Chapitre 62 : Théa, Iris.

859 78 116
                                    

Port de Londres, 17h06...

On était samedi, jour du départ d'Alfonse Rogers. En retrait, la crinière sombre domptée en deux élégantes nattes collées, Théa regardait son oncle sourire en saluant successivement Émilie - qui avait beaucoup insisté pour être présente -, June, puis Julien - à qui il arracha la promesse de continuer de veiller sur sa nièce et de décider rapidement de la date du mariage. Lorsqu'il pivota enfin vers Marie et sa fille, cette dernière ne parvint pas à retenir ses larmes.

- Voyons, ma chérie, ce n'est qu'un au revoir, soupira le grand Américain, impressionnant dans un manteau de fourrure.

- J'en suis consciente, expliqua la jeune femme, mais c'est tout de même assez difficile. Vous allez tellement me manquer !

- Vous aussi, mais je garde de précieux souvenirs en mémoire et sous forme physique.

Tous deux avaient posé pour un tableau qui les représentait. Alfonse assis dans un fauteuil et Théa installée sur la manche du siège, les bras entourant avec affection les épaules de son cher oncle. Chacun d'eux gardait un exemplaire de cette belle œuvre et d'une d'autre sur laquelle ils étaient trois - avec Marie. C'était celle-ci qui avait émis les idées et avait arrangé leur réalisation.

- En effet, ce n'est par rien, admit la grande brune. Vous adresserez mes salutations à toute la famille de ma part, n'est-ce pas ?

- Évidemment.

- Dites-leur bien que j'ai hâte de les rencontrer.

- Comptez sur moi. Ils seront très heureux d'écouter ce que j'aurai à dire de votre mère et vous. Si tout se passe comme prévu, il ne s'écoulera guère une année à compter de ce jour sans que nous ayons eu la possibilité de tous se réunir.

- Je me réjouis de le savoir.

Il saisit ses mains et les porta à ses lèvres pour y poser un baiser affectueux et très paternel.

- Prenez soin de vous, dit-il. Malgré la distance, j'aimerais être régulièrement rassuré sur votre situation. Je veux savoir que vous continuez de garder la joie de vivre.

- Je vous écrirai fréquemment, promit-elle.

- Je ferai de même.

Elle acquiesça en s'efforçant de lui offrir un sourire brave. Il en rit un instant, puis se pencha et l'embrassa sur le front.

- Au revoir, ma précieuse nièce, lâcha son interlocuteur dans un murmure.

- Au... revoir, cher oncle Alfonse, répondit-elle d'une voix enrouée. Faites un bon voyage.

- Merci.

Il la libéra pour observer Marie, l'expression assez amusée.

- Eh bien, émit la concernée, nos chemins se séparent à nouveau.

- En de bien meilleurs termes, si je puis dire, remarqua Alfonse.

- Je n'aurais jamais cru qu'un jour, je vous laisserai partie en ressentant un pincement comme celui que j'éprouve, se moqua la belle quadragénaire.

- Moi non plus, mais c'est bien le cas. Je penserai fréquemment à vous en souriant. Vous allez me manquer, et j'ai du mal à réaliser que c'est bien moi qui fais une telle déclaration.

- La vie surprend.

- Oui. Et de votre côté ?

Elle soupira avant de répondre.

- C'est absurde, mais réciproque. Je vous enverrai quelques mots de temps à autre et je jouerai aux cartes en souvenir de votre personne.

- Je m'en réjouis. Et c'est avec un plaisir anticipé que je savourerai les odorantes pâtisseries du panier que vous m'avez préparé.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant