100 jours et l'éternité

Jour 72

Tu envahis mes mauvais rêves. Tu les rends plus puissants, plus réels.
Chaque fois que tu meurs je sens mon corps subir une nouvelle rupture. Mes
visions de ta mort, de ton passé sont comme des poignards dans mon dos,
encore.
Encore.
Toutes mes histoires se terminent dans les rêves où tu disparais, sur tout ces
détails futiles desquels personne ne porte un regard. Moi si. J'ai tout perçu de toi.
De ta façon de faire tes lacets à tes battements de cils. C'est effrayant, c'est
inconscient comme mes yeux semblent liés à ton âme comme si tu changeais tout en moi-même. Partout tu es là sans l'être, tu transparais et tu disparais.
On t'oublie puis on y repense.
J'enchaîne les mensonges lorsque l'on me parle de toi car il est tellement facile de se dire célibataire plutôt que veuve. C'est méchant je le sais.
Mais je me reconstruis en effaçant le tableau de notre vécu, j’oublie tout ce qu'on a eu et je sais que ça n'est pas pour le pire.
Tu es un soldat sur le champ de bataille de ma vie, un dommage
collatéral, excuse-moi si je suis responsable de t'avoir tuée, je n'ai jamais souhaité ce qui s'est passé, j'aurais dû t'arrêter mais tes mots poignants avaient envahis l'habitacle et je n'ai plus pensé au danger, à ma part de responsabilité dans ces derniers instants insoucieux.
Ce n'est que lorsque les phares m'ont aveuglés que j'ai compris.
Tout s'est enchaîné à une vitesse inconsidérable et je n'ai pas réagi.