Chapitre 2 : Ruth, Théa.

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1h30 du matin, résidence du duc de Richmond...

Ruth passait la soirée la plus snob et la plus agaçante de toute sa vie. Elle était arrivée 3heures plus tôt en compagnie de son insupportable frère, la première chose qu'il lui avait chuchoté avant qu'elle ne soit présentée à leur hôte était : « Demi-portion, vous avez tout intérêt à vous conduire comme il faut et à paraître comme la douceur faite femme ou je vous promets de vous embrocher au retour ». Elle avait pris en compte sa menace car son frère n'était pas du genre à prononcer des paroles en l'air. Elle avait donc esquissé un sourire radieux devant les hôtes qui l'avaient trouvée absolument charmante en mettant de côté le fait que sa parenté avec le duc de Longwood soit éloigné, car bien entendu elle avait été présentée à tout le monde comme la cousine riche et lointaine qui avait vécu à la campagne tout sa vie, et qui maintenant était assez âgée pour faire son entrée dans la haute société. Son frère avait révélé son véritable âge, c'est à dire 24ans, parce que tôt ou tard elle aurait fait une bévue à ce propos, tout le monde avait manifesté de l'étonnement parce que c'était un âge bien tardif pour faire son entrée officielle. Mais il s'était chargé de leurs expliquer qu'à la base, « la précédente tutrice » de la jeune fille n'avait pas prévu de la marier à un noble, mais étant donné que « cette femme » n'était plus en vie, le duc était devenu son tuteur officiel et avait décidé de la présenter à ses paires. Tout le monde avait cru à cette fable et c'est ainsi qu'elle avait fini par danser avec une multitude de jeunes hommes désargentés, des coureurs de dots qui voyaient en elle la poule aux œufs d'or. C'était franchement humiliant. D'un parce qu'elle ne semblait fasciner que ces chasseurs de dots, de deux parce que lorsqu'un parti plus intéressant semblait la trouver plutôt attirante, soit il était aussitôt rabroué par un proche lui rappelant que son sang n'était pas assez bleu malgré la dot qu'elle avait, soit une jeune fille beaucoup plus jolie qu'elle détournait son attention. Elle était donc comme une aiguille au milieu de plusieurs aiguilles plus intéressantes, elle n'était acceptée qu'à cause de l'argent dont elle était dotée et de sa parenté floue avec un duc.

La jeune fille debout devant un miroir soupira dans les vestiaires pour dames où elle se trouvait. La glace lui renvoyait une image bien pathétique, elle était plutôt mignonne avec ses grands yeux gris et ses boucles noires relevées en chignon, mais sa silhouette n'avait rien de flatteuse à ses yeux. De petits seins, un tour de taille légèrement marqué, des hanches à peine ressorties et une taille « insignifiante » comme aimait le répéter son frère. Elle s'était vêtue d'une robe de bal blanche incrustée de petites perles dorés qui marquaient son tour de taille et qui soulignait la peau laiteuse de sa poitrine dans un décolleté carré, ses manches étaient mi longues ce qui mettait en valeur ses bras et ses mains fines. Elle avait donc dépensé une fortune pour qu'elle reçoive de l'éducation et pour qu'elle soit présentable, mais cela ne donnait qu'un résultat passable. Elle se sentait très seule, car dans l'âme elle était restée une vulgaire vagabonde. Si elle se prêtait à ce jeu de parade alors qu'au fond elle n'avait pas l'intention de se marier un jour, c'était pour faire plaisir à son pauvre père malade à qui elle s'était énormément attachée, C'était un homme très bon malgré les erreurs qu'il avait pu commettre dans son passé. Il lui avait raconté son histoire avec sa mère et elle avait failli en pleurer, car de toute évidence il s'était épris de tout cœur de sa mère mais n'avait pas eu le courage d'assumer leur relation. Il avait donc fait un mariage de raison avec la fille d'un marquis ( la mère de son frère ) et avait continué d'entretenir son idylle avec la mère de Ruth qui plus tard était tombée enceinte et avait fait un mariage de surface. Le duc n'avait jamais su que la femme qu'il aimait subissait des maltraitance, cette dernière ne le lui en avait jamais parlé, et il ne s'était douté de rien, elle n'était jamais allée avec lui alors qu'il y avait des marques sur son corps. C'était une faible consolation de le savoir pour Ruth, mais c'était une consolation tout de même.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant