Chapitre 45 : Une vie normale

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Le hangar est plein de résistants qui courent de tous les côtés, se hâtant de préparer l'assaut. C'est assez anxiogène... Les chefs crient des ordres dans tous les sens et des véhicules transportent d'énormes obus. Je passe des heures à charger des avions, à préparer des stocks de munitions, des armes à feu, des uniformes, des grenades et missiles en tout genre. Tout ça rend l'attaque à venir bien plus réelle, et bien plus effrayante. Le visage des hommes et des femmes qui m'entour sont aussi apeurés que moi, ça me rassure dans un sens. Je ne suis pas le seul à me chier dessus... Quand j'y pense, moi j'ai la chance d'être un super soldat aux capacités augmentées, mais eux n'ont rien de tout ça, ils doivent avoir encore plus peur que moi.

Après presque six heures de travail intensif, je suis libéré pour aller manger. Sans Némésis, je serais sûrement à plat, mais à part les brûlures sur mes mains qui sont quelque peu douloureuses, je ne suis pas physiquement fatigué. Mentalement c'est une autre histoire... Je rejoins mes amis à la cafétéria, comme prévu, les voir me permettra de penser à autre chose, du moins je l'espère.

La cafétéria est noire de monde, j'ai l'impression que tous les résistants ont eu la même idée que nous et compte bien profiter de leur dernier repas. On sera peut-être tous morts dans quelques heures... Non, je dois rester positif ! Je trouve Télia, Karto et Kyle autour d'une grande table. Je les rejoins sans attendre. Eux aussi ont passé l'après-midi à préparer l'attaque. D'après Karto, la Résistance possède des ogives d'une puissance incroyable, du moins d'après ce qu'il a cru voir en chargeant les bombardiers. Ça va être un massacre... J'espère que ça sera le dernier. Tuer de potentiels innocents ne m'enchante pas vraiment, même s'ils ont indirectement une part de responsabilité dans notre condition. Ils méritent peut-être une punition, mais pas la mort.

Nous sommes rapidement rejoints par Morgane, qui s'assied à côté de moi, et Joachim, qui prend place de l'autre côté de la table, près de Kyle. Jo a passé la journée à attaquer le réseau du gouvernement pour les ralentir et récupérer un maximum d'informations, qu'il n'a pas le droit de partager avec nous, bien évidemment... Tout le monde semble tendu par ce qui est sur le point d'arriver, en particulier Morgane. Je la prends à part en prétextant d'aller chercher à manger.

- Ça va pas. Les transformations se sont mal passées ? je lui demande en saisissant une assiette et en prenant place dans la queue pour me faire servir ma ration.

- Disons que ça aurait pu mieux se passer. On a eu trois morts, huit personnes dans un état très grave et une vingtaine qui, comme Trainte, ont failli y passer et sur qui Némésis ne semble pas avoir fonctionné, m'explique-t-elle, en m'imitant. On s'y attendait, mais c'est toujours dur de voir des gens mourir à cause de mon virus. On a quand même près de trois mille nouveaux Glaives prêts à se battre, c'est un atout non négligeable.

- Tu sais que si on gagne, ça sera en grande partie grâce à toi ?

- C'est ce que j'essaie de me dire, mais la vérité c'est que c'est sur toi que repose nos plus grands espoirs de victoire, sans vouloir te mettre la pression.

- Toujours aussi rassurante, je lui dis, ironique.

- Tu me connais, je ne suis pas très adroite avec les autres humains, réplique-t-elle amusée.

Je ris avec elle, mais au fond je sais que ce qu'elle dit est vrai, tellement de chose repose sur nous, ça me fout un stress monstre. Si mon escouade et moi-même n'arrivons pas à capturer Malorne et à le faire capituler, les chances de la Résistance sont infimes.

- Après, si tu fais mal ton boulot de guide et que la mission échoue, ça sera de ta faute, je rétorque avec un grand sourire censé cacher mon anxiété.

NÉMÉSIS : 2121 RÉSISTANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant