CHAPITRE 32

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Chapitre 32

Nadir me disait souvent qu'on devait pas se séparer parce qu'on avait fait la mariage religieux, parce que dans l'islam c'était ça le mariage, que c'était ça que Dieu voulait, que même si je ne l'aimais pas l'amour viendrait ensuite, etc., mais j'ai appris que non, en fait.

Les principes et les valeurs les plus importants énoncés dans le Coran sont l'affection entre les époux, une relation bâtie sur l'amour, la bonté, l'indulgence et l'entente. L'époux doit ressentir la sérénité avec son épouse qui le réjouit, le rend heureux, le soulage et le soutient lorsqu'il est dans le besoin et le rassure dans les difficultés avec tendresse, amour, douceur et compassion. Toutes ces choses que, sans amour, j'étais incapable de donner à Nadir ; toutes ces choses qui n'existaient pas dans notre couple et, si on continuait comme ça, toutes ces choses n'existeraient pas.

Il fallait se rendre à l'évidence : notre couple à Nadir et moi était perdu d'avance depuis le début, il était quasi inexistant. On ne faisait que se détruire chaque jour davantage, chaque jour un peu plus.

Le jour où j'ai compris que j'étais enceinte , j'ai - que Dieu me le pardonne - psychoté comme une folle. Je ne voulais pas de cette grossesse, je ne voulais pas d'un bébé avec Nadir. C'était ce que j'avais le plus craint, mais c'était inévitable. J'avais jusqu'à ce jour refusé de penser à ça, mais la réalité m'a rattrapée (j'étais une vraie poule.)

Quand j'ai compris que j'étais enceinte, j'ai commencé à devenir folle. Je suis tombée à terre et j'ai commencé à pleurer comme une gamine. Ça, non, je ne pouvais pas là... J'avais encore plus l'impression que j'étais maudite, que j'étais condamnée à vie, à vivre avec Nadir.... A vivre dans le malheur, à vivre sous les coups, à vivre un cauchemar tous les jours.

Que Dieu me pardonne, mais sur le coup, vraiment, quand j'ai compris que j'attendais l'enfant de Nadir, je n'en voulais pas. Je ne voulais pas de ce bébé, je ne voulais pas de bébé avec Nadir tout simplement et tout injustement. Peut-être que ça pouvait l'être, mais je ne voulais pas porter l'enfant de Nadir. J'oubliais juste un peu à ce moment-là que l'enfant de Nadir était aussi le mien...

J'ai paniqué. Je ne savais plus quoi faire. Je ne savais pas de combien de mois j'étais enceinte. Deux ? Trois ? Peut-être quatre ? Et mon ventre n'était pas encore très gros, mais il ne tarderait pas à l'être, et Nadir s'en apercevrait forcément un jour. Je ne voulais pas que Nadir l'apprenne, mais comment allais-je faire pour le lui cacher ? Il finirait par le savoir si je restais... Alors, par tous les moyens, il fallait que je parte. Ça y est, c'était le moment ! Il fallait que je m'enfuie d'ici. C'était ma dernière chance de retrouver Mohamed, de pouvoir m'en sortir...

Mohamed... Il me manquait énormément. Pas un jour je ne pensais pas à lui, pas une heure. Je ne l'ai jamais oublié. Il était toujours là, présent dans mon cœur, présent en Mariam, notre fille. Mon amour pour lui n'a jamais cessé d'exister. 

Pendant ma captivité chez Nadir, une chose que je me suis mise à faire presque une fois par semaine, j'écrivais. J'écrivais à Mohamed parce que je ressentais une envie insurmontable de lui parler tellement mon amour pour lui était plus fort que tout, tellement il me manquait, tellement je voulais le retrouver à nouveau. Dans ces écrits, je lui faisais part de ma vie, ici de mes sentiments inchangés pour lui, de tous mes regrets. Je lui racontais mes journées. Je lui racontais comme ça me faisait mal quand Nadir me battait, que ça me faisait mal de vivre avec Nadir, d'être séparée de lui, lui que j'aimais tant... Je lui parlais de tout dans cette sorte de lettres. Ces écrits, je ne pouvais les lui envoyer, mais je les ai gardés pour moi. Ça me faisait du bien d'écrire, même s'il ne recevait rien. Faire ça, ça me permettait d'aller mieux.

Chronique de Sultane : Mariée de force quand mon coeur se meurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant