100 jours et l'éternité

Jour 99

Te souviens-tu ?
Quelle question ! Bien sûr que non tu ne te souviens pas. Comment pourrais-tu te souvenir ne serait-ce que d'un fragment de nos vies qui se sont croisées alors même que je tente de conserver en moi tout ces lambeaux de précieuses minutes, d'instants qui ne se reproduiront plus ?
Je tente maintenant seule de garder en mémoire ces sentiments, ces couleurs et ces sensations que je crains de ne plus jamais sentir vibrer en moi. Les tiens se sont évadés au gré du temps comme les feuilles de l'arbre qui tombent désormais sous notre fenêtre.
Tu avais fait cette toute nouvelle recette qui te donnait tant envie.
J'avais un peu fait brûler le tout comme il était courant chez moi. Je me souviens que tu aimais rire de mon défaut de talent culinaire et que tu déployais ta patience sans fin à essayer de me faire réussir là où j'échouais auparavant. Malgré cela, ensemble, nous avions réussi ce que nous n'aurions pas réussi seules.
C'était ça être avec toi.
Regarder le jour se coucher et le soir se lever sans s'oublier, sans se dire qu'une
de nous deux disparaîtra sûrement avant l'autre. Nous formions un tout, le genre de tout qui n'existe que dans les films que tout le monde trouve trop parfait, le genre que tout le monde envie secrètement de vivre. Tu étais de celles qui font s'épuiser les jours plus vite que les mots, qui nous font perdre haleine et perdre nos repères dans l'existence. Comprendre simplement ce que signifie le mot « vie » et cette adrénaline si spéciale qui court dans nos veines.
Tu étais tout ça. Et aujourd'hui j'ai compris le sens du mot toujours quand j'ai réalisé que partout où j'étais, tu demeurais encore.