Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]

Chapitre 25 ✅: Alexis, June. Fin Vol.2

Londres, restaurant situé près de Regent Park, 9h07...

Installé à une table pour deux très discrète à l'étage, Sir Alexis Lewis, élégant dans un costume gris dont la chemise et la cravate étaient blanches, lisait un journal en attendant une personne. Trois longues années s'étaient écoulées sans qu'il ait des nouvelles d'elle, d'ailleurs il n'avait pas cherché à en avoir, ce, dans le but d'oublier les zones d'ombre de son passé. Mais compte tenu de toutes les informations qu'il avait réussies à relier il y a peu, il lui paraissait désormais primordial d'avoir des éclaircissements, même s'il y avait de fortes chances qu'une partie de ses espérances s'effrite.

Il soupçonnait malgré lui, son cousin d'avoir fait beaucoup de mal à son épouse de son vivant. Ce n'était pas juste une question d'infidélité, pressentait-il, sinon pourquoi sa jeune veuve avait-elle développé un besoin si accru de se protéger, son fils et elle, du monde extérieur et de tout ce qui ne leur était pas familier ? C'était comme si toutes les personnes - qu'elles soient proches, inconnues ou de simples connaissances - lui paraissaient être source d'une menace permanente. Elle n'avait quasiment confiance en personne et cela se voyait dans sa manière de regarder ses pairs, surtout la gent masculine. Elle restait polie, était pourvue de conversation, était agréable, mais une barrière demeurait établie entre elle et les autres. Elle avait le regard d'une idéaliste qui avait presque perdu toutes ses illusions... Et à présent qu'il y songeait, il constatait que Marc avait la même expression : bien trop grave pour être celle d'un enfant, comme si une partie de son innocence avait été brisée et qu'il ne rêvait que de la retrouver. Cet enfant réservé et poli était en quête d'espoir... Mais son oncle, aveugle qu'il avait été en l'abordant, ne s'en apercevait que maintenant.

Combien d'autres détails avait-il manqués ? Iris était toujours sur la défensive, elle avait créé une association qui venait en aide aux femmes - et à leurs enfants par conséquent -, elle ne lui avait pas donné une réponse négative lorsqu'il lui avait demandé si elle avait déjà été victime de sévices physiques et morales, elle avait même été - semble-t-il - incapable d'avoir une brève aventure d'un soir avec un homme lors de leur dernière rencontre. Et, vaniteux qu'il était, il avait juste pensé que c'était parce qu'elle le désirait lui et personne d'autre alors que la réalité était plus profonde. Ne lui avait-elle pas confié ne pas aller bien et être dans l'incapacité d'entretenir une liaison saine ? Quelles étaient les horreurs ayant pu avoir lieu dans cette union pour laisser de telles séquelles ? Qu'avait fait son cousin ? Pour être franc, le baronnet avait peur d'apprendre la vérité.

- Alex ? fit la voix d'une personne qui lui semblait à la fois lointaine et familière.

Il leva la tête de son journal pour lequel il avait depuis longtemps perdu de l'intérêt, le posa sur la table et se leva avec politesse afin de saluer la femme en face de lui. Elle devait avoir vingt-huit ans tout au plus. De taille et de corpulence moyennes, elle possédait des cheveux auburn coiffés en chignon lâche sous un tout petit chapeau jaune à voilette ; ses traits faciaux étaient exquis et elle était d'une élégance enviable dans sa longue robe en tulle d'un doré foncé.

- Éloïse, dit-il en esquissant un sourire nostalgique. Ça fait très longtemps que nous ne nous sommes vus, j'espère que vous allez bien.

- Ai-je l'air d'aller mal ? s'enquit la jeune femme dans un humour taquin.

- Non, répondit-il, amusé. Vous donnez l'impression d'être en pleine forme.

- Merci, Alex, je peux être fière de moi, au vu de tous les efforts que je fais pour renvoyer cette image.

- Ne me dites pas que tout ceci est une simple apparence.

- Je suis navrée de vous informer que si, répondit-elle en souriant sobrement. Les apparences sont parfois trompeuses.