Jour 17

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On ne peut pas s'empêcher de s'en aller, d'abandonner ceux qui restent. On est déchirés de devoir se quitter de cette brutale manière, on a appris à ne pas explorer le fond des choses, ce que tout ça impliquait réellement. Parce qu'on ne se plonge pas dans la douleur. On tente d'en faire abstraction. C'est quelque chose que l'on souhaite oublier, détruire et remplir cet idéal de monde heureux inculqué aux enfants depuis toujours. Mais le plongeon dans la douleur, c'est une étape nécessaire pour comprendre comment en sortir car c'est comme évoquer un sujet dont l'on ne saurait rien, il n'y aurait pas de discussion sinon celle, basée sur des mensonges. J'ai accepté de plonger dans ma douleur pour en extirper la
beauté, pour en sortir ces émotions qui nous prennent aux tripes, pour y trouver une raison de rester, d'espérer de nouveau, de changer ce qui a besoin de l'être pour que ma vie ne soit pas cette balançoire en déséquilibre, mon corps se balançant d'avant en arrière dans les roches de cette falaise immense. J'ai eu si peur que tu m'abandonnes et j'ai mis longtemps à accepter que même si j'ai aujourd'hui ce sentiment d'abandon en moi qui grandit, ce n'est pas ce qu'il y
paraît, pas une volonté, juste un instant de chaos dans l'obscurité de cette nuit
noire, les phares éteints et aucune lumière pour éclairer ces pavés sombres dans la ruelle. Non, ce n'était pas un choix. Jamais.

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant