100 jours et l'éternité

Jour 87

Hier, je suis sortie. J'avais ce besoin irrépressible de ne plus être seule,
d'être partout et d'être nul part. Ce besoin de fuir ma propre compagnie et ces démons qui se réveillent tard le soir dans mon esprit embrumé par le sommeil.
J'ai voulu t'oublier, toi et tout ce qui te concerne.
J'ai enchaîné les verres espérant que quelque chose se débloque à l'intérieur de moi. Pourtant, rien n'y a fait. Au contraire, les morceaux de mon être que j'avais tenté de reconstruire semblaient se briser de nouveau, comme trop fragile pour supporter le poids de cet alcool qui prenait déjà trop de place. Je n'ai pas été prudente et je m'en veux. Ce soir-là j'en ai payé le prix fort.
J'ai embrassé quelqu'un.
Qui ? Ça, je ne sais pas et je doute d'en connaître un jour la réponse.
Je me souviens seulement de ses mains qui parcourent mon corps tétanisé, trop
crispé sans rien pouvoir y faire. Cela a duré quelques secondes ou peut-être
quelques minutes, dès lors il ne me reste plus qu'une impression vague du temps qui lui, s'est figé. Lorsque j'ai tenté de le repousser, son corps semblait peser des tonnes sur le mien, comme si le poids de mes fautes et de ma culpabilité me rattrapait, toujours plus pressant et m'écrasant inlassablement. Je ne peux m'en
prendre qu'à moi-même d'avoir voulu t'oublier car, désormais je me sens salie, souillée.
Comme si un petit bout de toi s'évadait toujours plus loin.