Chapitre 27 : Une longue histoire

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Je suis sortie. Il va falloir que je me fasse à l'idée que je suis dehors, que l'entrevue est derrière moi.

- Ça s'est bien passé ? questionne Julien.

Je ne sais que répondre. Est-ce que ça s'est bien passé ? Je n'ai pas eu les réponses que j'attendais, mais j'ai aperçu un moyen d'innocenter quelqu'un qui le mérite. Alors...

- Oui. Oui, ça s'est bien passé.

Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec lui.

- Je suis désolée, dis-je.

Il n'a pas besoin de me demander pourquoi. Il le sait. Je le sais. Nous le savons.

- Mais merci, sincèrement. Merci de m'avoir permis d'y aller.

Encore une fois, il n'a pas besoin de répondre. Sa main se glisse simplement dans la mienne. Et ce geste vaut bien plus que mille mots.

Une fois à l'arrêt de bus, pour la première fois, je respire un grand coup. Ça y est, j'ai vécu ce qui a rythmé mes trente derniers jours. J'ai maintenant une mission simple. Aller trouver l'ordinateur, faire une sauvegarde complète de la boîte mail si particulière et revenir voir Viallon. Je lui donne la clé, en échange il me raconte tout.

À présent, c'est cette nouvelle mission, qui va dicter mes jours. Mais à l'instant T, je ne sais que faire. Maman pense que je vais dormir chez Louna, est c'est ce qui était initialement prévu après l'entrevue. Donc si je rentre maintenant, ça va faire louche. Il est seulement dix-huit neuf heures. Je peux toujours retourner à la maison et dire à ma mère que Louna a eu un souci, m'obligeant à rentrer. Oui c'est peut être une solution.

- Tu vas faire quoi là ? questionne Julien comme s'il lisait dans mes pensées.

- Je ne sais pas, je vais...

Tout en parlant, je sors mon téléphone. J'ai un message de maman me souhaitant une bonne soirée et un de... Ambre ! Quand je lis les lignes qu'elle a écrit il y a presque deux heures, mon cœur manque un battement. Je sens que mes yeux piquent. Où est-elle maintenant ?

Je compose précipitamment son numéro de téléphone et je plaque mon téléphone contre mon oreille. Chaque bip est un supplice. Pourquoi ne décroche-t-elle pas ? Mon cerveau comment à imaginer les pires scénarios et j'étouffe un sanglot.

- Allo ?

- Ambre ! m'écrié-je. J'ai eu si peur. Où es-tu ?

- Je suis dans le parc mais je crois qu'il va fermer.

- J'arrive, dis-je aussitôt.

- Je suis désolée... commence-t-elle.

- Ne dis pas n'importe quoi, coupé-je. À tout de suite !

Quand je raccroche, mes jambes tremblent encore un peu.

- C'était qui ? demande Julien derrière moi.

- Ambre.

- Et ?

Je ne réponds rien.

- Tu sais, je ne suis pas aveugle, je vois bien qu'elle ne va pas bien ces derniers jours, dit-il.

Et moi, tellement obsédée par Viallon, je ne l'ai pas remarqué, pensé-je amèrement.

J'en ai assez, de cacher des choses, de mentir, de camoufler.

- Je... Ambre à des problèmes... familiaux, murmuré-je.

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