Chapitre dix-sept : Tom

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Le fuyard est rapide, mais l'endurance a été mon salue ces dernières années et ce n'est clairement pas son cas, il a tout donné au départ et depuis il ralentit indubitablement.

Nous avons croisé une ou deux âmes errantes, mais rien d'inquiétant et personne n'intervient quand je lui saute dessus. Il se retourne et chute avant que je ne l'atteigne.

— Tu bouges, mec, je t'égorge !

Mon couteau sanglant est pointé vers lui, ce n'est pas une très grosse lame, elle fait huit centimètres environ, mais elle est foutrement aiguisée et le mec en a conscience. Le type obéit, je suis soulagé. Devoir le tuer sur la voie publique aussi violemment aurait laissé des traces. Je prends l'initiative de le ramener dans l'immeuble de Kale. C'est mon mentor après tout, c'est à lui de décider.

Le gars rechigne et traîne des pieds, il doit savoir qu'il mourra sûrement. Il cherche une issue pour s'échapper. Il espère peut-être croiser un de ses collègues.

— Accélère sinon je te saigne, lui murmuré-je au creux de l'oreille.

Il tressaute et presse l'allure. Au dernier moment, a à peine quelques mètres de la porte, il tente de partir en courant, mais je l'arrête en tirant violemment sur son tee-shirt qui se déchire. Mon arme contre sa gorge, je le pousse à l'intérieur du bâtiment où la lumière verdâtre éclaire les flaques de sang. Ce n'est pas rouge, elles ont l'aspect d'une marre noire avec des reflets verts nimbés de pourpre. Kale est là au milieu des cinq cadavres. Je ne pense pas avoir été très long, je suis étonné qu'il soit venu à bout des assaillants qu'ils restaient.

— Bien joué. Monte chez moi. Dans le tiroir que j'ai ouvert d'où j'ai pris tout ça, déclare-t-il en englobant la corde et les bâtons lumineux, il y a une sorte de lampe torche, descends avec s'il te plaît et vérifie que l'invité aille bien.

J'obéis et me permets de ramasser l'une des sources de lumière pour monter, c'est la première fois que je peux réellement voir les escaliers. Kale m'a appris à les utiliser sans jamais me les montrer, j'espère que plus tard, ils me feront moins flipper, à moins que Kale déménage ce qui règlerait le problème.

Le manque de rambarde me donne le vertige et pourtant en temps normal le vide ne me dérange pas des masses, mais dans ce lieu frais et délabré il me met mal à l'aise.

Une fois dans la pièce, j'allume, vérifie que Jun respire encore, ce qui est le cas, il est même un peu plus calme, c'est rassurant. Je fouille dans le tiroir et au milieu d'autres bâtons lumineux, d'aérosol et matériel en tout genre je trouve la fameuse lampe. Je la cale dans ma poche avec ma lumière d'appoint et descends par la corde en me précipitant moins que tout à l'heure, ce qui change tout pour mes paumes. Je me suis brûlé lors de mon premier passage, j'ai la chair à vif par endroit.

— Feignant, se moque Kale.

Un splash gluant ponctue mon atterrissage. Il y avait du sang. Je dois faire peur à voir. Je ne rêve que d'une douche et de dormir, j'ai le corps moulu des coups que j'ai pris. J'ai la chance d'avoir pu tous les encaisser. Quand ils m'ont fait tomber, j'ai compris que si je tentais de me relever ils frapperaient plus fort et sur des zones que je préférais garder intactes. Alors je me suis roulé en boule et j'ai attendu le moment opportun pour répliquer.

Kale s'empare de l'objet et le braque sur le mec en face de lui. Il a un œil qui commence à se fermer. Kale et lui ont dû avoir un échange houleux.

La lumière noire éclaire le visage de l'homme et son torse presque entièrement découvert, son tee-shirt pend mollement, retenu par un bras. Il n'y a rien sur son cou, mais sur son flanc droit luit un éclair. C'est un Survoltés, ce qui corrobore ce que nous a raconté Jun.

Au-delà de l'encreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant