Chapitre 46 ✅

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Devant les expressions toutes plus horribles les unes que les autres qu'elle voit défiler dans les yeux des elfes en face d'elle, elle baisse la tête, préférant les éviter, afin de ne pas péter un plomb devant tout le monde.

Ses poings sont si serrés par la rage que ses ongles rentrent dans ses paumes, laissant perler quelques gouttes de sang sur la scène, que Lastalaica remarque immédiatement.

Il se fait cependant retenir par Michael qui le dissuade d'un signe de la tête d'interrompre cette cérémonie.

Il ne peut pas se vanter de connaître cette cérémonie elfique, mais il connaît l'importance d'un tel moment. Une cérémonie d'intronisation elfique doit être aussi sacrée qu'une succession d'Alpha au sein d'une meute de loups.

Même si la voir ainsi ne le laisse pas indifférent et l'inquiète, jamais il ne se permettra de monter sur cette estrade, la rejoindre. Non seulement cela provoquerait à coup sûr un scandale de voir un loup se mêler de ce qui ne le regarde pas, mais en plus, cela ferait passer l'héritière pour faible, ce qui n'est pas souhaitable en plus d'être faux.

Il prie juste pour qu'elle parvienne à maîtriser ses émotions et ne pas agir impulsivement devant tous ces gens qu'elle devra un jour gouverner.

Impassible, le Roi continue.

-Notre fille bien-aimée a vécu bien des épreuves. Elle est devenue à son tour chasseuse, tout souvenir d'être une elfe, d'avoir une famille et un peuple sur qui compter, effacés par sa propre mère, sous les injonctions du chef ennemi. Contrainte à éliminer les siens et nos alliés les loups, elle a apprit à se battre dans ce monde cruel comme nul autre n'aurait su le faire. Puis, par un miracle inattendu, elle a rencontré son âme sœur, l'Alpha Suprême Michael, du peuple loup Garou. Dès que leurs yeux se sont croisés, son esprit à commencer à émettre des hésitations. Ce n'est que grâce aux loups et à l'Elfe d'Argent Mardil, son Protecteur, qu'elle a pu nous revenir. Faire lever le voile de son conditionnement n'a pas été chose aisé, certains en ont été blessés,  mais sa détermination, sa témérité et son envie intense de liberté l'ont aidée à arriver jusqu'ici. Aujourd'hui, sa mémoire lui a été rendue, et elle a effectué une petite demie semaine intensive d'examens elfiques pour jauger son niveau de maîtrise magique qu'elle avait déjà bien acquise lors de son apprentissage les cinqs premières années de vie. C'est au cours de ces moments qu'elle a découvert le pouvoir que la Déesse lui a confié à travers son sang. Depuis, elle s'est exercée à le découvrir, mais ses limites ne semblent pas avoir de fins. Othar, après un Examen coriace qui a failli mal tourner, emporté dans l'adrénaline du combat que certains d'entre vous ont pu observer, a jugé qu'elle avait toutes les capacités nécessaires pour être Confirmée et intronisée.
Maintenant vous savez tout. Ma compagne et moi vous présentons toutes nos plus sincères excuses pour ce grossier mensonge, et vous prions de nous en excuser.

Sur ces dernières paroles, les deux souverains s'inclinent devant leur peuple, quémandant ainsi leur pardon.

La surprise passée que de telles personnes s'abaissent à un geste pareil, les autres elfes finissent par faire de même, les pardonnant.

Cette scène terminée, tous regardent la jeune elfe restée silencieuse jusqu'ici malgré l'envie d'exprimer le fond de sa pensée, il y a quelques instants.

Le Roi percevant cette intriguement, la place devant lui et lui souffle.

-Je pense que tu devrais dire quelque chose. Fais ce comme bon te semble et surtout, sois toi-même, lui dit-il devant son air surpris, douteuse quant à la marche à suivre.

Elle hoche vigoureusement de la tête et s'avance, plus confiante, une lueure décidée passant dans son regard.

-Je vous remercie de votre compréhension envers le Roi et la Reine. Contrairement à ce que la majorité peut penser, ce n'est pas moi qui ai le plus souffert de cette décision mais bel et bien eux. Moi, je n'avais plus aucun souvenir, et d'un côté, ça m'a aidé à passer cette étape de ma vie. Mais je vais vous dire une bonne chose, si c'était à refaire consciemment, eux comme moi le referons sans hésiter. Alors vous apitoyer sur mon sort ne sert à rien. Être triste ou avoir pitié ne changera jamais ce qui a pu se passer. D'ailleurs, pour être plus claire, je déteste voir cette expression dans vos regards, lance t elle sous les regards étonnés de tous, le ton rude. Vous devriez être fiers, nous soutenir et nous remercier, mais en aucun cas être peinés. S'ils ont fait ça, c'est pour vous. Avoir pitié ne fait que renforcer notre mal être, en plus d'être inutile. Approuver, comprendre et soutenir est bien plus utile, et nous conforte dans notre choix. En plus, vous vous mentez à vous même. Je suis sûre que la grande majorité d'entre vous, avant d'être triste pour moi, était soulagée de ne pas avoir été massacrée par les chasseurs.

I. Âme sœur contre natureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant