✅ Mazepin VS le reste des pilotes [ Formule 1 ]

Dépression

Lando Norris

29 mars 2021

Bahreïn

Je tatonne à mes côtés, cherchant à trouver la chaleur de Carlos. Quand mon esprit cesse d'être aussi embrumé, je me souviens que je ne suis pas dans le même hôtel que lui, son équipe résident ailleurs. Je grogne. Il me manque. L'avoir constamment avec moi, me manque. Je sens les larmes me monter aux yeux à cette pensée et j'ai envie de rire de moi-même. Il n'y a vraiment aucune raison de pleurer pour ça. Je ne le fais pas d'habitude. Et les sentiments qui s'installent en moi, je ne les connais que trop bien. Je me roule en boule et ferme les yeux. La porte s'ouvre et la lumière pénètre violemment dans ma chambre.

Dan - Debout dormiton, on va courir.

Lando - Vas chier !

Il saute sur le lit et s'assoit à côté de mes pieds. Je souffle et me roule en boule. Je ne veux voir personne, mais je suppose que ça sera trop dur à comprendre pour lui. Il est toujours de bonne humeur, toujours en train de rire ou sourire. Et il n'a aucune idée d'à quel point ça m'énerve. D'habitude, je m'en fiche, ça me fait rien. Mais là, j'ai juste envie de le tuer d'être si joyeux. Ou j'ai envie de me tuer moi même. Ca serait pas si mal. Je foutrais la paix au monde entier comme ça. Je sais bien qu'au fond, je suis un problème pour beaucoup de personne.

Dan - Allez, bouge ton cul, Norris ! Viens au moins prendre ton petit déjeuner.

Je secoue la tête et il pose sa main sur ma tête. Je roule des yeux et resserre mes genoux contre mon torse. Je veux juste qu'il me foute la paix, mais il n'a pas l'air décidé à le faire. Il souffle et secoue doucement mon épaule.

Dan - Je comprends que tu sois un peu troublé par rapport à hier. Je comprends que ça t'ait secoué. Donc je vais te laisser tranquille aujourd'hui. Mais reste pas seul trop longtemps, Lan'. Je te fais confiance pour ne pas tout garder pour toi.

Il embrasse ma joue et sort de la chambre, refermant la porte derrière lui. Je ferme les yeux et ricane amèrement. Ne pas rester seul trop longtemps ? Je suis seul. Seul avec mes pensées, constamment, même quand j'ai du monde autour de moi. Personne ne peut lire dans mes pensées. Personne ne peut comprendre comment je me sens. Aucun des 19 rigolos contre qui je pilote n'a jamais ressenti ce que je ressens. La vérité, c'est que je n'ai pas envie de ressentir quoique ce soit. Je veux que tout s'arrête. Je veux que la tornade de mes sentiments s'arrête, que tout se fige et me laisse tranquille. L'écran de mon portable s'active et je remarque la notification Instagram. L'identifiant qui s'affiche me fait cliquer sur la notification et ouvrir le dm. Juste un peu plus de haine. Juste un peu plus de poids dans la balance de la dépression qui est en train de refaire surface en moi. Les mots qui flashent dans mon esprits sont ceux que je ressens à mon égards. Inutile. Merde. Incapable. Nul. Sans talent. Faible. Ce dernier mot s'ancre en moi alors que je verrouille mon portable après avoir allumé ma musique. Je suis faible. Je l'ai toujours été. Je suis le plus petit des pilotes aussi bien au niveau du poids qu'au niveau de la taille. Je suis aussi l'un des plus jeunes. Je n'ai probablement pas les épaules pour survivre à ce monde de requin. Peut-être que la Formule 1, que le monde de la course automobile n'était pas fait pour moi. J'aurais dû rester en Angleterre, près de ma famille, trouver un truc moins dur. Prendre l'option de facilité qu'était celle de rester près d'eux.

Daniel Ricciardo

3 avril 2021

Bahreïn

On aurait du repartir depuis trois jours, mais aucun des membres de la team McLaren n'a réussi à faire bouger Lando. Personne n'a réussi à le sortir de sa chambre depuis la dernière course. Il ne s'est pas nourri depuis aussi longtemps qu'il est enfermé dans sa chambre. Carlos a essayé, sans succès. Aucun de nous ne sait comment convaincre Lando de se nourrir et de se lever. Il boit parce qu'on le force à le faire devant nous et que, de toute façon, il risquerait de finir par mourir s'il ne le faisait pas. Et j'ai beau savoir qu'il a peur de la mort en temps normal, je sais aussi qu'il n'est pas dans son état normal.

Carlos - Je l'ai déjà vu traversé une période de flou, entre bien et dépression, mais ça n'a pas duré aussi longtemps. Au bout de trois jours, il était redevenu le Lando rieur et joyeux. En deux ans que je le connais, il n'a jamais eu de période dépressive. J'ai eu son frère au téléphone. Lando a déjà eu plusieurs mauvaises périodes. S'il a peur de mourir quand il est dans son état normal, c'est l'inverse quand il est en état dépressif. Il a dit à son frère que quand il était dans cet état là, il avait peur de vivre. Que la mort lui semblait la seule solution dans ces moments là.

Lew - Donc ? On attend que ça passe en surveillant qu'il se foute pas en l'air ? C'est le plan, 'Los ? Parce que si c'est le cas, il tiendra jamais. Ca dure combien de temps ? Non parce qu'il a pas mangé depuis le début.

Max - En règle général, un épisode dépressif dure une dizaine de jour. Il va perdre beaucoup en muscle et en masse, mais il peut tenir aussi longtemps sans manger s'il n'en ressent pas l'envie.

On se tourne tous vers mon copain qui, une sucette dans la bouche, nous regarde à tour de rôle, tous. Tous les pilotes sont là, mis à part Lando et le coupable de toute cette merde.

Max - Je me suis juste renseigné. Me regardez pas comme ça ! La perte d'appétit, c'est un symptôme courant en cas de dépression. J'ai juste regarder sur Internet pour tout ça. Je m'inquiétais pour Lando.

Je passe une main dans les cheveux de mon copain qui sourit faiblement. Pierre se lève.

Pierre - On devrait faire des tours de "garde". Je vais veiller sur Lando pendant... disons... 2 heures. Après, faudra que quelqu'un vienne me remplacer parce que Daniil et moi avons une réunion avec les boss AlphaTauri. Donc débrouillez vous pour arranger les tours, mais on le laisse pas seul. Pas s'il a des pensées suicidaires.

Il sort de la pièce où nous nous sommes rassemblés, se dirigeant vers l'ascenseur. Je passe une main dans mes cheveux alors que Carlos souffle et cogne, légèrement, son front contre la table. Fernando frotte son dos, doucement, comme pour le rassurer. Je crois qu'au fond, on a tous besoin de l'être.