Chapitre trente-six : Tom

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Je trépigne et je meurs de chaud sous ma cagoule, mais je sais que L'Elec va finir par passer par-là. Ce n'est pas le chef du groupe, mdes informations que j'ai, il est quand même dans les plus hauts gradés. Le message que je vais lui transmettre va forcément être entendu.

Le bruit tranquille de pas sur l'asphalte se répercute dans la ruelle où je suis planqué. Ce n'est pas trop tôt !

Le mec me dépasse sans me voir.

Je surgis de derrière lui et passe un bras en travers de sa gorge alors que de l'autre j'attrape son poignet pour le ramener dans son dos dans une clef douloureuse.

Il hurle, mais nous sommes seuls et même si ce n'était pas le cas, personne ne viendrait l'aider. Ce n'est pas dans la nature des gens de prêter secours. Au contraire, si quelqu'un a entendu, il a certainement fui.

— Bonsoir, dis-je la voix traînante. J'imagine que tu sais pourquoi je suis là, mais je vais te l'expliquer pour que ce soit limpide. Les Elecs dépassent les bornes. D'ici demain toute la Zone doit retrouver une alimentation classique, sans coupure de courant ou baisse de régime. Suis-je clair ?

Il essaie de répondre, mais je l'étrangle un peu trop... à escient

— Il va falloir parler un peu plus fort, je n'entends rien.

— Compris.

Il tremble, je me demande même s'il ne s'est pas pissé dessus. Si les vivants aussi se mettent à se vider sur moi, je ne vais pas m'en sortir.

— Prends la suite comme l'unique avertissement, il vaut pour toi et pour les autres.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je le précipite au sol et le cueille avec un coup de pied dans l'estomac. Suivi d'un second, puis d'un troisième et de quelques-uns supplémentaires.

Il ne se défend pas, il attend, je n'ai même pas à sortir mon couteau.

Une fois qu'il a eu son compte, je fouille la banane qu'il porte et ses poches et c'est le jackpot. Je regrette de ne pas avoir de sac, je suis obligé d'en mettre dans mon caleçon.

Content de moi, je prends des détours et me rends au QG apporter le pognon en croisant les doigts pour qu'on m'en refile une partie et faire mon compte rendu. C'était un jeu d'enfant. J'espère que Kale s'en sort aussi bien et que nous torcherons vite ses histoires avec les Nourriciers et les Oubliés. L'idée qu'il puisse avoir des ennuis avec eux ne m'enchante pas.

Même si je n'ai plus rien de ce que j'étais avant, cette mission m'expose. J'ai même troqué ma veste en jean contre une en cuir marron. C'est la même que Kale, sauf que la sienne est noire. C'est le cadeau que je me suis fait avec ma première grosse rentrée d'argent. La mission avait été du gâteau aussi. Un Boiseux qui vendait des malfaçons. Des meubles avec des défauts. Qui aurait cru qu'un membre d'un clan si petit oserait prendre des risques, mais il paraît qu'ils ont dû mal à survivre. Pourtant, ils collaborent avec les Mécas pour certaines parties des vélos et avec les Alkooleurs.

Quoi qu'il en soit, que les gens franchissent les limites est bon pour moi. Au moins je ne meurs pas de faim et je ne manque de rien tant que les autres tentent d'enfreindre les accords tacites entre les clans.

Au-delà de l'encreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant