Chapitre 5 : Bâillonné et jeté aux oubliettes

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- Lisa...

Il émet un petit raclement de gorge, en échangeant un long regard avec Ambre. Mes yeux naviguent entre les deux qui semblent avoir une discussion silencieuse.

J'en suis presque à dire « Eho je suis là ! » quand Ambre se tourne brusquement et fait demi-tour. Instinctivement je fais le même mouvement mais Julien me retient par le poignet.

- Tu ne crois pas qu'il est temps ?

- Temps de quoi ? rétorqué-je sèchement.

Il soupire.

- Tu ne crois pas qu'il est temps d'avoir cette discussion ? reprend-t-il.

- Mais quelle discussion ? dis-je avec mauvaise humeur en tentant de me dégager.

- Lisa ne fais pas semblant, on ne peut pas juste arrêter de se parler sans raison.

- Sans raison, vraiment ? lâché-je.

- Oui sans raison, dis-moi ce que j'ai fait de mal.

Je baisse la tête. Tu as embrassé Romane. Mais soudainement, je me sens ridicule, c'est réellement pour ça que je lui en veux ?

Non.

Non, je lui en veux car il fait frémir mes sentiments, car il fissure la barrière que je prends tant de temps à construire autour de moi, je lui en veux car je tiens à lui plus que je veux bien l'admettre.

- Alors ? Lisa, j'ai essayé de t'oublier, tu ne voulais plus de moi, alors j'ai tenté de te laisser de côté et de t'oublier. Mais c'est impossible, et tu le sais aussi bien que moi.

Je ne relève pas le regard.

- Si tu veux vraiment me repousser, ce ne sera certainement pas de cette manière, ce sera avec des vraies explications, d'accord ?

Sa main se glisse sous mon menton pour me forcer à le regarder.

- On va discuter ? conclut-il

Et face à lui, je ne peux qu'accepter. On ressort dehors, côte à côte. Mes sentiments sont flous. Je sais que je devrais m'en aller pour ne pas souffrir et pour ne pas le faire souffrir, mais je me sens comme forcée de rester à côté de lui tandis qu'il s'assoit un peu plus loin sur un banc.

Par réflexe, je reste debout à une distance raisonnable, mais il tapote la place à côté de lui. Encore une fois, c'est comme si je n'avais pas le choix, mon cerveau ne répond plus qu'à sa voix et me voilà assise. À vingt centimètres de Julien. À vingt centimètres du garçon que je ne voulais plus approcher.

- Donc ... lance-t-il en attendant que je prenne le relais.

Chose que je ne fais pas.

- C'est à cause de ton père ? Tu crois que c'est ma faute, si je ...

- Non ! Ne dis pas n'importe quoi ! protesté-je. Et mon père n'a rien à voir là-dedans.

Ses traits se détendent légèrement.

- Mais dans ce cas, pourquoi as-tu décid ...

- Stop ! Parlons d'autre chose, marmonné-je.

Sa bouche se referme aussitôt.

- Je n'ai pas d'explications valables à te fournir, je suis désolée, ajouté-je pour justifier ma réaction.

- Je n'ai rien fait de mal alors ?

Je suis tentée de répondre « A part embrasser Romane non » mais mon cerveau a définitivement jeté l'éponge et ma tête choisit d'elle-même de faire un mouvement négatif qui fait sourire Julien.

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