chapitre 53 : Julien, Marie.

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Les cheveux coiffés en chignon haut, Théa était vêtue d'un chemisier rose pâle au décolleté en V et aux manches mi-longues, enfilé dans une élégante jupe marron. Elle se leva lorsqu'elle le vit et son visage s'éclaira.

- Julien, murmura cette dernière en lui souriant avec réserve.

Traversant la pièce d'un pas déterminé, il franchit la distance qui les séparait et s'empara d'une main de la jeune femme pour l'imprégner de multiples baisers.

- Je suis contente de vous voir.

- Je me suis mis en route aussitôt que j'ai lu votre message, dit-il en la contemplant avec inquiétude. Je vous demande pardon pour ce qui s'est passé.

- Ce n'est pas à vous de le faire.

- Bien sûr que si, vous êtes sous ma responsabilité en tant que collègue, amie et compagne. J'ai failli à mon devoir, j'aurais dû et pu mieux vous protéger.

- Vous ne pouviez pas deviner qu'Edmond irait aussi loin.

- Cessez de me trouver des excuses, s'il vous plaît, car cela ne change rien aux faits. Vous auriez pu mourir sans que je ne me doute de quelque chose. C'est très grave !

- Je me suis en sortie. C'est ce qui importe le plus, non ?

Il acquiesça et ses solides épaules s'affaissèrent. D'un silencieux commun accord, ils prirent place sur le sofa et le jeune homme garda la main de sa compagne dans les siennes. Cette dernière semblait épuisée malgré la mine sereine qu'elle voulait renvoyer.

- Comment avez-vous fait alors qu'ils étaient armés ? s'enquit-il.

- J'avais un couteau et un pistolet dans le sac, expliqua-t-elle. Au moment où Edmond se pressait contre moi pour... m'embrasser et me chuchoter des menaces, j'ai pu discrètement sortir... ma lame pour la lui planter dans l'épaule. Son complice n'était pas présent, occupé à déplacer le cocher.

En écoutant ce récit, il eut des frissons et sentit sa colère qui s'amplifiait. Théa avait dû se débrouiller toute seule contre deux hommes armés, pendant qu'il était non loin à ressasser les moments d'intimité qu'ils avaient partagés. On aurait pu l'enlever et abuser d'elle sans qu'il n'ait le moindre soupçon. Un sentiment de honte naquit en lui, il aurait dû la protéger. Alfonse Rogers avait raison, c'était à cause de lui qu'Edmond était plus déterminé que jamais à récupérer la jeune femme, et il n'avait guère su voir que ce dernier était prêt à passer outre le consentement.

- Le complice n'est revenu qu'en entendant son maître crier de douleur. Il a tiré deux fois tandis que je courrai en demandant de l'aide. J'ai eu de la chance quand un fiacre a freiné et j'ai été hissée dans l'habitacle par le passager qui y était. C'est ainsi que j'ai pu échapper au pire.

- Je suis plus que reconnaissant envers l'homme qui vous aidée. J'espère pourvoir le rencontrer un jour. Mon frère a totalement perdu la tête. 

- C'est vrai qu'il serait assez aisé d'expliquer son agissement par la folie, mais je n'y crois guère. Il sait très bien ce qu'il fait et se croit à l'abri des conséquences de ses actes. Il est simplement imbu de sa personne.

En effet, il était trop facile de qualifier de fou ceux dont on ne comprenait pas les agissements. Il fronça les sourcils, et elle lui expliqua les différents chantages qu'il avait faits pour s'assurer qu'elle ne porterait pas plainte. Julien digérait les informations avec difficulté, peinant à réaliser le degré de cruauté de son frère.

- C'est un homme rusé, reprit-elle d'une voix tremblante. Je suis navrée de vous le dire, mais c'est un arrogant manipulateur qui me voit comme sa propriété et imagine avoir tous les droits sur ma personne.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant