Jour 96

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Comme c'est étrange !
Ô ! Que le monde n'est-il pas bien fait !
Les instants s'éclipsent et me rapprochent sûrement de toi alors même que nos
souvenirs s'effacent dans ma tête.
Mon cerveau se vide petit à petit de toi.
Mes poumons insufflent l'oxygène de l'air que tu ne respires plus.
Je continue malgré tout de vivre même si l'immensité de ta perte me consume et
paraît comme l'ascension de l'Everest.
*

  Ta mère t'as écrit une lettre. Elle a souhaité que je la lise. Comme tout ce qui te concerne, ça a été douloureux, déchirant et même ces mots sont faibles pour le décrire. Elle aurait tenu à ce que tu la lises alors la voici :

« Ma chère enfant, je ne sais pas réellement les raisons qui me poussent à t'écrire encore une fois, si longtemps après que tu nous ai quitté si ce n'est le besoin de te sentir à mes côtés.
A ta disparition, je me suis sentie vide, comme un arbre dont on aurait arraché les racines. Ton père et moi vivons chaque jour dans cette culpabilité de ne pas avoir la chance de vivre celui qui suivra avec toi, de ne pas t'avoir appelé ce soir-là comme il nous était convenu de le faire. Peut-être que si nous l'avions fait les choses auraient été différentes et que, dans le cas contraire, nos derniers mots auraient été plus significatifs qu'un simple au-revoir à l'aube d'un jour nouveau.
Le manque, terrible, ne sera jamais comblé même si ta sœur et ta femme nous soutienne toujours dans la douleur immense de ta disparition.
J'aurais souhaité mourir si cela t'aurais permis de rester ne serait-ce qu'une
minute de plus.
Malheureusement, on ne change pas le passé.
Je n'aurai aimé qu'une chose c'est de trouver ces mots comme j'aime te les écrire, ceux qui auraient su convaincre le destin de changer de chemin, de te laisser la chance d'avancer un peu plus loin dans cette vie qui nous écorche.
Ta sœur feint de n'être pas trop affectée par ton absence mais je sais qu'elle
donne le change, elle espère nous préserver. Lorsque dans des années peut-être, nous tomberons sur toi au détour d'une rue, nos retrouvailles n'auront pas de prix si ce n'est celui de l'attente qui nous sépare de cet instant. »

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant