Chapitre 54 : June, Ruth, Alfred.

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Établissement Rogers, dimanche, 10h08...

Après avoir partagé une heure plutôt un délicieux petit-déjeuner avec la compagnie agréable de Théa et Marie Rogers, June avait participé à la vaisselle et au rangement - tâches très inédites pour elle - avant de monter dans la chambre mise à sa disposition. Depuis, elle était assise dans son lit et essayait de se concentrer sur le contenu du livre présent entre ses mains, en vain. Elle se sentait agitée, incapable de saisir le sens des phrases s'alignant sur les pages, tant ses pensées étaient dispersées. Mille et une questions se bousculaient dans son esprit, à la fois à propos d'elle-même et de son amie.

Soupirant, elle ferma d'un coup sec son ouvrage et enfila ses chaussures pour sortir d'un pas déterminé. La jeune femme évolua dans le couloir et s'arrêta face à la porte de la bibliothèque. Frappant quelques coups, elle ne tarda point à entendre la voix de Théa lui demander d'entrer. La rousse pénétra dans la grande pièce aérée que les rayons du soleil rendaient lumineuse, et se laissa tomber dans un fauteuil près de la fenêtre après avoir refermé le battant. Son amie était confortablement installée dans un sofa sur le côté, feuilletant un grand livre illustré.

- Vous ennuyez-vous, June ? s'enquit la brune sans quitter ses pages des yeux.

- Non, pas exactement, répondit l'interrogée en observant le pittoresque paysage extérieur. La vue est magnifique par ici.

- Je vous le concède.

- Où se trouve votre mère ?

- Elle est allée faire quelques courses.

- Hum... Je comprends, après tout le restaurant sera ouvert demain.

- En effet.

- Comment était votre nuit ? Je n'ai pas eu l'occasion de vous le demander.

- Très reposante, et la vôtre ?

- Assez agréable, merci.

- Je m'en réjouis beaucoup, j'aurais cru que séjourner dans un environnement si différent de celui auquel vous êtes habituée, aurait profondément perturbé votre sommeil.

- Quelle drôle d'idée... Je ne suis pas si fragile, Théa. 

- Ce n'est guère une question de fragilité, mais d'adaptation. Que je sache, les changements sont toujours assez complexes à vivre.

- Sans doute, oui. Je veux bien admettre que je suis parfois assez troublée. Néanmoins cela ne va pas plus loin car je trouve ce cadre de vie superbe ; votre maison est plus qu'agréable et confortable, votre mère et vous êtes chaleureuses. Je me sens fort bien accueillie... C'est exactement ce dont j'avais besoin.

- Vraiment ?

- Oh que oui, je ne m'exprime pas ainsi pour vous faire plaisir.

- Soit. Vous m'en voyez rassurée, sourit son interlocutrice.

- Vous jouissez d'une grande liberté dans un si bel endroit, je vous trouve chanceuse.

- Je suis reconnaissante de la vie que j'ai. Et vous devriez en être autant, non ?

- Actuellement, j'ai un peu de mal avec l'optimiste mais il serait assez ingrat de ma part de ne pas reconnaître la haute valeur de ce dont je dispose.

- C'est une bonne chose.

- Dites-moi, Théa...

- Oui ?

- Comment faites-vous pour rester aussi calme et sereine après tout ce par quoi vous êtes passée ? Que ce soit récemment ou non ?

- Je ne sais que dire.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant