Le Murmure des Pierres (version non améliorée)

Préface

Cher lecteur, chère lectrice,

Avant de vous aventurer sur les terres glacées de nos ancêtres, avant même de commencer la lecture de ce livre, je tiens à préciser certaines choses et vous parler d'autres.

Premièrement, je souhaite introduire l'idée des Humanités.

Pendant plusieurs milliers d'années, la Terre était peuplée d'une multitude de peuplades humaines. Homo Sapiens Sapiens, Neanderthalis, Floris, Erectus... Durant cette période, il n'était pas rare et il a été prouvé qu'un Sapiens et un Neandertal ont pu se mélanger, se croiser, s'aimer et enfanter, mais aussi avec un Homme de Denisova, dont une phalange avait été découverte en Allemagne.

En effet, notre génome européen et asiatique contient des traces de ces mixages de population (de 1 à 5% en fonction des populations). La mixité de nos peuples est une réalité.

Durant le Paléolithique Moyen, entre - 100 000 ans et - 40 000 ans, les Hommes de Cro-Magnon ont rencontrés notre cousin, le Néandertal, sur ces steppes et ces gorges peuplées de rennes, de rhinocéros laineux, de mammouths, de bisons, de cerfs élaphe, et d'antilopes saïgas. Plusieurs migrations de l'Homme dit "moderne" ont eu lieu.

À titre d'exemple, voici quelques points de repères pour vous donner une idée à quel point la "Préhistoire" est finalement si proche de nous :

- 40 000 ans environ, les Hommes ont peint la Grotte de Chauvet.

- 15 000 à - 18 000, les Hommes ont peint Lascaux.

Lorsque les Egyptiens construisaient la Pyramide de Khéops, les derniers mammouths laineux mourraient lentement dans le nord de la Sibérie. Oui, vous avez bien lu, les mammouths ont disparu il y a 4 000 ans seulement.

Mais le grand mystère réside sur la disparition même de notre cousin humain le Néandertal. Maladies, guerre, changement climatique, nous n'en savons absolument rien. Car l'Homme de Néandertal a connu plusieurs glaciations sur notre continent Européen, il a occupé plusieurs biotopes (c'est-à-dire, plusieurs milieux naturels). Il a vécu autant en plaine et en steppes, qu'au bord de la mer ou dans les hautes montagnes (jusqu'à 2 000 mètres d'altitude).

Aucune trace de leur disparition n'est suffisante pour dégager une théorie suffisamment solide pour nous dire : « C'est ça qui a causé sa disparition. »

Certains paléoanthropologues et archéologues précisent néanmoins que plusieurs ossements, dans des zones de travail liées à la chasse (débitage, dépeçage, etc) portent des traces de silex, des traces de découpes et donc de boucheries.

On sait donc que certains corps humains, des Néandertals, ont donc été "découpés". Est-ce là une preuve de cannibalisme ? Est-ce une possible raison de leur disparition ?

Nous savons néanmoins qu'au fur et à mesure de l'arrivée de Sapiens sur son territoire, Neandertal s'est retrouvé retranché sur des territoires toujours plus petits, et sans doute que le brassage génétique, peu suffisant, a causé sa perte sur le très long terme. A moins que son cousin Sapiens Sapiens soit devenu un concurrent toujours plus compétitif, et ait grignoté son territoire pour s'imposer plus durablement sur ces terres, jusqu'à ce que Néandertal se retrouve obligé de se fondre dans la population grandissante de l'Homme "moderne".

Nous n'avons aucune certitude et peut-être que nous n'aurons aucune réponse à nos questions. Ce que nous pouvons néanmoins affirmer, c'est que Homo Neandertalis était doué de parole, d'outils, d'art et de parures. Ils avaient très certainement une société organisée, des clans, des traditions... Et une culture orale importante qui, évidemment, ne laisse aucunes traces archéologiques.

Non, l'Homme de Néandertal n'était pas une bête sauvage vêtu de peau, avec des épieux durcis au feu, à grogner et frapper sa poitrine velue. Ils étaient évolués, et les premières sépultures humaines, avec des offrandes ont été observées par ... des Néandertals, en plein Moustérien, donc au Paléolithique moyen, il y a donc - 100 000 ans à - 40 000 ans !

Ainsi, nous arrivons à la seconde partie de ma Préface : la Préhistoire et ses interprétations.

La Préhistoire est une période extrêmement riche. On parle de dizaines de millénaire d'histoires humaines, de croyances, d'amours, de familles, de trahisons et peut-être de conflits, de voyages et de découvertes.

Je ne me lasse pas de la contempler, de réfléchir et de lire de nombreux ouvrages sur le sujet. Si cela vous intéresse, je peux vous laisser une bibliographie sur laquelle je me suis basé et me base toujours pour construire ce roman. Cette période est extrêmement longue, variée en fonction des territoires.

L'art pariétal, la confection des outils, la maîtrise du feu, la maîtrise lithique (taille de la pierre) ... Que dire ? Par quoi commencer ?

Le roman se déroule quelques 50 000 ans avant notre ère. C'est l'époque où les premiers Hommes vont bientôt peindre Chauvet en Ardèche, l'époque où des statuettes d'Homme-Lion ont été réalisés, où Neandertal a croisé son cousin venant d'Afrique, Homo Sapiens Sapiens.

L'agriculture n'existait pas à cette époque. La domestication des animaux (chiens, chevaux, chèvres, vaches, etc) n'est pas encore envisagée, ou en tout cas, les traces de domestication n'ont pas encore été retrouvée (changement de la morphologie des corps d'animaux, comme les chiens, ou de sépulture animale et anthropologique).

Très récemment néanmoins, des traces de domestication du loup peuvent remonter à - 40 000 ans. Peut-être allons-nous trouver des exemples plus anciens encore ? Et pourquoi pas ?

Sur le sujet des sépultures et autres sujets morbides autour de la Préhistoire, je peux vous conseiller une chaîne Youtube (Boneless Archéologie) ou encore les conférences du Musée de l'Homme "Néandertal et ses morts" présenté par le paléoanthropologue Bruno Maureille ou encore "L'Homme de Néandertal aux pieds des Pyrénées" présenté par Amélie Vialet.

Comment faire pour capturer un tarpan (petit cheval du paléolithique) ? Comment apprivoiser un loup, ou même un isatis (renard des steppes) ? Comment s'y prendre et d'où vient l'idée même de dresser un animal sauvage, eux qui sont si libres de fouler la terre comme bon leur semble ?

Tout est possible. Tout est imaginable. Comme l'interprétation des peintures rupestres.

La théorie la plus répandue reste celle du shamanisme. Célèbre, mais plus tellement d'actualité. Peut-être étaient-ce simplement des artistes ? Des gens qui, comme nous, font un petit graphitis tels des street-artistes d'avant l'heure ?

Ils ont quand même inventé la perspective, le mouvement, les couleurs, les pochoirs, la peinture minérale, les pinceaux en poils de renne, les lampes à graisse - qui ne faisaient ainsi pas de fumée. Qu'avons-nous vraiment inventé, finalement, de l'art ?

Vous le remarquerez, je ne réponds à aucune des questions. L'archéologie, ce sont des interrogations à ne plus finir. Jamais d'affirmations.

On interprète. On analyse. On émet des hypothèses. On murmure aux pierres et aux os, mais jamais ils ne nous répondent clairement.

Ce que vous lirez est faux, ou peut-être vrai. On n'en saura jamais rien, et c'est là aussi la magie de la Préhistoire : on interprète les possibles, on met bout à bout les dernières découvertes.