Je suis exténué. Kale a tenu à me faire des points à l'arcade. Je ne m'étais même pas aperçu qu'elle avait éclaté, je crois que sur le moment je ne l'ai même pas senti. Nous avons bu tous les deux des infusions fournies par Tade pour ne pas taper dans le stock – sûrement plus efficace – destiné à Jun. Je n'ai plus vraiment mal de toute façon, il faudrait que je me lave. J'ai la nuque et le cou qui me démangent. C'est un des effets de la crème occultante, au bout d'un moment elle me file des boutons. Mais j'ai peur que l'eau de la douche réveille Kale. Il avait le teint gris, j'ai peur qu'il soit plus mal en point que ce qu'il prétend. Lui aussi va avoir besoin de repos, l'une des deux blessures était sérieuse et la morsure dans son muscle est profonde.
Elle est vraiment mal engagée cette histoire. Je ne sais pas combien de temps nous allons pouvoir rester planquer ici. Les Rédempteurs vont peut-être nous assigner une mission que nous puissions la faire ou non. Si nous acceptons et que nous nous ratons, nous sommes morts. Si nous refusons, j'imagine que c'est considéré comme de la trahison et c'est la mort aussi. Si c'est ça l'avenir, nous aurions dû laisser les mecs nous buter.
Quoi que ça m'aurait privé de la vue sublime de Kale nu, son sexe à quelques centimètres de ma tête pendant que je faisais mes points. Et que dire de son superbe cul ! Une belle pomme, j'y aurais mordu volontiers dedans. Quel dommage qu'en plus de l'entraînement nous ne nous donnions pas du bon temps, mais il est clair que je ne l'intéresse pas, il n'a jamais de regard concupiscent.
J'essaie de trouver une position plus confortable sur ce canapé un peu trop dur et finit par m'offrir au sommeil.
— Pisser, murmure une voix.
Je mets un moment à comprendre ce qui se passe. Jun essaie de se redresser, mais la douleur doit être trop violente, il n'y parvient pas.
Voyant que son agitation n'a même pas réveillé mon mentor, je vais l'aider.
Comme Any me l'avait dit, Jun n'arrive pas à se servir de l'une de ses jambes. Elle tressaute à peine quand il cherche à la bouger. Il arrive malgré tout à faire son affaire.
— Vous auriez dû me laisser crever.
La voix de Jun est pâle comparée à celle de mes souvenirs et elle est saccadée.
— Tu vas guérir. T'as simplement besoin de temps.
— C'est pas juste du temps qui peut arranger le carnage.
— Mais si. Viens à table, je vais te faire à manger et te filer les trucs des Pharmacos.
Jun, dont les cheveux noient son visage me cachant ses traits, regarde le lit puis la cuisine et finalement se laisse entraîner. Il serre les dents et avance fièrement, même si c'est doucement et cramponné à mon bras. Il avait le même air bravache sur les trois premiers mètres quand nous avons quitté le QG des Pharmacos, puis j'ai dû le porter.
— Comment va Kale ?
— Ça va, je pense que c'est surtout le saignement qui l'a épuisé. Mais j'ai une question, combien étaient les mecs qui t'ont agressé ?
— Six... Je n'ai pas fait le poids. Je pensais qu'ils me bousculeraient un peu, puis qu'ils me foutraient la paix... J'ai compris trop tard que c'était pas leur but.
— T'as pas à te justifier. On les a tous butés, cette histoire est réglée.
— Elle l'est pas tout à fait, intervient Kale que nous avons fini par déranger. Il nous faut nous débarrasser des corps.
— Je le ferais cette nuit.
Kale clopine jusqu'à nous, d'un signe, il m'a empêché de venir l'aider.
VOUS LISEZ
Au-delà de l'encre
Научная фантастикаDans la Zone, il n'y a qu'un moyen de survivre, rejoindre un clan et arborer sa marque. Au sein de cette micro-société coupée du reste du monde, la vie est dure et les ressources sont rares, sauf peut-être la drogue. Après des années à n'être qu'une...