45. La phrase de trop

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PDV Liam

Théo me tient fermement, mais la colère a disparu de son visage, il a l'air perdu dans ses pensées, je dirai même perdu tout court. Il lui faut presque deux minutes pour se détacher de moi, je lui laisse le temps dont il a besoin.

Il part vers le salon et je le suis sans rien dire, il s'installe dans le canapé, enfouissant son visage dans ses mains. Je m'approche et pose doucement mes doigts sur son épaule, mais je suis surpris par son brusque mouvement de recul.

- Ne m'approche pas !

- Théo, calme-toi.

- Non, je ne veux pas que tu me touches, je ne sais pas comment tu fais ça, ni pourquoi, mais ça suffit !

- De quoi tu parles ? Dis-je perdu.

- De ces choses que je vois quand tu me touches, des instants volés d'une vie de famille, avec des enfants qui m'appellent papa et...

Sa voix tremblante s'arrête comme si la suite était trop dure à prononcer, il retient comme il peut les larmes qui emplissent son regard. Je ne l'ai jamais vu comme ça, j'ai toujours vu Théo cacher ses sentiments derrière de l'arrogance ou encore de l'agressivité, mais le voir prêt à craquer comme ça, c'est nouveau pour moi.

Je ne supporte pas de le voir comme ça, j'ai envie de lui dire toute la vérité et de lui expliquer que j'ai été stupide, que j'aurai dû comprendre plus tôt à quel point il est important pour moi. Lui dire aussi qu'il n'aurait pas dû partir, qu'on aurait dû gérer ça ensemble. Mais je ne peux pas, il ne comprendrait pas si je lui raconte tout de but en blanc.

- Ce sont peut-être de vieux souvenirs... Dis-je en m'approchant à nouveau de lui.

- Je pense que je m'en souviendrais si j'avais des enfants. Rigole-t-il.

Ça a au moins le mérite de le détendre et d'alléger un peu l'ambiance. C'est vrai qu'en voulant faire une allusion à ses souvenirs je n'ai pas pensé que ce n'était pas de simples souvenirs, ce sont ceux d'une vie qu'il a vécus dans son esprit quand il a failli mourir.

- Et bien... C'est peut-être le genre de vie que tu auras un jour...

En prononçant cette phrase, je ne m'attendais pas à ce genre de réaction, il a commencé à rire, mais ce n'était pas le genre de rire agréable à entendre, il était froid même un peu malaisant. Ce son me donna des frissons, c'était presque douloureux à entendre, un mélange de tristesse et de regret.

- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?

- Si tu me connaissais, tu saurais que je n'aurai jamais le droit à ce genre de vie, c'est un bonheur qui m'est interdit !

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tout le monde a le droit d'être heureux...

- Pas moi, pas après tout le mal que j'ai causé.

Je ne savais pas qu'il pensait ça, comment est-ce qu'il peut s'en vouloir à ce point sans que je m'en sois rendu compte. Évidemment malgré ses airs d'ancien psychopathe, je savais qu'il se sentait coupable, mais j'avais l'impression qu'il apprenait à vivre avec.

- Théo... dis-je tristement. Peu importe les erreurs que tu as faites, ça ne veut pas dire que tu dois t'interdire d'être heureux...

- Tu ne peux pas comprendre, ça ne se résume pas au mal que j'ai fait autour de moi, je suis mauvais !

- C'est faux !

- J'ai tué ma sœur Liam ! S'énerve-t-il.

Le ton est en train de monter et ce n'est pas ce que je veux, ma seule intention est de lui faire comprendre que rien n'est perdu pour lui et qu'il doit essayer de se pardonner lui aussi.

- Ce n'était pas uniquement ta faute, tu n'étais qu'un enfant, si les médecins de l'horreur n'avaient pas été là, rien de tout ça ne serait arrivé.

C'est la première fois que je lui dis tout ça, j'y ai beaucoup pensé depuis qu'il a accepté de rester m'aider après la guerre et j'ai compris qu'il n'était qu'un enfant qu'on a manipulé pour faire le mal. S'il avait vécu une enfance normale, il serait sûrement devenu quelqu'un d'autre, mais avec ces monstres comme seul modèle, il n'avait aucune chance.

Perdu dans mes pensées, je mets un bon moment à relever les yeux vers lui, ce n'est qu'en voyant son regard à la fois perdu et colérique que je me rends compte de ce que je viens de dire.

- Comment tu sais ça ? Grogne-t-il.



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Les choses avancent, Théo va avoir besoin qu'on lui donne des explications. 

À demain ! 

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Laisse moi t'oublier  ~Thiam~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant