CHAPITRE 17

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Chapitre 17 : "Faire semblant"

Pourquoi ai-je dit oui au lieu de dire non, de saisir ma chance de retrouver l'homme que j'aimais, d'assurer le droit à mon bébé de connaître son père à sa naissance ? Mais Mohamed était derrière les barreaux. Comment savoir quand est-ce qu'il sortirait, comment savoir combien de temps allait-il y rester ? Je peux paraître complètement lâche, mais je pensais à l'avenir de mon bébé. Il lui fallait un toit à ce bébé, de quoi vivre. Qu'est-ce que j'aurais fait pour lui quand j'aurais été dans la rue, seule, sans rien parce que mes parents m'auraient mise à la porte ? Dans ma famille une fille ne divorce pas, ça n'a jamais existé. Qu'est-ce que j'aurais pu faire à ce bébé, quand même je n'avais pas de quoi faire ? J'ai pensé à ce que j'avais dans le ventre avant de penser à mon cas personnel. Mais je n'ai pas pensé plus loin que ça. J'ai pensé qu'il fallait que je reste avec lui le temps de recevoir une réponse à la lettre que j'avais écrite à Mohamed, et le quitter une fois que Mohamed sera sorti. Je pensais que j'allais retourner en France à la rentrée...

J'ai passé deux semaines au bord de la mer avec Nadir. J'ai pris sur moi, j'ai séché mes larmes, j'ai fait semblant d'être heureuse. J'ai supporté ses bras autour de moi la nuit, dans le noir. Ensuite on est retournés chez lui, dans sa maison qui se trouvait à quelques mètres de celle de ma famille. Arrivés là-bas, j'ai enfin véritablement fait connaissance avec les membres de toute sa famille. Sa mère me détestait déjà, je ne la portais pas non plus dans mon cœur. Son père était complètement indifférent à ma présence. Nadir avait deux sœurs : Nadia, la plus grande, et Samia, la plus jeune. Nadia ne me parlait même pas, par contre Samia était assez gentille. Puis venaient ses deux petits frères, Anas et Ali. Mais ce que je ne savais toujours pas jusque-là, c'est qu'en fait le père de Nadir avait d'autres enfants d'un premier mariage. En fait, le père de Nadir avait deux femmes. La deuxième dont il était séparé selon la religion, mais il n'y pas eu de divorce officiel, vivait à la campagne, à un quart d'heure en voiture de la ville. Il avait eu avec elle seulement deux enfants : une fille, Salma, et un fils, Malik.

Mes parents venaient chez la famille de Nadir pour me voir, mais quand ils venaient j'allais m'enfermer dans la chambre de Nadir et moi à présent, avec des draps roses et des meubles que je me mangerais plus tard dans la tête. J'en voulais toujours à mes parents de m'avoir fait ça. Je suis une fille très têtue, malheureusement ou heureusement parfois, ça dépend.

Au début du mois d'août, mes parents sont rentrés en France. Ils sont venus me dire au revoir. Au début, je refusais de sortir de ma chambre. Mais ma mère a insisté, alors je suis sortie sur le pas de la porte. Ma mère est arrivée à ma hauteur pour m'embrasser et là je n'ai pas pu me retenir, je me suis écroulée en pleurs dans ses bras. Je ne voulais plus la lâcher, ils ont dû me tirer pour que je la lâche, qu'elle puisse monter dans la voiture et partir. Je ne suis pas rentrée, je les ai regardés jusqu'à ce qu'ils disparaissent de la route. Ce soir-là, j'ai refusé de manger et je suis allée pleurer dans ma chambre, enfin dans la chambre de Nadir et moi bien sûr. Ce soir-là, il est rentré très tard. Je pleurais encore quand il est arrivé. Il est rentré et ressorti au moins trois fois avant de venir près de moi sur le lit. Il ne disait rien, il ne me regardait même pas dans un premier temps. Moi, j'étais complètement indifférente à sa présence au début. Puis il a passé une main sur mes cheveux, j'avais ma tête enfouie dans un oreiller et je pleurais. Quand il a fait ça, j'ai relevé la tête et je l'ai dévisagé. Avec sa main, il a essuyé une larme qui venait de tomber sur ma joue. Je ne bougeais plus, j'étais immobilisée pendant qu'il essuyait une à une mes larmes. Aucun de nous deux ne parlait. Je pleurais, il essuyait mes larmes. Ç'a duré un bout de temps comme ça. Puis il m'a tirée contre lui et il m'a fait un câlin. Je n'y comprenais rien de rien. Depuis notre retour de nos petites vacances au bord de la mer, Nadir ne me captait presque pas. On ne se parlait que rarement. Et là soudain, le voilà pris d'affection pour moi ! J'étais blasée, je ne savais plus quoi penser, je ne savais plus comment agir. Réagir ?! Je n'ai pas agi, je n'ai pas réagi. J'ai laissé faire....

Chronique de Sultane : Mariée de force quand mon coeur se meurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant