La première chose que je vois, c'est la lumière éclatante de la pièce qui m'oblige à refermer aussitôt mes paupières. Je ne sais pas quelle heure il est, mais une chose est sûre, je n'ai certainement pas dormi seulement une demi-heure.
La deuxième chose que je remarque, c'est le silence absolu dans la maison. Pas un bruit ne vient casser cette harmonie.
Après quelques longues minutes d'hésitation avec moi-même je repousse mes draps et me lève. Je parcours le couloir et le salon. Personne. La cuisine est elle aussi vide mais un petit mot orne la table.
« J'étais obligée d'aller à la boutique aujourd'hui, mais je rentre le plus tôt possible. Papa m'a dit que tu avais passé une mauvaise nuit et qu'il fallait que tu dormes. Repose-toi bien ma chérie et ne quitte pas la maison sans prévenir. Je t'aime. Maman ».
Alors comme ça, il lui a dit que j'avais simplement passé une mauvaise nuit. Il ne lui a pas précisé que si j'avais dormi, la voiture aurait explosée. Non il ne lui a pas dit, évidemment. Mais où est-il lui ? Sûrement au commissariat, comme toujours.
Je soupire. Je pensais qu'aujourd'hui serait différent, je serais enfin libre de mes mouvements, sans stress, sans rien ! Mais non. Aujourd'hui, on peut seulement dire que je n'y comprends plus rien. En moi, j'ai aussi une drôle de sensation. Incertaine. J'ai vécu toute cette année, en sachant que j'allais mourir, certes, mais donc en sachant aussi qu'il n'allait pas m'arriver quelque chose de dingue avant. Je m'en serais souvenu. J'ai vécu avec une sécurité, un harnais. Maintenant, c'est différent. Je pourrais très bien vivre heureuse jusqu'à mes quatre-vingt-dix ans, mais tout pourrait s'arrêter la semaine prochaine, et ça, sans que je le sache à l'avance.
Tout en mâchouillant des fruits secs, je pars à la recherche de mon téléphone, je sais d'avance qu'il sera probablement saturé de messages inquiets. Mais sa batterie est complétement à plat après la nuit d'hier. Je le branche et attend patiemment qu'il se rallume. Je me contorsionne en suite sur mon lit pour voir l'écran tout en le laissant branché.
Des dizaines de messages de Julien me demandent comment ça s'est passé, puis montrent sa panique parce que je ne suis pas là ce matin. Et d'autres de Ambre, me posant des questions beaucoup moins directes.
Je rassure aussi vite que mes doigts me le permettent Julien. Et je vois aussitôt que le message est marqué comme « Lu », il a dû garder son téléphone à portée de main dans la salle. Puis je réponds aussi à Ambre. Repenser à mon amie, me rappelle tout ce que j'ai appris la veille, sur le banc. Toutes ses révélations troublantes. Et les larmes qui sillonnaient son magnifique visage. Je repense à sa famille et à ce qu'elle subit depuis des années. Et encore une fois, je me sens stupide et pitoyable. Je me sens idiote de lui avoir caché mon secret alors qu'elle a fini par me confier le sien. Elle s'est ouverte à moi tandis que je suis restée fermée comme une huitre. La balance n'est pas équilibrée.
Mais à présent, je n'ai plus de secret, cette affaire est close, du moins je l'espère ! songé-je.
Quelques minutes plus tard, je suis allongée sur mon lit, les mains sur le ventre en regardant mon plafond rempli d'étoiles. Que faire à présent ? Est-ce que je dois aller à la fête ? L'envie me manque. Et j'ai surtout envie de rester à la maison pour guetter le retour de mon père et pouvoir lui poser des questions. Je veux savoir quand il compte rentrer. Je sais que ses horaires officiels sont proches de dix-huit heures mais la réalité est bien différente.
Je tente de composer son numéro mais je tombe immédiatement sur le répondeur. Je décide alors de téléphoner au commissariat pour l'avoir ; je n'appelle pas directement la police, au risque qu'on me prenne pour une folle. Je déniche sur le frigo le numéro d'un de ses collègues.
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Recto-verso
Teen FictionEncore touchée par le décès de Jade, sa meilleure amie, Lisa reprend doucement contact avec la vie, les amis, les fêtes, les gens autour d'elle... La jeune fille remonte la pente et tente de tourner la page. Un matin que tout annonce ordinaire, alo...