I. Âme sœur contre nature

Chapitre 58 ✅

Lorsqu'Arwen a fermé les yeux, elle s'était sentie enfin libre. L'avoir vu, senti et touché ce court moment l'avait faite partir en paix.

Elle ne voulait pas le laisser, pas sans avoir connu ce qu'est la vraie vie, entourée de ceux qu'on aime et qui nous aime, sans plus aucune peur pour la hanter jour et nuit, juste une vie simple entourée de ceux qui l'ont sauvée, mais son âme était trop affaiblie et son corps finalement brisé par ces derniers coups qu'elle a supporté tant d'années.

Ils ont dit stop. Et quoi qu'en dise son cœur, il ne suffisait pas à enrayer ses douleurs.

Mais au fond, elle ne regrettait pas tant que ça d'être partie. Même si certaines facettes la peinait, elle n'était pas naïve et sait que, qu'importe la personne, aucune vie n'est idyllique. Il a toujours à un moment donné, des problèmes, des coups de gueule, ou tout simplement le fait de devoir supporter de perdre des êtres chers à cause du temps ou des aléas de la vie.

Et ça, elle n'aurait pu le supporter. Elle serait devenue folle, son âme et son corps déjà bien trop marqués de cicatrices indélébiles.

Elle avait alors accueillie la mort à bras ouverts, sereine.

Mais alors qu'elle se dirigeait vers la douce lumière des contes, une atroce douleur l'a prise. Elle a vu toutes les veines de son corps noircir alors qu'un liquide brûlant les parcourait.

Elle s'est cambré, a voulu crier à pleine voix son atroce douleur, mais aucun son n'est sortit. Elle est resté paralysée quelques secondes les plus longues de toute sa vie.

Puis, lorsque son corps a reprit son apparence normale, la lumière a disparue d'un coup et elle s'est retrouvée plongée dans le néant.

Sans savoir comment ni pourquoi, elle sentait son corps se modifier, des changements étranges en train d'opérer.

Ne rien voir, ni ne pouvoir bouger était assez angoissant. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, ni si cela faisait vraiment partie du rite de passage d'un monde à un autre, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle était loin de l'avoir imaginé ainsi.

Elle ne sait pas combien de temps elle est restée ainsi, mais lorsque ses yeux se sont finalement fermés, il ne se sont pas rouverts sur la même obscurité, mais sur la lumière.

Sa rétine agressée les lui fait refermer rapidement en même temps qu'elle pousse un grognement.

Alors qu'elle sent son cœur pulser plus vite dans sa poitrine, elle garde les yeux fermés le temps de le calmer en respirant profondément. Le son sortit de sa bouche était tout sauf normal, mais elle met cette intonation grave sur le fait qu'aucun son n'a franchit ses lèvres depuis un moment.

Lorsqu'elle lève à nouveau ses paupières, ses yeux ont toujours du mal à s'adapter à la lumière pourtant déclinante.

-Arwen, l'interpelle une voix.

Elle s'assoit brusquement sur le lit, surprise, mais se bouche rapidement les oreilles lorsqu'elles sifflent, agressées également, pourtant, il n'a pas crié, mais elle l'a ressenti comme tel.

Inquiète, elle ferme les yeux et serre fort ses oreilles, n'osant plus bouger.

Une main se pose sur son épaule, la faisant sursauter, et une présence s'infiltre dans sa tête, se voulant rassurante.

Ce qu'il t'arrive est normal. C'est un effet secondaire temporaire, que tu peux faire cesser toi même. Concentres toi sur tes yeux et tes oreilles, et imagines que tu mets un fin voile devant eux.

Arwen obéit lentement, et impose cette image dans son esprit.

L'effet est immédiat.

Lorsqu'elle rouvre les yeux, elle a une vision et une ouïe normales.