Jour 79

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La première fois que j'ai ri, c'était le printemps.
Les journées étaient belles et la température commençait son ascension après des
jours de pluie en continu.
Il m'a surpris, spontanément il s'est échappé de ma bouche.
Ce jour-là, le poids de mon chagrin s'était allégé et l'espace d'un moment tout m'avait paru plus facile, presque futile mais lorsque la réalité m'a rattrapé, la culpabilité m'a percuté de plein fouet et elle a rouvert toutes les plaies, qui sont restées à vif pendant des jours voire des semaines.
Pour un simple instant j'ai regretté d'avoir à nouveau pu éprouver de la joie dans un monde où ta présence n’était plus.
Les autres fois, je m'y suis résignée car je savais que je ne pourrais pas
m'empêcher de vivre éternellement.
Je devais m'autoriser à aller de l'avant, accepter que la souffrance s'atténue
quelque peu et revivre ces moments de bonheur qui avaient peuplés ma vie avant l'accident.
Tu seras toujours là, dans un coin de mon esprit, une part qui restera à jamais inatteignable, toi, ce fantôme qui vit à présent dans mon passé.
Et quelque part, chaque fois que je ris c'est un cri du cœur à ton intention. Je
réalise que la séparation est difficile mais la perspective de te retrouver un beau matin égaye mes journées d'espoir. J'ai faite de celles-ci une ode aux instants insouciants que tu ne possèdes plus et je survis pour comprendre quel est le sens de tout ça, si tant est qu'il en possède un.

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant