Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]

Chapitre 26 ✅: Iris, Ruth. Vol.3

Londres, mardi, St James Park, 8h43...

Montée en amazone sur sa fidèle jument, Iris dans une confortable et ravissante tenue d'équitation bleue guidait sa monture au trot dans ce cadre pittoresque qu'elle avait rarement eu l'occasion de visiter. Elle était plus récurrente du côté de Hyde Park, Kensington Garden et Green Park lorsqu'il lui venait l'envie de se promener à cheval, seule ou avec son fils. La comtesse ne se trouvait pas de ce côté de la ville sans raison ; suivie d'un de ses valets à bonne distance, elle respirait l'air frais et matinal de la verdure environnante et de ses jolies prolongations multicolores, tout en cherchant des yeux une personne en particulier. Celui-ci avait acquis une résidence à St-James depuis quelque temps, dans laquelle il vivait en famille avec sa petite-sur et sa tante d'âge mûr. Elle le savait, mais n'y avait jamais mis pied ; seuls ses domestiques, pour des raisons de correspondances rapides, avaient pris l'habitude de faire des allers-retours entre sa résidence et celle du baronnet.

La veille, tard le soir après avoir discuté avec son fils à propos du désir qu'avaient sa jeune cousine et la tante de cette dernière d'apprendre à bien le connaître, celui-ci avait accepté de les rencontrer un court moment, à la condition que son oncle Lewis et sa mère soient présents tout le long de l'échange. Très tôt le matin, Iris avait donc écrit et fait envoyer une lettre au baronnet pour lui expliquer la décision et la condition de Marc, en plus de se renseigner sur sa disponibilité hebdomadaire et celle de ses parentes afin de fixer au mieux le rendez-vous durant un jour et une heure compatibles pour tout le monde. Mais, contrairement à souvent, le valet chargé de déposer la lettre et de recevoir une réponse dans les quelques minutes suivantes, était rentré sans billet, apprenant à sa patronne que le baronnet ne pouvait répondre parce qu'il s'était absenté pour une durée de trois heures environ. Déçue de ne pas avoir obtenu sa réponse dans les plus brefs délais, alors qu'elle avait prévu d'organiser ce jour-même sa semaine - avant midi - à partir de son emploi de temps, la comtesse avait décidé d'aller voir son correspondant afin de parler avec lui, dans le jardin public où il était supposé être.

Loin d'être une impulsion, c'était faire d'une pierre deux coups, car elle avait déjà prévu de faire une promenade le matin ; c'était simplement l'endroit et l'horaire qui changeaient, n'étant pas aussi matinale d'habitude. En effet, à cette heure-ci, les jardins publics étaient quasiment inoccupés, à l'exception de quelques mendiants qui y avaient élu domicile. Bien sûr, il pouvait y avoir des personnes aux centres d'intérêts douteux, qui devaient souvent se retrouver là afin de ne pas être vus, mais les marchands - les gens honnêtes les plus matinaux - venaient à des heures moins lève-tôt, conscients que leurs principaux clients - aristocrates comme bourgeois - s'aventuraient plus tardivement à l'extérieur. Dans la moyenne, les exceptions qui sortaient pour galoper, pique-niquer ou marcher en bonne compagnie, avaient des heures variant entre dix et onze heures.

- Milady ! appela son valet.

La jeune femme, intriguée, arrêta sa monture et attendit qu'il soit à son niveau.

- je vous écoute, répondit-elle. L'avez-vous aperçu ?

Il immobilisa sa bête à ses côtés avant de répondre.

- Oui, milady. Je me suis permis d'aller jeter un coup d'œil du côté du grand lac et je l'ai vu. Je crois avoir reconnu sa silhouette et celle de l'étalon qu'il a attaché au tronc d'un arbre.

- Lui avez-vous dit que j'étais à sa recherche ?

- Non, milady, je ne l'ai même pas vraiment approché. Il ne semble pas d'humeur à parler.

- Pourquoi dites-vous cela ?

- Il somnolait, couché au bord de l'eau. Je n'ai pas voulu encourir le risque de le réveiller, expliqua-t-il. À moins que vous vouliez que je le fasse ?