Chapitre 35 ✅: Ruth, Alfred.

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Jeudi, Londres, Saint-Gilles, 11h23...

Dans un fiacre modeste placé à l’entrée du quartier, deux silhouettes, dissimulées par leurs vêtements sombres et les rideaux des ouvertures partiellement tirés, étaient assises l'une face à l'autre. Ces deux personnes attendaient patiemment l’arrivée du commissionnaire de Millie, Gaston, qui devait leur remettre en mains propres le billet du jour. L’une se pencha légèrement à la fenêtre et vit, soudain, un jeune garçon approcher avec discrétion.

- Il est là, fit-elle savoir à son collègue.

Celui-ci ouvrit aussitôt la portière et le petit messager se dépêcha de les rejoindre sans attirer la moindre attention sur eux dans ce coin discret.

- Hey ! B'jour, patron ! salua l'adolescent. B’jour, Rupert !

- Bonjour Gaston, répondit lord Alfred en souriant. Tu m'as l'air en pleine forme.

En effet, l'adolescent affichait bonne mine et était plus propre et bien mieux vêtu que les autres fois.

- Bah, merci, mais uniquement grâce à vous. Les sommes que vous me donnez pour ce p'tit boulot font des merveilles, hein.

- Bonjour, intervint Ruth, je suis content de le savoir. Alors, tu as un billet aujourd'hui ?

- Ouaip ! acquiesça-t-il en sortant le papier plié de sa poche. Le voici.

Le marquis s'en empara, le lut rapidement, puis le donna à sa partenaire qui fit de même.

« Rendez-vous derrière l'usine abandonnée, je serai présente avec une nouvelle. Je lui ai parlé de vous, ça fait deux semaines, je crois bien. Et elle est enfin prête à vous suivre. Heure : 11h30.

La discrétion étant de mise, je ne mettrai pas long.

M. »

- Parfait ! sourit la jeune femme.

Lord Alfred sortit une pièce de sa veste et la lança à Gaston qui l'attrapa adroitement au vol pour la glisser aussitôt dans une poche de son pantalon.

- Les comptes sont bons, merci beaucoup, les gars, émit-il avec un petit sourire reconnaissant. À bientôt et bonne chance !

Les adultes le remercièrent et il disparut aussi vite qu'il leur était apparu.

- On y va ? questionna le marquis après avoir brûlé le billet à l'aide de son briquet.

- Oui, répondit-elle en sautant de la voiture pour rejoindre le lieu de rendez-vous à pied.

Le marquis eut tôt fait de la rattraper après avoir laissé des consignes précises à leur cocher. Tous ses vêtements de qualité moyenne étaient noirs, de son bonnet à sa veste longue, en passant par son pantalon, son gilet et ses chaussures ; seule sa chemise était beige. Ruth, quant à elle, portait sur sa chevelure retenue en catogan, une casquette gavroche grise de la même teinte que sa modeste et courte veste ; sa chemise blanche était froissée et son pantalon ainsi que ses bottes étaient noirs. Ils formaient un duo classique de maître et employé, en apparence tout du moins.

D'un pas vif et discret, les deux collègues arrivèrent jusqu'à un immeuble délabré, empruntèrent un couloir étroit sur le côté et se retrouvèrent à l'arrière spacieux du bâtiment. Ils repérèrent sans difficulté la ravissante Millie et la potentielle pensionnaire. Elles avaient sensiblement la même taille et étaient assises l'une près de l'autre sur une extension du mur semblable à une véranda de pierre. Ruth pensa tout de suite que la nouvelle venue lui était familière, voire très familière.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant