Prologue : Ma mort

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- Papa je vais être à la bourre, soupiré-je en sortant de la maison. Encore une fois...

Papa n'a jamais été doué pour les horaires. Soit il est prêt une heure avant et il peste devant la porte d'entrée en nous attendant, soit il reste dans son bureau jusqu'à la dernière minute et c'est à nous de pester. En clair, il y a toujours quelqu'un qui se retrouve à râler, en l'occurrence à cet instant : moi.

- J'arrive, j'arrive, dit-il avant que la porte d'entrée ne se referme derrière moi.

D'une main, je déverrouille la voiture et de l'autre j'ouvre brutalement la portière. Je m'affale sur le siège passager tandis que mon téléphone vibre.

« Tu fais quoi ? Je t'attends devant les casiers 😊 »

Ambre.

Ambre qui a été là pour moi depuis le décès de Jade, elle m'a soutenue sans me regarder avec de la pitié dans les yeux et sans faire comme si rien ne s'était déroulé, juste ce dont j'avais besoin.

Quand nous avons appris un matin la mort de ma meilleure amie, j'ai été dévastée. Jade et moi étions tellement proches, de vraies sœurs jumelles... Mais ce jour fatidique, tout a changé.

Un simple accident.

Une simple voiture un peu pressée qui décide innocemment de doubler le bus à l'arrêt.

Une simple ado qui traverse à la descente du transport.

Un simple concours de circonstances.

- J'arrive, j'arrive, clame mon père.

J'appuie ma tête contre le dossier du siège et je rédige une réponse.

« Je risque d'être en retard, déso »

« Pas grave j'ai l'habitude 😉 » répond aussitôt Ambre.

Je soupire une nouvelle fois. Avant, il y a 359 jours -oui je les compte, je sais que je peux paraître un peu folle, mais après avoir enduré tout ça, qui ne devient pas un peu fou ? - Jade m'aurait accompagnée, nous y serions allées à pied en bavardant de tout et de rien. Je ne serais sûrement pas en train d'attendre papa qui prend tout son temps pour enfiler une paire de baskets.

- C'est bon, on peut y aller, marmonne-t-il justement, en claquant la portière derrière lui.

Le moteur démarre mais s'arrête rapidement.

- Mince, mon portable !

- Non, non... murmuré-je. Tu es sérieux ?

- Je reviens dans un instant, promet-il.

Il sort. Le silence est de retour.

Je descends le pare-soleil et j'applique soigneusement une couche de mascara en observant mon reflet dans le petit miroir. D'habitude, je préfère me maquiller dans les toilettes du lycée juste avant le début des cours, mais à priori, ce serait un miracle que j'arrive à l'heure.

Le reflet de mes yeux marron-vert me fixe. Aujourd'hui j'ai simplement relevé mes cheveux clairs en chignon, Jade disait que ça mettait mes taches de rousseur en avant, et encore maintenant, je suis ses conseils.

Après quelques interminables minutes, papa tourne la clé de contact pour de bon cette fois-ci : on est partis. La voiture vrombit doucement, tandis que j'attache ma ceinture.

Les pneus dérapent légèrement sur les graviers de l'allée.

- Tu commences par quelle matière ?

- Euh... maths, dis-je.

Il hoche la tête. Lui et moi parlons rarement, il est tellement pris par ses enquêtes et son travail que les conversations sont quasi inexistantes, nous échangeons de temps en temps quelques banalités.

- Il y a qui ce soir à ta fête ? enchaîne-t-il.

- Ambre, Julien, Romane, Ganaël, Mathis...

Tout mon groupe d'amis quoi. Après la mort de Jade, il a un peu volé en éclats. Rester avec eux me rendait malade, trop de souvenirs m'assaillaient. Au fil des semaines, nous avons réussi à accepter sa mort et à faire notre deuil chacun de notre côté.

Prudemment nous avons repris contact et nous avons tenté de recréer ce lien qui nous unissait autrefois.

- Tu n'oublieras pas d'être prudente et de nous tenir au courant.

- Oui, oui...

- Au moindre souci on est joigna...

Il s'arrête net. Nous ressentons une violente secousse puis un bruit assourdissant retentit.

- Qu'est-ce que ... ? commencé-je mais je suis interrompue par un craquement sonore.

Un souffle chaud me balaie. Je jette un coup d'œil paniqué autour de moi.

Soudain, les vitres se brisent une à une et une pluie de verre s'abat sur nous.

La main de mon père appuie brusquement sur le klaxon, je me crispe sur mon siège en fermant mes paupières.

Papa crie, je crie, les pneus crissent sur le goudron et le klaxon hurle lui aussi.

Je suis ballottée dans tous les sens et j'ai le temps d'entendre résonner le cri de terreur de mon père dans mes oreilles.

« Je vais mourir ! On va mourir ! » songé-je avant d'être projetée contre le pare-brise.

Puis.

Je cesse de voir.

Je cesse d'entendre.

Et tout devient noir...

« Alors c'est ça de mourir ? »

Voilà pour le Prologue !🤗J'espère vous avoir mis dans l'ambiance et vous avoir donné envie de poursuivre ce roman

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Voilà pour le Prologue !🤗
J'espère vous avoir mis dans l'ambiance et vous avoir donné envie de poursuivre ce roman... si c'est le cas, c'est par là !!
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