- Je suis inquiète pour toi ma chérie, murmure maman en s'asseyant dans le coin de mon lit.
- Tu ne devrais pas, dis-je pour la rassurer. Je vais parfaitement bien.
Elle a un sourire triste.
- Tu n'es plus que l'ombre de la Lisa d'avant, finit-elle par chuchoter. Lisa, tu manges mal, tu ne dors presque pas et tes seuls temps libres, tu les passes enfermée dans ta chambre, permets-moi de m'inquiéter,
Je baisse les yeux, blessée.
- La Lisa d'avant est partie en même temps que Jade et papa, réponds-je.
- Va-t-elle revenir ? demande maman, et je sens l'espoir dans sa voix.
- Peut-être, marmonné-je.
J'obtiens un maigre sourire qui vient étirer ses lèvres.
- Je l'espère ...
Étonnement, je m'endors rapidement après qu'elle ait quitté la pièce, je fixe mes étoiles phosphorescentes au plafond et je cède à mes paupières bien trop lourdes qui ne demandent qu'à se fermer. J'espère alors qu'au réveil, tout sera résolu et oublié, j'espère comme le dit maman que la Lisa d'avant sera revenue.
Malheureusement, quand j'ouvre les yeux dix heures plus tard mes questions sont toujours omniprésentes dans ma tête.
Les jours s'écoulent, j'en apprends un peu plus à chaque recherche, je passe des soirées à réviser le bac de français, je fais des efforts pour ne pas inquiéter ma mère et j'évite de parler trop souvent avec Ambre à propos de son père.
Cette situation est stable, elle semble convenir à tout le monde mais je me sens seule, incroyablement seule. Je n'ai pas le droit de pleurer devant maman car je sais que ça lui fera beaucoup de peine et de stress, je n'ai pas le droit de m'énerver devant Ambre car elle risque de mal le prendre, je n'ai pas le droit de discuter avec Julien sans perdre le contrôle. La seule chose que je peux faire, c'est rester de marbre et ne pas exprimer mes sentiments devant les autres.
Certes, cette situation est calme, mais combien de temps vais-je tenir avant de craquer ? Voilà deux semaines que les tensions ont disparu. Mais je sens que je ne suis pas loin de perdre les pédales. Assise à mon bureau, la tête dans mes mains je respire un bon coup. Je dois rester forte !
Alors, je décide de courir, ça fait toujours du bien de se dépenser, de faire de l'effort physique n'est-ce pas ? Ce n'est en réalité qu'un autre moyen de me changer les idées. J'enfile donc une paire de baskets et un jogging et me voilà en train de trottiner, les écouteurs vissés dans les oreilles.
Je cours sans me soucier des douleurs, du monde qui me regarde passer, sans me soucier des minutes qui défilent, des soucis qui me tracassent. Oui, je veux oublier tout ça juste le temps d'un footing. Je sens que j'ai besoin de décompresser et qu'après ça ira mieux. Parce que ça va toujours mieux après.
Je cours la tête tellement ailleurs que j'ai failli ne pas la voir au premier tour du parc, mais je repère quand même ses longs cheveux bruns. Au deuxième tour, j'ai comme l'impression qu'elle est ... triste ? Son sourire supérieur à disparu. Au troisième passage, j'ai cette fois la certitude qu'elle pleure.
- Romane ? Tu pleures ?
Elle lève ses yeux pleins de larmes et me fusille du regard.
- Désolée, la question était bête, marmonné-je.
Je me dandine mal-à-l'aise d'un pied sur l'autre.
- Ben quoi ? Tu vas rester plantée là longtemps ?
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Recto-verso
Roman pour AdolescentsEncore touchée par le décès de Jade, sa meilleure amie, Lisa reprend doucement contact avec la vie, les amis, les fêtes, les gens autour d'elle... La jeune fille remonte la pente et tente de tourner la page. Un matin que tout annonce ordinaire, alo...