100 jours et l'éternité

Jour 15

Je suis allée faire les courses aujourd'hui.
J'ai mis trois fois plus de temps que d'habitude surtout au moment de payer, lorsque le caissier du supermarché, tu sais, celui, sympathique qui nous aidait,
avec qui nous plaisantions souvent, a demandé de tes nouvelles. Je n'ai pas su quoi répondre, simplement mon coeur a lâché une seconde fois, ce que je ne
pensais pas possible depuis le temps. Je l'ai regardé, mes yeux se sont embués et j'ai murmuré tout bas : « Elle ne reviendra pas ».
Je ne savais pas réellement s'il m'avait entendu, ma voix pas plus haute qu'un
souffle mais j'ai vu son visage se décomposer, et ses joues rougies sous la gêne il s'est rapidement excusé.
Encore une fois la pitié suintait de son regard comme tout les autres et je ne l'ai pas supporté. Alors toutes les autres fois, j'ai tout fait pour ne pas le croiser. Je changeais toujours de caisse si je l'apercevais et je faisais la queue pendant longtemps même lorsque sa caisse était vide.
Un jour, quand j'y suis retournée, comptant bien recommencer mon manège, j'allais rentrer lorsque je l'ai aperçu prendre sa pause à l'entrée. J'ai tâché de garder les yeux baissés mais il s'est approché de moi. J'ai paniqué, j'aurais préféré que l'on continue de s'ignorer mutuellement après cet incident. Mais il était venu me voir pour me parler. Il m'a parlé de la bague. Celle que tu comptais m'offrir le soir où j'ai tout gâché. Je me suis retenue de pleurer tout le long de son récit et je suis rentrée à vive allure, sans même prendre la peine de respecter les limites de vitesse. J'ai retourné la maison de fond en comble pour la trouver et, alors que je
m'apprêtais à abandonner je l'ai trouvé. Elle complétait parfaitement la tienne que je gardais toujours autour de mon cou.
« Oui ».
C'est ce que j'aurais répondu si tu étais toujours en vie.