sur le sable. Ce fut un «bon sang !» surpris et choqué qui interrompit son moment de détente loin du monde.
Elle se retourna vivement vers l'intrus, une main tendue vers ses vêtements et prête à saisir son épée. Elle se calma en découvrant qu'il s'agissait uniquement d'Alaman. Il se couvrait le visage avec la main, rouge comme une pivoine du cou jusqu'aux oreilles. Il était vraiment amusant quand il jouait les prudes. Alors que durant leur nuit ensemble il avait su se montrer infiniment créatif et audacieux.
Lisbeth ne chercha pas à se rhabiller. Si quelqu'un pouvait la voir dans le plus simple appareil, c'était bien lui. Lors de cette fameuse soirée il lui avait dit qu'elle était belle et qu'il adorait l'harmonie que dégageait ses courbes. Qu'il assume ses paroles car s'il avait oublié, ce n'était pas le cas de Lisbeth. Le jeune homme se retourna et demanda :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Ça ne se voit pas ? Je prends un bain de soleil.
- Tu aurais pu garder quelque chose, dit le rouquin. On pourrait te voir, ce n'est pas convenable...
- Je ne pensais pas que tu serais un jour gêné de voir une femme nue, commenta t-elle d'un ton badin.
Elle prenait un malin plaisir à le taquiner. C'était sa douce revanche à elle.
- Tu es fille de roi ! s'exclama t-il. Et bientôt mariée !
Sa réaction agaça Lisbeth. C'était donc tout ce qui le gênait ? Son titre ? Elle s'enquit :
- Et si je n'étais pas fille de roi ? Si j'étais une femme ordinaire, issue d'un milieu plus modeste, qu'est-ce que tu ferais ?
Elle savait qu'elle n'aurait pas doute pas dû poser la question, pas avec autant d'empressement.
Alaman hésita avant de donner sa réponse. Une hésitation qui lui donna un peu d'espoir. Finalement, il déclara :
- Mais tu es fille de roi.
Elle enragea intérieurement. Elle allait lui faire manger le sable, le noyer dans le lac, le faire rôtir au soleil ! Ce qu'il était idiot, un parfait crétin ! Énervée, elle s'écria durement :
- Alors va t-en et laisse-moi en paix. Il est indécent pour un homme de basse extraction de poser les yeux sur le royal fessier d'une princesse.
Il ne se fit pas prier et s'en alla au pas de course, augmentant la fureur de la jeune femme. Elle frappa le sable du poing en retenant un cri. Vexée, elle s'assit en tailleur sur la plage, les bras croisés. Elle le détestait quand il se comportait comme ça. Elle maugréa contre lui une bonne dizaine de minutes avant de renfiler ses vêtements.
Elle regagna la capitale et acheta à marchand ambulant un sachet de pâtisseries. Elle mangea pour faire passer sa frustration. Alors qu'elle marchait, elle vit au loin Ezimaël et Zacharie qui se promenaient eux aussi au loin. Ils se perdirent vite dans la foule. Elle haussa un sourcil. Depuis quand ces deux-là étaient-ils amis ? Son fiancé devenait sociable, une grande première ! Cela lui donna le cafard. Elle le côtoyait depuis des années mais ignorait tout de lui. Elle allait se marier avec un parfait inconnu. Pour la peine, elle avala deux pâtisseries d'un coup. Il n'en restait déjà presque plus.
Elle regagna le palais avec le coucher du soleil. Aussitôt, un serviteur se précipita vers elle et couina sur un ton protocolaire :
- Votre mère, la reine d'Alembras, requiert votre présence dans ses appartements au plus vite.
Elle ravala le soupir qui lui montait aux lèvres, exaspérée. De mieux en mieux ! Cette journée n'avait donc pas de fin ? Elle se laissa guider dans les couloirs alors qu'elle avait déjà fait le trajet des centaines de fois. Dès qu'elle fit un pas dans la suite de ses parents, sa mère s'écria :
- Mais où étais-tu ? Le bal va débuter dans deux heures. Et qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ? Qu'est-il arrivé à tes cheveux ?
Lisbeth ne se donna pas la peine de répondre. Sa mère se fichait bien du pourquoi du comment. D'ailleurs elle se détournait déjà d'elle pour ordonner à des servantes de sortir les robes et préparer le maquillage. Elle se laissa habiller, coiffer et peinturlurer sans se rebeller. Elle était soudain très lasse. Sa mère ne cessa d'accabler les domestiques de reproches car rien n'était assez bien pour elle. Lisbeth fit de son mieux pour ignorer ses réprimandes et se détendre.
Ce soir serait sa dernière soirée de célibat. Elle devait se forcer pour en profiter un minimum. 

Chevalier dragon : Tome 3 : Le crépuscule du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant