Jour 3

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J'ai dû leur dire qui tu étais. Pourquoi, comment. Est-ce que c'était bien
toi au volant ? Qu’est-ce que nous avions fait pour nous retrouver dans une telle situation. Je ne savais pas. Non, je ne savais pas, je ne voulais pas savoir. Au fond je me mentais à moi-même. Je leur mentais à eux aussi. Je savais très bien comment, pourquoi. Parce que c'était admettre qu'on avait merdé. Sacrément merdé. J'ai essayé de nombreuses fois de te sauver quand tu ne répondais plus au téléphone, quand tes yeux étaient plus vides que tout ce que j'avais pu voir auparavant, quand tes paroles se faisaient plus discrètes, presque inexistantes, comme si les mots ne pouvaient plus sortir de ta bouche, comme si tu luttais contre tes propres démons. J'ai essayé de te sauver mais je ne pensais pas que la
vie t’achèverait avant que toi-même tu ne le fasses. Je n'ai pas réussi. Je n'ai pas réussi et je n'ai plus la chance de pouvoir réessayer. Ce n'est plus un jeu. Les vies ne se comptent pas en abondance. Elles ne se multiplient pas, ne se remplaceront jamais. Je n'ai pas vu l'alerte, celle qui devait me prévenir de faire attention. Je n'ai rien vu de tout ça. Je ne t'ai même pas vu partir alors même que quelque part, j'avais cette sensation que tu étais morte depuis bien longtemps au fond. C'est comme si j'avais assisté deux fois à ta disparition, comme si j'étais le cataclysme qui a déclenché tout ce malheur en toi. J'ai tout dévasté. Pardonne-moi je t'en
prie. J'aurais aimé t'avoir sauvée avant l'accident. Peut-être alors que tu n'aurais pas souffert, que la vie ne t'aurait pas laissé partir, peut-être même serais-tu encore là.

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant