Jour 31

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Mon pinceau a frôlé la feuille. J'ai mélangé les couleurs étalées sur ma
palette sans réfléchir. Eparpillées ainsi, j'ai laissé la lumière danser sur ma feuille, le contraste se renforcer entre la lumière et l'obscurité comme l'ombre des flammes qui dansaient dans la cheminée, que j'observais un moment. Les formes sont apparues, la silhouette s'est dessiné dans l'encadrement de la porte dans une lumière crue. Les ombres se sont ajoutées à celles qui peuplaient la pièce.
Tout commençait à émerger, la forme et le fond. J'aurais pu te dessiner les yeux fermés, je connaissais si bien le mouvement de ta mâchoire et de tes yeux en amande, le contour de tes pommettes et de ton nez. L'odeur familière de la peinture m'apaisait et le cliquetis de l'horloge qui, en tant normal m'aurait rendue nerveuse, ne m'atteignait même plus. Je me sentais libre, dans ma bulle et je suis
restée des heures durant sans réellement savoir ce que je faisais.
Comme toujours, ma bulle a éclatée et je me suis stoppée dans mon élan, me
demandant soudain ce que je m'apprêtais à faire, puis j'ai repris comme si je n'y avais jamais pensé, comme si effectuer les choses sans y prêter attention était devenue une formalité de mon quotidien. Peut-être était-ce le cas ?
Je n'avais plus le temps de penser à tout ça, mais les choses me paraissaient
moins violentes quand je m'enfermais dans mon monde parce que désormais, je n'avais plus à me heurter à celui des autres.

100 jours et l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant