Jour 37

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J'ai cherché à comprendre pourquoi. Pourquoi, qui avait décidé de ton
départ ? Qui avait décidé que ma vie devait être vécu et la tienne écourtée ? Que nous devions être séparées de façon si brutale ? Je m'imaginais pourtant partir première, ta main serrant la mienne pour la dernière fois. Après des années nous
n'avions plus besoin de mots pour se comprendre, plus besoin de formuler des phrases. Il nous suffisait d'interpréter les silences, que nos regards se croisent pour tout ressentir et j'aurais aimé mourir avec toi. Mourir avec tes yeux dans les miens, ta paume chaude agrippée à mes doigts froids. Me sentir comme m'endormir
paisiblement et te retrouver une petite éternité plus tard.
Les choses ne se sont pas passées comme je l'envisageais. Je savais que la vie était imprévisible mais j'aurais souhaité qu'elle soit un peu moins cruelle. Parce que qui me serrera la main quand mon tour viendra ? Qui croisera mon regard quand le bip sonore de la machine deviendra strident ? Et cette petite éternité, elle s'est désespérément allongée, me faisant frémir d'impatience.
C'est pourtant si paradoxal ! Les minutes sont longues néanmoins j'ai cette impression constante que j'ai à peine cligné des yeux depuis que tu es partie.
J'aimerais que tu n'ai pas autant souffert, ne plus me réveiller la nuit avec tes cris.
Mais même si c'est une torture de repasser en boucle tes moments d'agonie, je me souviens de ta voix, et j'ai si peur de me rendre compte un jour que je n'en connaîtrais plus le son.

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant