- Lisa, il faut qu'on ait une petite discussion, démarre papa.
Je m'assois.
- Comment te sens-tu ? s'enquiert maman.
Je hausse les épaules.
- Nous sommes très inquiets ma chérie, tes notes baissent, tu manges peu, tu dors peu, tu es devenue très renfermée sur toi-même...
Ils vont recommencer à se mêler de ma vie ... je soupire.
Les deux continuent à me dire à quel point c'est important de rester ouverte aux autres, qu'il faut que je surmonte la mort de Jade ... blablabla.
Je regarde ailleurs, agacée. J'en ai clairement marre de leur leçon de morale, ils ne sont pas à ma place et ils ne savent rien de ce que j'endure !
- ... nous sommes donc tombés d'accord, demain, tu reprendras les séances de psy.
Je braque soudain mon regard dans les leurs sans voix. Ils ne vont pas remettre ça sur le tapis quand même !
- Non.
Je n'ai pas l'habitude de contester si catégoriquement leurs ordres, mais le « non » est sorti tout seul. Il ne semble pas plaire à papa.
- Lisa, nous ne voulons que ton bonheur, et en tant que parents, nous jugeons qu'il est nécessaire que tu t'y rendes. Fin de la discussion.
Je me lève brusquement, leur lance mon plus mauvais regard en sortant de la pièce.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que j'avais enfin réussi à trouver un équilibre, certes bancal, mais je tenais debout. Je commençais même à reparler à Ambre et Julien. J'étais en train tout doucement à abaisser mes barrières et à recréer un cocon. Et ce n'est surement pas les séances avec cette psy qui croit tout savoir qui vont m'aider. Ils vont vite s'en rendre compte !
Sans compter qu'il faut que je mette bouchée double en cours pour rattraper mes notes catastrophiques. Je souffle, exaspérée.
* * *
- Je te laisse ici et je viens te chercher dans cinquante minutes. Sauf si tu veux que j'assiste à cette séance...
Je sors de la voiture sans prendre la peine de répondre. Je sens que ces cinquante minutes vont être longues puisque que je n'ai pas l'intention de prononcer le moindre mot.
- Bonjour Lisa, c'est Clémence. Tu te souviens de moi ?
Eh oui, malheureusement je me souviens.
Elle fronce les sourcils devant mon silence. Ça-va être plus difficile hein ! songé-je.
- Réponse, dit-elle comme à son habitude.
Ma bouche reste scellée.
- Nous avons besoin de communiquer pour avancer dans tes problèmes.
- Je n'ai pas envie d'être aidée. Ça ne sert à rien de me parler, dis-je.
Je m'assois et je pose mon regard sur la pointe de mes baskets. Clémence semble totalement décontenancée, mais elle se reprend très vite et commence à débiter des paroles que je n'écoute qu'à moitié. Je fixe les aiguilles de l'horloge comme si je pouvais les faire avancer plus vite juste avec le regard.
Quarante-cinq minutes plus tard, je sors à grands pas du bâtiment et je rentre dans la voiture de maman.
- Alors ?
- Alors ça ne sert à rien de m'y emmener une deuxième fois.
Elle soupire.
- Ne sois pas si catégorique. Quand tu es sortie la première fois, tu disais la même chose, mais finalement, elle t'a bien aidée pour ton hallucination.
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Recto-verso
Novela JuvenilEncore touchée par le décès de Jade, sa meilleure amie, Lisa reprend doucement contact avec la vie, les amis, les fêtes, les gens autour d'elle... La jeune fille remonte la pente et tente de tourner la page. Un matin que tout annonce ordinaire, alo...